Lundi, Jean-Michel Blanquer, après la parution d'un rapport sur l'origine de l'islamisme et les moyens de lutter contre le phénomène, annonçait être ouvert à l'idée du développement de l'apprentissage de la langue arabe dans les écoles. L'idée n'a pas fait recette à droite et à l'extrême droite où de nombreuses personnalités y ont vu "arabisation" et "islamisation" de la France.
La droite est désormais vent debout contre Jean-Michel Blanquer. Après que dans son rapport La fabrique de l'islamisme, paru dimanche et destiné à l'exécutif, l'essayiste Hakim El Karoui a préconisé, entre autres, d'encourager l'apprentissage de l'arabe à l'école pour contrer l'influence des salafistes, le ministre de l'Education nationale avait dit, sur notre plateau lundi, être ouvert à la question. Il avait évoqué la nécessité de mener une "stratégie qualitative" vis-à-vis de l'enseignement de l'arabe, langue à laquelle il estime nécessaire de donner du "prestige". Il avait aussi déclaré être favorable au développement de son apprentissage comme à ceux "d'autres langues de civilisation", citant alors le russe et le chinois.
Il a enchaîné: "L’Education nationale a très peu de contrôle sur le recrutement. Et donc qui va enseigner ? Comment contrôlera-t-on ?" Et la litanie de questions n'étaient pas encore achevée. Il a en effet conclu en avançant ces deux interrogations: "Est-ce que ce sera l’islamisation de l’Education nationale ? Est-ce une bonne idée pour lutter contre l’islamisation de la France ?" "Je pense que c’est une fausse bonne idée", a-t-il lui-même répondu.
"Fausse bonne idée"
Bien que l'idée d'un renforcement de la présence de cours d'arabe dans les salles de classe ait déjà été portée par des ministres de l'Education nationale de droite, comme Xavier Darcos en 2008 et Luc Châtel en 2011, elle a fait s'étrangler de nombreuses personnalités politiques en son sein en ce début de semaine. Ancien ministre de l'Education nationale également, Luc Ferry a témoigné de son scepticisme ce mardi matin au micro d'Europe 1: "Est-ce une bonne idée de faire un enseignement précoce de l’arabe ? Qui le fera ? C’est ça la grande question. Qui va enseigner cette langue ? S’agit-il de lutter contre l’islamisme ou s’agit-il de le faire entrer dans l’Education nationale ?" "La question", assure-t-il, "est posée".Il a enchaîné: "L’Education nationale a très peu de contrôle sur le recrutement. Et donc qui va enseigner ? Comment contrôlera-t-on ?" Et la litanie de questions n'étaient pas encore achevée. Il a en effet conclu en avançant ces deux interrogations: "Est-ce que ce sera l’islamisation de l’Education nationale ? Est-ce une bonne idée pour lutter contre l’islamisation de la France ?" "Je pense que c’est une fausse bonne idée", a-t-il lui-même répondu.
Dupont-Aignan craint une "islamisation" de la France
Nicolas Dupont-Aignan, député élu dans l'Essonne et président de Debout la France, était bien d'accord avec lui, installé pour sa part derrière le micro de la matinale de France Inter. "J’ai appris que monsieur Blanquer veut généraliser les cours d’arabe, j’aimerais qu’on généralise les cours de Français, qu’on fasse l’assimilation." Il a en outre tempêté:"Sous prétexte de lutter contre le fondamentalisme, on nous prépare le début d’une islamisation de la France, je trouve ça très malsain. (...) Je suis totalement hostile à l’arabisation de la France et à l’islamisation du pays."Robert Ménard, maire d'extrême-droite de Béziers, a repris les termes de Jean-Michel Blanquer dans un tweet, se souvenant du fait que ce dernier voulait donner "du prestige" à la langue d'Ibn Khaldoun, mais aussi ceux du réalisateur américain D.W. Griffith, qui avait mis en scène en 1915 le film Naissance d'une nation, faisant l'apologie du Ku Klux Klan et de l'esclavage des noirs. "Développer l'enseignement de l'arabe à l'école et lui 'donner du prestige', c'est légitimer la naissance d'une autre nation au sein même de la France. Un projet aux conséquences incalculables", a-t-il ainsi écrit sur Twitter.
Développer l'enseignement de l'#arabe à l'école et lui "donner du prestige", c'est légitimer la naissance d'une autre nation au sein même de la France. Un projet aux conséquences incalculables. #Blanquer— Robert Ménard (@RobertMenardFR) 10 septembre 2018
L'ironie de Marine Le Pen
Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, a plutôt choisi l'ironie, avec une pointe de déception dans le sarcasme à l'endroit du ministre. "Il n’aura pas tenu longtemps avant de se vautrer dans le 'politiquement correct'... Ce qu’on attend de lui, c’est que nos enfants maîtrisent le français, et pour l’instant, ce n’est pas gagné !" a-t-elle affirmé.Il n’aura pas tenu longtemps avant de se vautrer dans le « politiquement correct »...— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 10 septembre 2018
Ce qu’on attend de lui, c’est que nos enfants maîtrisent le français, et pour l’instant, ce n’est pas gagné ! MLP https://t.co/sWt4X3Nrr5
Ciotti et la "soumission communautariste"
Proche non pas de Marine Le Pen mais de Laurent Wauquiez, président des Républicains, le député élu dans les Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, n'a pas davantage goûté la proposition. "Favoriser l'enseignement de l'arabe à l'école c'est fracturer la France et renforcer le communautarisme. L'intégration de l'islam en France passe par le respect de la loi et l'assimilation culturelle pas par la soumission communautariste", a-t-il posé sur le même réseau social.Favoriser l'enseignement de l'#arabe à l'école c'est fracturer la France et renforcer le communautarisme. L'intégration de l'#islam en France passe par le respect de la loi et l'assimilation culturelle pas par la soumission communautariste. pic.twitter.com/SePDCulyzb— Eric Ciotti (@ECiotti) 11 septembre 2018
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