
Avec les émissions de gaz à effet de serre qui accélèrent le réchauffement climatique, la pollution plastique est l’autre grand fléau qui contribue à dégrader l’environnement. La fondation écologique et humanitaire australienne Minderoo, qui milite pour un changement des comportements, a publié ce mardi 18 mai un rapport édifiant sur le sujet, intitulé The Plastic Waste Makers Index (L’index des producteurs de déchets plastique).
20 entreprises produisent 55 % des déchets plastique
L’information majeure de ses centaines de pages est que vingt entreprises seulement sont à l’origine de 55 % de la production de tous les déchets en plastique à usage unique dans le monde. Et parmi ces entreprises, on trouve de nombreuses sociétés parfois financées par les États, des multinationales et des géants du pétrole, du gaz et de la chimie.
Ainsi, selon ce rapport, la société pétrolière américaine ExxonMobil serait la plus grande émettrice de déchets plastique à usage unique avec 5,9 millions de tonnes chaque année. Un chiffre tiré d’une étude menée par les analystes de la London School of Economics et du Stockholm Environment Institute.
Une autre entreprise américaine est pointée du doigt, Dow, plus grande société de produits chimiques au monde, qui génèrerait quelque 5,5 millions de tonnes de déchets plastique chaque année. Le podium serait complété par le groupe chinois de pétrole et de gaz Sinopec avec 5,3 millions de tonnes.
Dans le détail, la répartition de ce « top 20 » de la production de déchets en plastique à usage unique est la suivante : 11 entreprises sont basées en Asie, quatre en Europe, trois en Amérique du Nord, une en Amérique latine et une au Moyen-Orient.
130 millions de tonnes
Selon le rapport, en 2019, les déchets plastique à usage unique de ces 20 entreprises s’élevaient à 130 millions de tonnes métriques. Des plastiques fabriqués essentiellement à partir de combustibles fossiles, et très difficiles à recycler. En effet, seulement 10 à 15 % du plastique à usage unique est recyclé chaque année à l’échelle mondiale. Une goutte d’eau…
À la lecture de cette analyse, Al Gore, l’ancien vice-président américain, a fait le commentaire suivant : « Étant donné que la plupart des plastiques sont fabriqués à partir de pétrole et de gaz, en particulier de gaz de schiste, la production et la consommation de plastique sont en train de devenir un facteur important de la crise climatique. »
Connu pour ses positions écologistes engagées, l’homme d’affaires souhaite responsabiliser ces entreprises qui, d’un côté, veulent maîtriser leurs émissions de gaz à effet de serre, et de l’autre, continuent de produire une matière qui risque de souiller le sol pour des centaines d’années.
« Les déchets plastique, en particulier à usage unique, s’accumulent dans les décharges, le long des routes, dans les rivières et terminent bien souvent dans les océans. »

Le plastique en pleine croissance
Selon le rapport, au cours des cinq prochaines années, la capacité mondiale de production de polymères vierges, pour les plastiques à usage unique, pourrait augmenter de plus de 30 %. D’ici 2050, le plastique pourrait représenter 5 à 10 % des émissions de gaz à effet de serre si on ne change rien.
Comment en est-on arrivé là ? Les auteurs du rapport expliquent que « l’industrie du plastique à travers le monde a été autorisée à fonctionner avec une réglementation minimale et une transparence limitée pendant des décennies ». Ils pensent qu’une « catastrophe environnementale » se profile.
Mais il y a pire : « Une grande partie des déchets plastiques à usage unique finiront par polluer les pays en développement dotés de systèmes de gestion des déchets médiocres. »
Les pays riches responsables
L’étude démontre aussi que les pays riches sont en grande partie responsables de cette pollution au plastique. Au passage, elle révèle que l’Australie est le pays qui produit le plus de déchets plastique par habitant, avec 59 kg par personne et par an. Les États-Unis sont à 53 kg, la Corée du Sud à 44, le Royaume-Uni à 44, le Japon à 37 et la France à 36 kg.

Les auteurs du rapport, via le professeur australien Andrew Forrest, alertent et mettent en gardent contre ce fléau : « La pollution plastique est l’une des menaces les plus importantes et les plus critiques auxquelles notre planète est confrontée, peut-on lire dans un extrait publié sur le site de la fondation Minderoo. Les perspectives actuelles vont s’aggraver et ce n’est pas possible de continuer ainsi. Les océans étouffent et le plastique a un impact sur notre santé. »
Malgré ce constat alarmant, est-il encore possible d’inverser la tendance ? Selon les conclusions de l’étude, il faudrait une intervention des gouvernements pour changer la donne. Mais les géants du pétrole et de la chimie auraient beaucoup à perdre.Olivier DUPLESSIX
Par Ouest-France
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