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Face à la pénurie d’oignons au Bangladesh, un pont aérien, un prix subventionné et des mesures antitrafic

Ventre d’oignons subventionnés à Dacca, le 17 novembre 2019. 
Après une mousson qui a endommagé sa production, l’Inde a interdit l’exportation d’oignons,
entraînant une flambée des prix au Bangladesh voisin.
En Asie du Sud, on ne plaisante pas avec l’oignon. Après une mousson tardive qui a endommagé les récoltes en août dans les régions productrices d’Inde, New Delhi a décidé, le 29 septembre, d’interdire l’exportation d’oignons. Au Bangladesh voisin, où la production locale d’oignons satisfait environ deux tiers de la demande, cette décision a provoqué des pénuries, une flambée des prix et la

Spéculation et répression

Le kilogramme de ce légume de base a flambé, passant de 30 takas (32 centimes d’euros) à près de 260 takas (2,78 euros), dans un pays parmi les plus pauvres au monde (où le PIB par habitant était de 1 603 dollars par an). Début octobre, après un début de révolte, les autorités ont pris des mesures en s’approvisionnant auprès de la Birmanie, de la Turquie, de la Chine, de l’Egypte, des Emirats arabes unis ou de l’Afghanistan. Un journal anglophone du Bangladesh, The Independent, rapportait le 17 novembre que, depuis le début du mois, 11 732 tonnes d’oignons en provenance de Birmanie avaient été importées par le port de Teknaf (au sud du pays). Mais ces importations sont insuffisantes. Un pont aérien a été organisé et les premiers oignons en provenance d’Egypte sont attendus mardi 19 novembre, à Dacca.
A Dacca, seuls quelques milliers de personnes ont pu profiter d’un prix réduit
De son côté, la Trading Corporation of Bangladesh (TCB), un organisme qui relève du ministère du commerce, a mis en vente des oignons au prix subventionné de 45 takas le kilo (0,48 centime d’euro), pour aider les personnes à faibles revenus. A Dacca, la capitale qui compte 18 millions d’habitants, seuls quelques milliers de personnes ont pu profiter de ce prix réduit.
Mais ces ventes peuvent parfois tourner à l’affrontement : lundi, deux personnes ont été blessées par balle par les forces de l’ordre qui intervenaient pour mettre fin à une bataille rangée lors d’une vente d’oignons organisée par la TCB, dans le district de Sylhet (à l’est), rapporte le Daily Sun.
Le ministre de l’information, Hasan Mahmud, a déclaré, dimanche, que le gouvernement était déterminé à s’en prendre aux trafiquants qui stockent les oignons pour faire monter les prix, quitte à s’en débarrasser. Le secrétaire au commerce, M. Zafar Uddin, a assuré lundi que le marché de l’oignon sera bientôt stabilisé, grâce aux mesures prises par le gouvernement. Dans un communiqué, ses services ont assuré que des poursuites judiciaires ont été engagées contre 2 500 personnes pour avoir manipulé le marché de l’oignon. The Independent rapporte que des commerçants qui spéculaient ont été condamnés à payer des amendes allant jusqu’à 35 000 takas (374 euros) dans divers districts du pays.

Alternative culinaire à l’oignon

De son côté, le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP, parti d’opposition) met en cause le gouvernement et appelle à des manifestations lundi pour protester contre l’envolée des prix de cette denrée de base. A travers le pays, nombre de restaurants ont retiré l’oignon de leurs cartes et, lundi, un porte-parole de la première ministre, Sheikh Hasina, a même déclaré que celle-ci « avait renoncé à l’oignon à sa table » ; aucun des plats dans la résidence de la première ministre à Dacca ne contenait d’oignons samedi, a-t-il ajouté.
Les Bangladais en sont réduits à chercher des alternatives à l’oignon, ajoute The Observer. Selon des ingénieurs agronomes, la ciboule chinoise (Allium tuberosum) pourrait être la solution. Cette plante aromatique est facile à cultiver et a un rendement élevé. « La saveur de la ciboulette est proche de celle de l’oignon », explique le docteur Nur Alam Chowdhury, responsable scientifique du centre de recherche sur les épices de l’Institut de recherche agricole du Bangladesh.
Par Le Monde.fr

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