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La vague verte tiendra-t-elle jusqu'à la présidentielle de 2022?

Les écologistes ont réussi à remporter 7 villes de plus de 100.000 habitants dimanche lors des municipales. Ce score historique aura-t-il une suite?
C'est un scrutin historique pour les écologistes. Pour la première fois de leur histoire, les verts
détiennent 7 villes de plus de 100.000 habitants (Lyon, Strasbourg, Bordeaux, Grenoble, Tours, Annecy, Besançon). Ils n'en comptaient qu'une en 2014 (Grenoble). Le parti sort renforcé du scrutin mais sera-il suffisant pour bien figurer en 2022 lors de la présidentielle? "Les déterminants de la présidentielle n'ont rien à voir avec des déterminants municipaux", note Frédéric Dabi, directeur adjoint de l'Ifop, interrogé par le JDD. "Les scrutins sont de plus en plus déconnectés. La preuve, aujourd'hui on a une représentation territoriale complètement différente de la représentation politique au niveau national", confirme Chloé Morin, experte associée à la Fondation Jean-Jaurès.

En 2019, après la bonne tenue des macronistes aux Européennes, certains observateurs envisageaient ainsi qu'ils pourraient transformer l'essai aux municipales. Il n'en a rien été. La vague verte sera-t-elle, cette fois, durable?

La présidentielle est un scrutin très différent des municipales

En mai 2019, le Rassemblement national et La République en marche avaient été les vainqueurs des européennes. Un an plus tard, ce sont ces deux partis qui ont le plus souffert aux municipales. Les raisons de l'échec ne sont pas forcément les mêmes mais LREM comme le RN manquent de sortants et de poids lourds locaux. La présidentielle est un scrutin différent. La personnalité du candidat compte parfois plus que le programme. Et la participation est presque toujours au rendez-vous. Un sondage de l'Ifop sur la présidentielle publié avant le second tour des municipales montrait ainsi qu'Emmanuel Macron et Marine Le Pen ferait aujourd'hui des scores plus importants qu'au premier tour de 2017. Yannick Jadot ne ferait lui que 8%. La première force à gauche était Jean-Luc Mélenchon, crédité de 11% à 12% dans les sondages.

L'obligation de convaincre au-delà des grandes villes

Les écologistes ont obtenu des victoires marquantes dimanche dans 3 des 10 plus grandes villes de France (Lyon, Strasbourg, Bordeaux). Mais ce n'est pas forcément la force dominante à gauche. Dans les villes de plus de 100.000 habitants, les écologistes détiennent désormais 7 villes contre 14 pour les socialistes. Dans les villes de plus de 30.000 habitants, Europe-Ecologie-Les Verts passe de 2 à 11 villes, le PS de 43 à 49. Dans les villes de plus de 30.000 habitants, on a ainsi plutôt assisté à un retour du clivage gauche-droite. Et les écologistes, à l'exception de Poitiers, ont échoué à l'emporter face à des candidats socialistes sortants. C'est le cas à Paris, Nantes, Rennes, Dijon ou Le Mans.
Pour espérer une victoire à la présidentielle, Europe Ecologie-Les Verts devra trouver un moyen de convaincre au delà de ses nouveaux bastions dans les grandes métropoles. Pour rappel, selon l'Insee, un Français sur deux vit actuellement dans une commune de moins de 10.000 habitants. Environ 15% des Français (10 millions de personnes) habitent dans une commune de plus de 100.000 habitants.

Trouver un chef de file qui fait consensus

Un autre défi pour les écologistes sera de parvenir à trouver un candidat adapté pour la présidentielle, une élection où les fortes personnalités charismatiques sont avantagées. L'identité de cet éventuel candidat est loin d'être tranchée. Une guerre d'influence a commencé à l'intérieur même d'EELV entre Yannick Jadot et le maire de Grenoble Eric Piolle, sans que leurs intentions soient clairement exprimées. Les écologistes devront aussi "élargir leur offre", selon Chloé Morin, "c'est à dire de ne pas parler que d'écologie, mais devenir un parti de gouvernement qui parle de tout les sujets."
Il faudra aussi clarifier les tendances à l'intérieur du parti et réussir l'union de la gauche. "Chez les Verts il y a toujours eu un tiers autonomiste, un tiers pro-alliance avec la gauche de la gauche et un tiers pro-alliance avec le PS. Jadot veut la jouer autonomiste; Piolle, sur la gauche de la gauche; mais il manque la figure qui veut une alliance avec le PS et elle ne viendra peut-être pas d'EELV", analyse Vanessa Jérôme, politologue associée à l'université Paris 1 et spécialiste d'EELV, cité par l'AFP.

Un effet dégagisme en 2022?

Pour Chloé Morin, "ce scrutin a traduit une demande de renouveau"."Tout se passe comme si les électeurs, en attente de nouveaux visages, de nouvelles idées, avaient vu en EELV cette fois-ci ce qu'ils avaient cru voir en Emmanuel Macron il y a trois ans". Cette hypothèse peut constituer un risque pour le chef de l'Etat en 2022, lui qui avait su aussi convaincre une partie de la gauche de voter pour lui en 2017. Risque-t-il d'être confronté en 2022 à une vague dégagiste profitant aux écologistes? "Les électeurs continuent à poursuivre cette quête de nouveauté permanente en se disant qu'ils vont peut être trouver un jour l'incarnation et l'offre politique qui correspondra à leurs attentes", estime Chloé Morin.
"L'aile gauche de l'électorat de Macron de 2017 ne s'est plus retrouvée dans le macronisme et n'est pas non plus totalement revenue vers le Parti socialiste. Les Verts attirent une bonne part de ces déçus en répondant à une double angoisse : le climat, bien sûr, mais aussi la crise de la représentation", abonde dans Le Monde, Brice Teinturier, directeur général délégué de l'institut Ipsos.

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