Le gouvernement du président Patrice Talon a décidé, en conseil des ministres, mercredi, de
suspendre l’ordre des pharmaciens du Bénin. Une mesure qui intervient au lendemain du jugement rendu par le tribunal de première instance de Cotonou condamnant à 4 ans de prison l’ensemble des responsables des sociétés "grossistes" de produits pharmaceutiques dans le pays.L’ordre des pharmaciens du Bénin est suspendu d’activité pour six mois. « Le temps de faire les réformes nécessaires dans le secteur », a déclaré mercredi 14 mars à la presse Joseph Djogbénou, le ministre de la Justice et porte-parole du gouvernement. « L’Ordre n’a pas pu assurer ses missions et l’État a décidé de prendre ses responsabilités. Des éléments probants établissent une complaisance…», a-t-il ajouté, tenant à préciser qu’il s’agit d’une suspension et non d’une dissolution.
Selon le texte du conseil des ministres, la réforme envisagée porte sur les cadres institutionnel, législatif et réglementaire du secteur de la pharmacie et va « permettra notamment de revoir le statut de l’Ordre des pharmaciens et ses règlements d’application… [et de] mettre en place une commission de surveillance et de contrôle de la distribution des produits pharmaceutiques ».
Bicéphalisme paralysant
Au lendemain de cette décision gouvernementale, les responsables de l’ordre contactés n’ont pas voulu se prononcer « pour le moment ». Un ordre confronté à un bicéphalisme depuis le 27 décembre 2014 où deux camps se disputent la victoire des élections organisées ce même jour. Tout au long des quatre dernières années, le bureau de Mme Moutiatou Toukourou et celui présidé par Charles Aïnadou ont coexisté. Malgré les arrêts du 19 janvier 2017 rendus par la Cour suprême, déclarant, entre autres, irrecevable la requête du camp Toukourou, le camp Aïnadou n’a jamais pu avoir accès aux comptes et locaux du conseil national de l’ordre des pharmaciens.
Cette crise a beaucoup nui à la lutte contre les faux médicaments, reconnaît un pharmacien de Cotonou
« Cette crise a beaucoup nui à la lutte contre les faux médicaments », reconnaît un pharmacien de Cotonou qui salue la décision du gouvernement et espère que « la fin des mandats prévue pour le mois de décembre 2018 puisse permettre de mettre fin à la crise à la tête de l’ordre ». En attendant cette échéance, l’opinion se demande si le gouvernement a le pouvoir de suspendre l’ordre qui a été créé en vertu d’une ordonnance de 1973, où le Bénin s’appelait encore Dahomey. Pour le juriste Thomas Sinsin, la réponse est positive. « C’est d’ailleurs, le ministre de la Santé qui, par arrêté et conformément à l’article 94 de l’ordonnance de 1973, fixe les modalités et les dates d’élection et de nomination des différents conseils de l’Ordre des pharmaciens ».
Le laboratoire New Cesamex interdit
L’autre décision du gouvernement béninois, ce mercredi 14 mars, est le retrait de l’autorisation de mise en vente sur le territoire béninois des produits du laboratoire New Cesamex. Ce qui implique le retrait de ses produits des officines selon le gouvernement qui dit avoir agi « en application du principe de précaution ». New Cesamex qui a reçu son autorisation en 2008 de la part de la Direction des pharmacies et des médicaments, a depuis lors fourni les dispensaires et les hôpitaux publics par le biais de la Centrale d’achat des médicaments essentiels, une structure publique. Ce laboratoire indien dont la branche en Afrique est basée en RDC est représenté au Bénin par le député Mohammed Atao Hinnouho, chez qui la police judiciaire a découvert, en décembre dernier, environ 94 tonnes de médicaments. Le député qui n’a aucune qualification en pharmacie est en cavale depuis cette découverte mais deux de ses collaborateurs ont été condamnés, le mardi 13 mars dernier, à six mois de prison ferme.
Source: Jeune Afrique
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