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Coronavirus: le monde confronté à "sa pire crise depuis 1945", selon l'ONU

Le président des Etats-Unis Donald Trump a demandé à ses concitoyens de se préparer, à l'instar de
l'Europe, à des semaines "très, très douloureuses" face à la pandémie de coronavirus, qualifiée par l'ONU de pire crise à laquelle l'humanité ait été confrontée depuis 1945.
Après avoir initialement balayé les risques qu'encourt son pays, Donald Trump a mis en garde mardi, d'un ton grave, ses compatriotes: "Je veux que chaque Américain soit prêt pour les jours difficiles qui nous attendent". "Ce seront deux semaines très, très douloureuses."
Son homologue brésilien Jair Bolsonaro, qui avait lui aussi minimisé la pandémie en la qualifiant de "grippette", a lui aussi fait marche arrière et l'a qualifiée de "plus grand défi de notre génération".
Une preuve parmi d'autres: le commandant d'un porte-avions américain infesté par le coronavirus s'est heurté au refus du Pentagone lorsqu'il a demandé l'autorisation d'évacuer son équipage, coincé dans l'île de Guam, dans le Pacifique.
Dans une lettre de quatre pages adressée au commandement de l'US Navy, le capitaine de vaisseau Brett Crozier, commandant de l'USS Theodore Roosevelt, a reconnu que "retirer la majorité de l'équipage d'un porte-avions nucléaire américain en cours de déploiement et l'isoler pendant deux semaines peut paraître une mesure extraordinaire". Mais "c'est un risque nécessaire", a-t-il ajouté. En vain pour l'instant.
Et le chef des Nations unies, Antonio Guterres, de noter que la Terre vivait sa "pire crise mondiale depuis que l'ONU a été fondée" il y a 75 ans.
C'est, a-t-il dit, "la combinaison d'une maladie menaçante pour tout le monde et d'un impact économique conduisant à une récession sans précédent dans un passé récent".

Trois quarts des Américains confinés

Les Etats-Unis pourraient enregistrer encore plus de décès journaliers que les sombres records atteints par plusieurs pays européens en première ligne face à la pandémie.
A ce jour il y a un total de 4.076 décès soit un chiffre multiplié par deux en trois jours, a annoncé mercredi l'Université américaine Johns Hopkins, dont les bilans font autorité.
La Maison Blanche a présenté ses projections: selon elle, la maladie devrait faire entre 100.000 et 240.000 morts aux Etats-Unis avec les restrictions actuelles, contre 1,5 à 2,2 millions sans aucune mesure.
Au niveau mondial, la crise sanitaire continue aussi de s'aggraver, avec plus de 41.000 morts, selon un comptage de l'AFP.
Depuis le début de la pandémie en décembre en Chine, plus de 830.000 cas ont été officiellement déclarés dans le monde, dont plus de la moitié en Europe, 186.000 aux Etats-Unis et plus de 108.000 en Asie.
Aux Etats-Unis, c'est la mobilisation générale: près des trois-quarts des Américains vivent désormais confinés.
Les Etats-Unis ont dépassé le nombre de morts officiellement atteint par la Chine où l'épidémie s'est déclarée.

Central Park, hôpital de guerre

A New York, une douzaine de tentes dressées dans Central Park se préparent à accueillir des malades. "On voit des films comme 'Contagion' et on pense que ça ne se produira jamais, alors voir ça pour de vrai, c'est vraiment surréaliste", dit Joanne Dunbar, 57 ans, venue assister à la transformation de ce lieu emblématique de Manhattan en véritable hôpital de guerre.
L'inquiétude monte également en Grande-Bretagne. Le Royaume-Uni a enregistré 381 morts supplémentaires en une journée, un record marquant une accélération de la pandémie et portant son bilan à 1.789 morts dans le pays.
En Chine, alors que confinement est progressivement levé à Wuhan, berceau de la pandémie, les premiers pas en plein air des habitants sont consacrés à déposer sur les tombes de pierre les urnes contenant les cendres de leurs proches.
Ailleurs, on guette fébrilement le pic du taux de mortalité, annonciateur d'un reflux et d'un désengorgement des services de réanimation.
En Italie, pays qui enregistre le plus grand nombre de décès (plus de 12.400 en un peu plus d'un mois), le confinement commence à produire des résultats "encourageants", après trois semaines.
Mais la péninsule a encore compté 837 nouveaux morts en 24 heures et a observé une minute de silence devant toutes ses mairies en "souvenir des victimes du coronavirus" et en hommage aux professionnels de santé.
Deuxième pays le plus endeuillé au monde avec 8.189 décès, l'Espagne redoute toujours de voir submergées les unités de soins intensifs qui travaillent déjà à la limite de leurs capacités.
Près de 500 patients sont aussi morts du coronavirus dans les hôpitaux français ces 24 dernières heures, soit une nouvelle une hausse record depuis le début de l'épidémie, qui porte le bilan total à 3.523 morts.

Appel à suspendre le hajj

Ryad a appelé mardi les musulmans de tous les pays à suspendre leurs préparatifs pour le hajj. Déjà en mars, l'Arabie saoudite a suspendu la Omra, le petit pèlerinage, craignant que le virus ne se répande dans les villes saintes de La Mecque et Médine.
Ce pèlerinage, qui a attiré 2,5 millions de fidèles en 2019, est une source de revenus importante pour le royaume mais serait un lieu de contamination privilégié en raison de la présence d'une foule immense.
Les autorités saoudiennes n'ont pour le moment pas indiqué si elles maintenaient ou non le hajj, prévu à partir de fin juillet cette année.

Une caresse

Partout, les soignants repoussent les limites de la fatigue et de l'abnégation.
Ester Piccinini, 27 ans, infirmière dans un hôpital de Bergame, en Italie, témoigne: "Le matin, quand j'arrive dans le service, je fais le signe de croix en espérant que tout ira bien. Pas vraiment pour moi (...) vu que je suis protégée. Mais j'espère que tout ira bien pour les patients".
"Nous essayons de les rassurer. Une caresse a plus de valeur que les mots", dit-elle.
Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G20, qui se sont réunis mardi par visioconférence, ont promis d'aider les pays pauvres à supporter le fardeau de leur dette et d'assister les marchés émergents.
Pour freiner la propagation de la pandémie, plus de 3,6 milliards de personnes, soit 46,5% de la population mondiale, sont appelées ou contraintes par leurs autorités à rester chez elles.

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