
Le 24 mai, d’après le Financial Times, Jack Ma a en effet, quitté la présidence de l’un de ses projets les plus personnels : Hupan (« au bord du lac »), un établissement fondé en 2015 pour former l’élite des chefs d’entreprise du pays.
Un retour à l'ordre
L'origine de cette disgrâce ? Le 24 octobre, l'extravagant homme d'affaire critique le système bancaire chinoise, qualifiant ses responsables de prêteur à gages et vantant les mérites de son propre outil de paiement, le tout devant un parterre d'officiels du régime et moins d'une heure après le discours de Wang Qishan, le vice président de la république populaire de Chine. Ce jour là, Jack Ma n'a fait qu'allumer la mèche de la bombe sur laquelle il était déjà assis.
Tout comme Google, Facebook ou Amazon aux États-Unis, Pékin a du mal avec ces géant de la tech omniprésents dans le quotidien de sa population. Les sanctions contre Alibaba sont en quelque sorte un coup d'arrêt contre l'expansion sans limite des grands patrons chinois. Le site du e-commerce était accusé d'obliger les vendeurs à choisir sa plateforme comme canal de distribution exclusif et d'utiliser ses outils de paiement, Ali Pay. Le service utilisé par plus d'un milliard de personnes est leader sur le marché chinois, notamment dans l'attribution de crédit, et met donc à mal les banques du régime. Jack Ma avait par ailleurs refusé de transmettre les données des clients d'Ali Pay en mettant en avant que cette mesure nuirait à sa compétitivité.
"Pékin veut éviter une situation semblable à celle des États-Unis lorsqu'Apple avait refusé de déverrouiller deux iPhones pour le FBI, explique David Baverez, investisseur à Hong Kong. Le Gouvernement chinois prend donc les mesures règlementaires que les Etats-Unis auraient dû mettre en œuvre il y a quelques années". Comme dans le reste du monde, la reprise de la consommation dans le pays est encore lente et la majorité des achats se font sur les plateforme de e-commerce. Pékin préfère contrôler désormais les acteurs et dicter le partage des secteurs.
"Le régime ne peut pas fermer les marchés sauvages, potentiellement source de nouveaux virus dans le futur, la population y est trop attachée. L’alternative est donc de développer une offre digitale de livraison directe à la population. Ce sera désormais Alibaba qui devrait s'en charger, même si ce business n'est pas du tout intéressant pour le groupe en termes de rentabilité", indique David Baverez, auteur de Chine-Europe, le grand tournant publié chez Le Passeur éditeur.
Des départs à la chaîne
Pour les autres grand patrons, le message est passé. Le premier mars, Colin Huang, le fondateur du Pinduoduo, concurrent direct d'Alibaba, a démissionné de son poste de président à l'âge de 41 ans. Il a affirmé que sa décision était due à des changements externes drastiques et à des problèmes de gestion interne. En avril, les représentants des 34 principales sociétés Internet chinoises, dont ByteDance (TikTok), Tencent, Baidu, Jingdong, Pinduoduo, ont publié communément des lettres dans lesquelles ils s'engagent à se conformer aux règles anti-monopole et à rectifier leurs pratiques dans un délai d'un mois.

Cela n'aura empêché Zhang Yiming, le PDG de ByteDance d'annoncer à son tour, il y a quelques jours, son départ du groupe pour la fin de l'année laissant les rênes à son vice-président. Contrairement à l'extravagant Jack Ma, Zhang devrait être encore présent dans le milieu des affaires. Être un peu plus discret est généralement recommandé pour continuer sa carrière en Chine.
0 Response to "De Jack Ma à TikTok, pourquoi Pékin reprend le contrôle des géants de la tech chinoise"
Post a Comment