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La croissance africaine tombe à -3,3%, selon la Banque mondiale

  
Habitué aux fortes croissances, le continent africain va connaître pour la première fois, en un
quart de siècle, une évolution négative de son PIB par rapport à l’année précédente. Le Covi-19 entraîne ainsi l’Afrique dans une récession avec un recul de 3,3% de la richesse produite.

Dans le dernier rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale, les économistes dressent un tableau peu élogieux de l’économie du continent en 2020. En plus, d’une nette baisse du PIB par rapport à 2019, 40 millions de personnes vont basculer dans l’extrême pauvreté, soit un recul de cinq ans.

Même si, sur le plan sanitaire, l’Afrique est le continent le moins touché avec un peu plus d’un million de cas et seulement 34.000 décès, soit l’équivalent de l’Italie, les conséquences économiques de la pandémie sont lourdes pour beaucoup de pays, notamment à cause des mesures de confinement. Ainsi, quatre des cinq plus grosses économies du continent en termes de PIB seront en récession en 2020. Mais, il faut d’ores et déjà essayer de remettre les économies sur les rails, ce qui peut réserver certaines surprises.

Relance longue … ou pas

« La voie de la relance économique s’annonce longue et difficile, mais elle peut être accélérée, solide et plus inclusive si les pays africains accordent la priorité aux réformes et aux investissements qui permettront de relever le défi, de créer davantage d’emplois inclusifs et de meilleure qualité », explique Albert Zeufack, économiste en chef à la Banque mondiale pour l’Afrique.

Il faut plonger dans les économies respectives pour évaluer l’ampleur des dégâts par pays. Ainsi, pour le Nigeria, le PIB s’est replié de 6,1% entre avril et juin, par rapport à la même période de 2019, marquant ainsi un recul d’une dizaine d’années. Le PIB réel de l’Afrique du Sud a reculé de 17,1% sur cette même période, celui de l’Angola de 1,8% mais pour le premier trimestre.

Selon la Banque mondiale, « le déclin de la croissance a été particulièrement marqué pour les pays exportateurs de métaux, pour lesquels on s’attend à une contraction du PIB réel de 6 %, reflétant en partie la baisse importante de la production en Afrique du Sud ».

Les pétroliers et les touristiques souffrent

Et chez les exportateurs de pétrole, ce n’est guère mieux, si ce n’est pas pire. « Après une croissance de 1,5 % en 2019, le PIB réel devrait diminuer de plus de 4 points de pourcentage en 2020, du fait du recul de la croissance en Angola et au Nigeria », soulignent les économistes de la Banque mondiale.

En revanche, les pays dont l’économie ne dépend pas essentiellement des ressources naturelles, ne devraient afficher qu’un recul modéré de leur croissance en 2020. Si l’on s’attend à un ralentissement sensible dans ces pays, notamment la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie ou le Kenya, la croissance devrait rester positive, du fait de la plus grande diversification de leurs économies.

Chez les pays touristiques, comme le Cap-Vert, Maurice et les Seychelles, l’heure est également à la contraction économique. A l’échelle du continent au sud du Sahara, le ralentissement devrait coûter au moins 115 millions de dollars de pertes de production à la région, avec comme corolaire la baisse de la consommation de 6% par rapport à l’année précédente, consécutive au recul des revenus.

« Bien que la pandémie n’ait pas dit son dernier mot et malgré les incertitudes liées à la résistance et à la propagation du virus, les gouvernements africains ont commencé à mettre en place des réformes et des programmes afin d’appuyer un redressement économique post-Covid-19 inclusif et durable», souligne Hafez Ghanem, Vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Est et australe. Et d’ajouter : « Les pays de la région mettent en œuvre des politiques et des programmes créateurs d’emplois permettant d’accélérer la transformation économique afin de réduire dès à présent l’impact économique de la pandémie, mais aussi de développer les capacités nécessaires à une future croissance économique inclusive. »

Favoriser les investissements

Pour la reprise, il faudra favoriser les investissements, estime toujours la Banque mondiale, ce qui peut requérir le soutien financier des partenaires du continent, mais aussi et surtout l’implémentation des réformes audacieuses, tout en mettant en place des politiques d’emplois

« Plusieurs pays, dont l’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Éthiopie, ont déjà commencé à mettre en œuvre des réformes attendues dans les secteurs de l’énergie et des télécommunications, sous l’impulsion de la crise actuelle », affirment les auteurs du rapport.

Mais tout n’est pas négatif dans la survenue de la pandémie, dont l’un des côtés positifs est l’adoption des nouvelles technologies par 25% des entreprises du continent

De plus, au niveau social, plusieurs pays ont pris des mesures en faveur des employés. La Banque mondiale a dénombré « pas moins de 166 mesures de protection sociale déployées à travers 46 pays d’Afrique subsaharienne dont 84 % concernaient l’assistance sociale ». Cela a fortement contribué à atténuer l’impact de la pandémie.
Quoi qu’il en soit, désormais, il convient de se concentrer sur la reprise, par de vraies politiques publiques. C’est en tout cas l’avis de Ousmane Diagana, Vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale. « Alors que la pression exercée par la pandémie sur les économies africaines continue de se faire sentir, il est important pour les décideurs politiques de créer l’infrastructure nécessaire à une reprise rapide de l’économie. », dit-il. « Des politiques solides créent les conditions nécessaires à un redressement durable et inclusif, ainsi qu’à une plus grande résilience aux chocs à venir. », poursuit-il.

Implication de la Banque mondiale

Pour cela, l’accompagnement de partenaires comme la Banque mondiale est une nécessité absolue. En effet, cette institution de Bretton Woods s’impose comme l’une des principales sources de financement et de connaissance pour les pays en développement. Elle rappelle avoir « entrepris d’importantes actions afin d’aider rapidement les pays en développement à renforcer leur réponse face à la pandémie », notamment en matière de santé publique et d’approvisionnement en produits et d’équipements vitaux.

Le groupe de la Banque mondiale « s’apprête à déployer jusqu’à 160 milliards de dollars pour aider plus de 100 pays à protéger les populations pauvres et vulnérables, à soutenir les entreprises, et à stimuler le redressement économique », annoncent les experts de l’institution. « Ce montant inclut 50 milliards de dollars de nouvelles ressources de l’Association internationale de développement (IDA) sous forme de dons et de prêts fortement concessionnels », concluent-ils.

 

 

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