
« Alerte du commissaire aux comptes ». C’est l’objet d’une lettre adressée le 19 juin 2020 au directeur
général de Camair-Co, la compagnie aérienne publique camerounaise, par le PCA, Jean Ernest Ngalé Bibehé. Celui qui est par ailleurs ministre des Transports demande à Louis Georges Njipendi Kuotu de lui « faire connaître les mesures pertinentes envisagées pour éviter l’arrêt total de l’exploitation, voire la dissolution de la compagnie ». À la vérité, le PCA de Camair-Co répercute ainsi au DG une requête formulée par le commissaire aux comptes de l’entreprise. En effet, le cabinet Okalla Ahanda & Associés vient de lancer une alerte en direction des dirigeants de Camair-Co, en raison de l’aggravation continue de la situation financière de cette entreprise publique. Encadrée par l’Acte uniforme de l’Ohada, la procédure d’alerte, apprend-on, est destinée à prévenir les difficultés des sociétés commerciales ou à éviter que celles-ci s’aggravent et débouchent sur une cessation des paiements ou une dissolution anticipée.
Pour le cas de Camair-Co, souligne le commissaire aux comptes, les ingrédients d’une cessation de paiement ou d’une dissolution sont réunis depuis 2015. « En effet, nous avions déjà relevé dans notre rapport de Commissariat aux comptes au titre de l’exercice 2015, émis le 9 avril 2018, que les capitaux propres de Camair-Co étaient devenus inférieurs à la moitié du capital social, et que l’Assemblée générale (AG) devait décider s’il y a lieu de procéder à la dissolution anticipée de la société ou non », révèle le cabinet Okalla Ahanda & Associés.
Une dette de 110 milliards de FCFA
Au cours d’une AG extraordinaire tenue le 25 mai 2018, l’actionnaire de Camair-Co qu’est l’État décide de la poursuite des activités de la compagnie. Selon l’Acte uniforme de l’Ohada, pareille décision implique que l’actionnaire s’engage à renflouer les fonds propres de l’entreprise, au plus tard à la clôture du 2e exercice (2017) suivant celui au cours duquel la constatation des pertes est intervenue. Mais, depuis lors, la situation à Camair-Co ne s’est guère améliorée. Celle-ci a plutôt empiré depuis le début de l’année 2020.
En effet, apprend-on, la compagnie dispose désormais d’un seul aéronef (MA 60) « susceptible de voler à brève échéance ». Tout le reste de la flotte nécessite d’importants travaux de maintenance. Au plan financier, la compagnie traîne une dette abyssale, estimée au 31 décembre 2018 à environ 110 milliards de FCFA, et peine à assurer les charges salariales de ses personnels au fil des mois. « Le personnel cumule actuellement quatre mois d’arriérés de salaires pour une masse salariale mensuelle d’environ 500 millions de FCFA », relève le commissaire aux comptes de la compagnie, dont la correspondance au PCA a dû accélérer la mise en congé technique, depuis le 22 juin 2020, de 371 employés (65% des effectifs de l’entreprise) de Camair-Co, pour une durée de trois mois.
À en croire la même source, les pertes de la compagnie, qui ont été annulées au 31 décembre 2018, étaient de près de 99,2 milliards de FCFA. À cette enveloppe, apprend-on, il faudrait ajouter une perte prévisionnelle de 15 milliards de FCFA au titre de l’exercice 2019 et 12 milliards de FCFA au titre du premier semestre 2020 (soit 126,2 milliards de FCFA de pertes au total), le tout pour un capital social de 21,8 milliards de FCFA.
Brice R. Mbodiam
Par Investir au Cameroun
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