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Élection présidentielle en France: Pierre Gattaz le président du patronat France Medef prend position: «Voter Mélenchon, Le Pen, Hamon, c'est ruine, désespoir et désolation»

A deux semaines du 1er tour de l'élection présidentielle, Pierre Gattaz, le président du Medef, se prononce clairement pour
François Fillon, seul candidat « du plein-emploi ».

Le patron des patrons fustige le programme économique de Marine Le Pen, qu'il juge « dangereux », et ceux de Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon. S'il estime, en revanche, que les mesures d'Emmanuel Macron « vont dans le bon sens », il avoue sa préférence pour les propositions de François Fillon. Sans toutefois appeler à voter pour lui.

Les candidats


Le Medef doit-il déroger à sa tradition et s'engager dans cette campagne ?
Pierre Gattaz. Sur les cinq candidats majeurs, deux assument l'économie de marché, la mondialisation, l'Europe, l'entreprise. Ce qui n'est pas le cas des trois autres, Le Pen, Mélenchon et Hamon. Notre première énorme inquiétude vient de Marine Le Pen et de sa sortie de l'euro, reprise par Jean-Luc Mélenchon. Ils se trompent complètement de combat. Ce n'est pas l'euro qui a créé les 3 600 pages du Code du travail, fait que les dépenses publiques en France sont à 57 % du PIB, ou que la fiscalité sur les entreprises est délirante... Les deux problèmes fondamentaux sont la compétitivité des entreprises françaises et la rigidité de notre Code du travail. Il ne faut pas croire qu'on va essayer Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon cinq ans puis passer à autre chose. Avec eux, on en prend pour quinze ou vingt ans. Avec, à la clé, des taux d'intérêt qui explosent, de l'inflation, une baisse de la croissance et l'appauvrissement des Français.

Voter Marine Le Pen, c'est donc à vos yeux le mauvais choix ?
Je regarde les programmes économiques. Et celui de Marine Le Pen est dangereux. Mais il n'y a pas qu'elle : voter Mélenchon, Le Pen, Hamon, c'est ruine, désespoir et désolation, pauvreté généralisée. Prenez les dépenses publiques : l'institut d'études Coe-Rexecode estime qu'avec Marine Le Pen elles vont augmenter de 125 Mds€, avec Benoît Hamon de 150 Mds€ et avec Jean-Luc Mélenchon de 175 Mds€. Qui va payer ? Soit on continue de s'endetter comme des fous, alors qu'on a 2 000 Mds€ de dettes, soit on augmente encore les impôts alors qu'on est déjà champion d'Europe des prélèvements obligatoires.

Pour vous, Benoît Hamon, c'est pareil que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ?
M. Hamon est dans un scénario destructeur pour l'économie française. Il part sur deux hypothèses farfelues. Un : il n'y a plus de travail en France. Deux : le travail, c'est la souffrance. Et il n'aime pas l'entreprise. Les jeunes de banlieue que je vois se marrent. Ils me disent : « On n'a pas besoin de revenu universel, on veut être entrepreneurs. »

Vous leur préférez Emmanuel Macron et François Fillon ?
Dans leurs programmes, on voit des choses intéressantes. Par exemple, une instance unique du personnel au lieu de quatre. Cela supprime un des freins à l'emploi lorsqu'une entreprise passe le seuil de 11 ou de 49 personnes. La question que j'aimerais poser aux candidats, c'est de savoir s'ils veulent vraiment aller au plein-emploi. Seul Fillon le revendique. Il dit : « Mon programme, c'est d'aller au plein-emploi et devenir la première économie européenne. » Macron, lui, vise 7 % de taux de chômage en 2022. Ce qui est déjà pas mal. Mais il ne va pas au bout des réformes.

Lesquelles ?
Celle du CICE, qui devient un allégement de charges, est un tour de passe-passe qui revient à un coût plus élevé en matière de fiscalité sur le travail. Deuxième erreur : Macron allège les charges sur les bas salaires, ce qui est de l'emploi tactique mais qui ne bénéficiera pas aux emplois de demain, très qualifiés.

Macron est-il dans la continuité de François Hollande ?
Il va plus loin : il veut mettre une « flat tax » à 30 % sur les revenus du capital, le taux d'impôt sur les sociétés à 25 %, ce qui va dans le bon sens. Il assume l'économie de marché, parle très bien anglais, est tourné vers l'international et il est apprécié des jeunes entrepreneurs. Par contre, il ne va pas assez loin, notamment sur la baisse des charges et l'ISF, qu'il ne supprime qu'à moitié. Il veut aussi taxer les contrats courts, ce qui risque de tuer des filières comme la restauration. Sur l'assurance chômage et la retraite, je suis aussi mal à l'aise. Je n'ai pas compris comment il finançait ses réformes.

L'Europe


Vous appelez à faire barrage contre les candidats eurosceptiques ?
Je n'appelle pas à faire barrage parce que je ne suis pas un politique. Je veux juste expliquer avec mes mots de chef d'entreprise ce que pourrait être la conséquence d'une sortie de l'euro et d'un repli sur soi. La fierté de la France n'est pas dans le repli mais dans la conquête. Avec mon entreprise Radiall (NDLR : fabricant de composants électroniques), j'ai réussi à garder quatre usines en France et à en créer une cinquième. Parce que je me suis mondialisé à mort. Tout ce que j'ai pris comme marchés extérieurs — avec Boeing notamment et Huawei, en Chine — m'a permis de créer un emploi en France pour deux emplois créés à l'extérieur. Le scénario de repli sur soi proposé par M me Le Pen est l'inverse de ce qu'il faut faire.

Le Pen et Mélenchon insistent sur les distorsions de concurrence entre pays européens...
Bien sûr qu'il faut continuer d'améliorer, d'harmoniser et de réguler l'Europe. Des petits patrons sont en colère, je les comprends. Pour ceux qui votent pour ces deux candidats, c'est un vote d'opposition, de ras-le-bol. Il faut leur expliquer que ce n'est pas l'euro ni l'Europe la cause de leurs problèmes.

Quelle méthode ?


Vous soutenez Fillon, qui veut supprimer 500 000 fonctionnaires ?
C'est un objectif important car il faut baisser le nombre de fonctionnaires. Sur la méthode, nous préconisons ce que nous faisons dans nos entreprises, c'est-à-dire travailler avec les équipes elles-mêmes. Si vous sortez la hache en disant « c'est - 5 % ou - 10 % sur tous les services », vous ne réglez rien. Je rencontre des fonctionnaires, des infirmières, des policiers qui nous disent : « Moi, je vois des tas de dysfonctionnements. » Mais on est incapables de remonter ces informations, ça n'intéresse ni l'Etat ni les organisations syndicales.

Vous ne craignez pas que la méthode forte de Fillon mette les salariés et les fonctionnaires dans la rue ?
Ce qui est important, ce sont les mesures. Et celles qui sont le plus détaillées, ce sont celles de Fillon, même si celles de Macron vont dans le bon sens. Lorsqu'on a la légitimité d'une élection, il faut aller très vite car il y a une vraie urgence. On a six mois, on doit faire passer des ordonnances... La méthode reste aussi importante, bien sûr.

Mais les affaires ont sensiblement délégitimé Fillon...
S'il est élu, il aura la légitimité de l'élection.
  Le Parisien

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