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En Australie, la mort George Floyd suscite une nouvelle prise de conscience

Un rassemblement s’est tenu à Sydney, le 5 juillet, pour dénoncer les morts suspectes d’Aborigènes. 
À quelque 15 000 kilomètres de Minneapolis, la mort de l’Afro-Américain remet en avant un vieux
problème australien : la mort des Aborigènes en détention.
En 2006, quand le jeune Aborigène Wayne Fella Morrison est mort en détention, quelque 500 personnes se sont rassemblées à Adélaïde. Si les mouvements de revendication et de protestation politique se font d’habitude timides en Australie, la mort de George Floyd (mort après une arrestation musclée) a suscité une nouvelle prise de conscience.

Les peuples autochtones « au cœur des conversations »

Dakota Feirer, activiste d’Indigenous Lives Matter et membre du peuple Bundjalung (une tribu aborigène de la côte nord-est), a été époustouflé par la réponse nationale. C’est la première fois que la souveraineté et l’autodétermination des peuples autochtones sont au cœur des conversations.
Les 5 et 6 juin, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de Sydney, Melbourne, Canberra, Darwin, Perth et Adélaïde, pour protester contre les violences raciales.
Sur les pancartes figuraient les noms d’Aborigènes morts en détention, comme David Dungay Jr., maintenu au sol par six agents pénitentiaires jusqu’à sa mort, en 2015.

438 décès et pas une seule condamnation

Le parallèle avec les États-Unis est évident : 438 décès enregistrés depuis 1991, dont quatre ces dernières semaines, et pas une seule condamnation. Comme aux États-Unis, ces crimes se sont produits dans le contexte de siècles de violences structurelles et culturelles.
Don Weatherburn, professeur adjoint à la School of Social Science and Policy de l’Université de New South Wales déclare : Vous ne pouvez pas envahir un pays, chasser les habitants autochtones de leurs terres, détruire leur mode de vie, leur transmettre vos maladies, les jeter dans des camps, retirer de force leurs enfants et s’attendre à ce que cela n’ait pas d’effets négatifs à long terme.
Aujourd’hui, les Aborigènes vivent en moyenne huit ans de moins que les non-Aborigènes et gagnent environ 33 % de moins. En prison, ils sont largement surreprésentés. En 2019, les Aborigènes, qui ne représentent qu’environ 2 à 3 % de la population australienne, représentaient plus de 28 % de la population carcérale. Ils sont dix fois plus susceptibles de mourir en prison que les non-Aborigènes.
La violence policière est inhérente à notre histoire depuis la colonisation, explique Dakota Feirer, qui a lui-même perdu des proches en prison. En tant qu’Aborigène, j’étais statistiquement plus susceptible de finir en prison que de terminer le lycée.
Le Premier ministre Scott Morrison a suscité de vives critiques pour sa réponse aux manifestations. Dans une interview mi-juin, il a déclaré que l’Australie n’avait pas d’antécédents d’esclavagisme, une affirmation pour laquelle il est revenu plus tard et s’est excusé.
Une enquête parlementaire sur les décès en détention dans l‘État de Nouvelle-Galles du Sud vient d’être lancée. Pour la première fois, je sens un réel potentiel de changement, déclare Dakota Feirer.
Par Ouest-France Sophie LAMBERTS.


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