Pour son nouveau numéro, diffusé ce mardi soir, le magazine de France 2 a enquêté sur les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Avec à la clé quelques séquences croustillantes ainsi que plusieurs témoignages qui pourraient bien faire avancer l'affaire.
Le 21 mars dernier, Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour "corruption passive", "financement illégal de campagne électorale" et "recel de fonds publics libyens" à l'issue d'une garde à vue. L'ancien président a également été placé sous contrôle judiciaire. Des soupçons qui portent sur sa campagne présidentielle de 2007: le chef de l'Etat est accusé d'avoir reçu de l'argent de la part de Mouammar Kadhafi, l'ancien dictateur libyen.
Ce dossier fleuve fait l'objet du prochain numéro de Cash Investigation, le magazine d'enquête de France 2, présenté par Elise Lucet, qui sera diffusé ce mardi soir. Dans plusieurs extraits mis en ligne au cours de la journée, on retrouve quelques-unes des séquences marquantes de cette enquête.
"Bonjour, c'est Elise Lucet"
Dans l'une d'elles, on découvre les efforts déployés par l'équipe pour faire entendre la parole du principal intéressé. Elise Lucet et ses collègues tentent de joindre Nicolas Sarkozy par mail, par SMS et même en l'interpellant après une assemblée générale du groupe Accord Hôtels, à laquelle il assiste. Mais c'est peine perdue.
Obtenant son numéro de portable, Elise Lucet finit par l'appeler mais elle se fait raccrocher au nez. "Bonjour Monsieur Sarkozy, c'est Elise Lucet, Cash Investigation", a-t-elle seulement le temps de dire.
Autre séquence truculente, celle consacrée à Claude Guéant, l'ancien directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy. L'enquête montre qu'entre 2003 et 2012, il n'a retiré que 800 euros sur son compte en banque. 800 euros en l'espace de 9 ans, alors qu'en parallèle il a effectué de nombreux achats en espèce. En juin 2007, il paye 944 euros en liquide pour de l'argenterie. L'année suivante, au mois de juin également, c'est 7.900 euros pour de la literie, et trois mois plus tard, il fait refaire sa cuisine, et paye une partie en cash, avec 20 billets de 500 euros, soit 10.000 euros au total.
"On a aidé Sarkozy, c'est la pure vérité"
Pour cette enquête, Cash Investigation a surtout réussi à obtenir plusieurs témoignages inédits de relations de l'ancien dictateur libyen. Son conseiller "le plus proche" revient par exemple sur la venue de Nicolas Sarkozy en Libye en octobre 2005.
"Sarkozy dit au Guide de la révolution, ‘je vais me présenter aux élections présidentielles’ et le colonel Kadhafi lui a dit ‘nous allons vous aider’. La Libye n’est pas un pays développé, la Libye ne peut aider que par le truchement du pétrole, du gaz, ou de l’argent en espèce. Au bureau du Guide, il y a quelque chose qu’on appelle l’aide politique, et l’aide politique c’est de l’argent. On a aidé Sarkozy, et c’est la pure vérité", assure ce témoin.
Un autre proche de Mouammar Kadhafi, qui était à l'époque responsable de sa propagande, assure que 57 millions d'euros ont été versés au total. "Il a donné son feu vert sur le versement, ce fut très rapide", explique-t-il, ajoutant que tout a été filmé.
"C'est vrai", affirme Béchir Saleh
Enfin, cerise sur le gâteau, Cash Investigation s'est entretenu avec Béchir Saleh, l'un des personnages clé de ce dossier. L'ancien directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi est actuellement visé par un mandat d'arrêt international et est exilé en Afrique du Sud. Pendant l'interview, il explique n'avoir "aucune information" sur d'éventuels versements d'argent. Mais quelques minutes plus tard, alors qu'il ne se sait pas filmé, il évoque des versements d'argent. "Vous venez de me dire que ça a eu lieu?", lui demande le journaliste.
"Oui, c’est vrai!", répond l'ancien bras droit du dictateur. "Kadhafi a un budget spécial pour les personnes qu'il souhaite soutenir," développe-t-il, chiffrant l'enveloppe globale à 350 millions d'euros.
"Un document accablant pour l'ancien président", d'après Mediapart, qui a révélé cette affaire. Comme le souligne le site, c'est la première fois que Béchir Saleh tient ce genre de propos.
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