
Le montant a dépassé les espérances du désormais ex-banquier franco-ivoirien. Après la réussite du lancement en bourse de son SPAC (special purpose acquisition vehicule), dont le closing est intervenu en fin de journée mardi 2 mars, Tidjane Thiam a démontré que son profil pouvait attirer les souscripteurs. Dont acte.
Au total, ce sont 345 millions de dollars qui ont été récoltés. Les 300 premiers millions après la réévaluation de l’opération par rapport à l’objectif initial par ses promoteurs, à la suite d’une forte demande des investisseurs. Auxquels se sont ajoutés 45 millions issus de la libération de la garantie de stabilisation du prix par les banques introductrices.
Cette couverture a rapidement été débloquée, alors que trois jours après la première cotation, le titre Freedom Acquisition I se négociait toujours 10,17 dollars l’action contre 10 dollars lors des premières cotations le 26 février.
3,6 milliards de dollars d’offres
Mais ce succès raisonnable reste l’arbre qui cache la forêt. En effet, selon nos informations, la demande a, en réalité, surpassé de 15 fois l’objectif de 250 millions de dollars que s’étaient fixé le financier et ses partenaires.
« La réglementation des marchés financiers n’autorise une réévaluation de l’offre de 20 % au maximum », rappelle l’entourage des dirigeants de Freedom Acquisition I, le véhicule présidé par l’ancien DG de l’assureur britannique Prudential et du géant helvétique Credit Suisse. C’est pour cela que ses dirigeants, par l’entremise des banques JP Morgan, Deutsche Bank Securities et Morgan Stanley, chefs de file de l’opération, ont poussé l’offre jusqu’à 300 millions de dollars.
« En réalité, ce sont 3,6 milliards de dollars de demandes qui ont été reçues », poursuit notre interlocuteur. Il estime que cet engouement devrait se traduire par un fort accroissement de leurs apports par les investisseurs du SPAC lors de sa première acquisition.
près de 30 % des souscriptions, lors de l’IPO, proviennent de grandes entreprises familiales ou d’entrepreneurs
Quant à l’identité de ces souscripteurs – dont la liste n’est pour l’heure pas encore rendue publique – les profils sont jugés solides. Comme indiqué précédemment, le fonds d’investissement privé Pacific Investment Management Company LLC (Pimco) s’est déjà engagé à acheter pour près de 25 millions de dollars d’actions de la société. À ce titre, le fonds dirigé par Jamie Weinstein est considéré comme investisseur majeur.
En outre, « près de 30 % des souscriptions, lors de l’IPO, proviennent de grandes entreprises familiales ou d’entrepreneurs », confie à JA une autre source. Qui poursuit : « il s’agit là d’une différence essentielle par rapport aux autres SPAC.
Première cible aux États-Unis
En effet, le but de ce type de « véhicule d’acquisition » est de lever des fonds en bourse qui seront utilisés dans une future opération de regroupement d’entreprises impliquant une société dans un secteur d’activité ou une zone géographique préalablement identifiés. Après l’introduction en bourse du SPAC, les fonds collectés sont conservés sur un compte fiduciaire, pour être utilisés dans un délai de deux ans.
« Une fois la cible identifiée, cette dernière et le SPAC procèdent à une fusion, une acquisition ou une autre opération qui fait que, dans la plupart des cas, l’entreprise d’exploitation devient une société cotée en bourse qui « reprend » effectivement le statut du SPAC », détaille une étude du cabinet d’affaires américain Allen & Overy fin 2020. « À la suite de ce processus, le SPAC est « dé-SPACé » et poursuit sa vie en tant que société publique. »
En ce qui concerne Freedom Acquisition I, si la première cible n’est pas encore identifiée – bien que son équipe dirigeante a d’ores et déjà prévenu qu’il s’agirait d’une entreprise du secteur des services financiers – sa localisation géographique est, elle, bien définie.
D’après nos informations, la première cible du SPAC se situera aux États-Unis, conformément à l’étiquette de « marchés développés » évoquée dans le prospectus aux investisseurs émis lors de l’enregistrement de la société. Mais, toujours selon nos sources, des cibles dans les marchés émergents d’Asie, d’Amérique latine et dans certains pays d’Afrique devraient être étudiées dans la foulée.
Par Jeune Afrique
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