À Paris, dans le cadre d’une tournée internationale, Maurice Kamto a remercié tous les Camerounais
«même ceux qui ont fait métier de m’insulter à longueur de journée!» de s’être mobilisés pour sa libération. Avant le rassemblement des diasporas européennes prévu ce samedi 1er février, il a défendu son choix de boycotter les élections du 9 février.
«même ceux qui ont fait métier de m’insulter à longueur de journée!» de s’être mobilisés pour sa libération. Avant le rassemblement des diasporas européennes prévu ce samedi 1er février, il a défendu son choix de boycotter les élections du 9 février.
Un an après son incarcération le 28 janvier 2019, consécutive aux marches du 26 janvier pour protester contre le «hold-up de l’élection présidentielle», l’opposant camerounais Maurice Kamto, lors de sa conférence de presse, ce jeudi 30 janvier dans un hôtel parisien, a appelé la diaspora camerounaise à se mobiliser et à rester unie face à l’arbitraire d’un pouvoir à Yaoundé qui «arrête et torture en toute impunité», a-t-il accusé.
Quinze de ses partisans sont encore détenus à la prison centrale de Yaoundé, notamment, Mamadou Yacouba Mota (son premier vice-Président qui avait pris la relève pendant son incarcération, ndlr) pour lequel tous les recours en justice vont être épuisés. «Nous ne les lâcherons pas!», a promis le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC).
Alors que le Cameroun est entré en campagne pour un double scrutin législatif et municipal prévu le 9 février prochain, l’opposant camerounais a défendu son choix de boycotter ces élections «compte tenu de l’absence d’un retour à la paix au Cameroun» et du fait en conséquence qu’une partie des électeurs ne pourront pas aller voter dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Quinze de ses partisans sont encore détenus à la prison centrale de Yaoundé, notamment, Mamadou Yacouba Mota (son premier vice-Président qui avait pris la relève pendant son incarcération, ndlr) pour lequel tous les recours en justice vont être épuisés. «Nous ne les lâcherons pas!», a promis le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC).
«Je dis merci à la presse internationale et à la diaspora. Votre mobilisation a fortement contribué à notre libération. Merci à tous les Camerounais, sans distinction, et même à ceux qui ont fait métier de m’insulter à longueur de journée», a également ironisé Maurice Kamto face à un parterre de journalistes internationaux auquel s’étaient mêlés quelques membres de la diaspora, très inquiets de ne plus pouvoir rentrer au pays après le discours à la nation, très offensif, du chef de l’État le 31 décembre dernier à leur encontre.Arrivé à Paris la veille, «pour aller à la rencontre de la diaspora camerounaise d’Europe» qui a prévu un grand meeting ce samedi 1er février, place de la République, Maurice Kamto est apparu ragaillardi et plus déterminé que jamais. À la question d’un journaliste de Canal 2 (une chaîne de télévision camerounaise proche du pouvoir, ndlr) qui lui demandait s’il dénonçait les violences commises par des membres des brigades anti-sardinards et, notamment les émeutes de l’hôtel Intercontinental à Genève en juin dernier pour réclamer le départ du pouvoir de Yaoundé, il a répondu du tac au tac.
«Si vous faisiez votre travail correctement, vous sauriez que j’ai toujours dénoncé le recours à la violence et cesseriez de me poser la même question sous-entendant que je suis l’instigateur de ces soi-disant brigades que je ne connais même pas! Je ne peux pas empêcher les Camerounais de s’exprimer, partout où ils le souhaitent et comme ils le souhaitent. Quant à moi, je ne m’excuserai pas!», a lancé le leader du MRC, dénonçant à nouveau le triple hold-up perpétré, selon lui, par le régime en place à Yaoundé: celui de la paix, des élections et des fonds publics.
Boycott des élections du 9 février
Incarcéré pour contestation des résultats de l’élection présidentielle d’octobre 2018 dans laquelle il est arrivé –officiellement– en deuxième position derrière Paul Biya, Maurice Kamto a été libéré le 5 octobre 2019 après l’arrêt des poursuites contre 333 détenus en lien avec la crise anglophone ordonné par le Président. Une mesure qui, selon la version officielle, visait à «faciliter l’union et la paix» dans le cadre du grand débat national voulu par le chef de l’État, mais que conteste le président du MRC.«Lors de la présidentielle de 2018, la commission électorale a estimé le taux de participation dans ces deux régions à 5 %. Ce qui veut dire qu’en réalité, sur le terrain, la participation ne devait pas être de plus de 0,05%! Dans ces conditions, à quoi cela sert-il d’aller voter?», a-t-il demandé lors de la conférence de presse.Regrettant que l’ensemble des leaders de l’opposition ne l’aient pas rejoint dans sa décision de boycotter ces élections –ce qui aurait de facto rendu caduc le scrutin–, le président du MRC a estimé de surcroît qu’en l’absence d’une réforme du code électoral, les résultats étaient connus d’avance, notamment en ce qui concerne les législatives.
«L’ensemble de l’opposition va disputer 46 sièges sur les 180 que compte l’Assemblée nationale. De fait, le parti au pouvoir (RDPC, Rassemblement démocratique du peuple camerounais, ndlr) est d’ores et déjà assuré d’obtenir 136 députés, sans concurrence», a affirmé Maurice Kamto.D’où son appel réitéré au Président Biya de reporter ces élections «d’au moins six mois» pour solder définitivement le contentieux de la présidentielle de 2018 et laisser le temps de procéder à une réforme consensuelle du code électoral, a-t-il fait valoir.
Recherche de soutiens
Sachant, toutefois, qu’il y a peu de chances qu’il soit entendu dans son pays, l’opposant camerounais poursuit ses déplacements à l’étranger pour rallier les soutiens internationaux et faire avancer, dans la foulée, son «plaidoyer pour une démarche en vue de mettre fin aux crimes de guerre et crimes contre l'humanité en cours au Cameroun», ont précisé ses proches.«Dès dimanche, nous nous rendrons au Canada car là-bas, Maurice Kamto jouit de nombreux soutiens et d’un très fort engagement de la diaspora», a précisé l’un de ses lieutenants sous couvert d’anonymat.Début janvier, à Washington, où résident nombre de leaders en exil de l’Ambazonie, Maurice Kamto avait rencontré Tibor Nagy, le sous-secrétaire d’État américain en charge des Affaires africaines. Interrogé à ce sujet, il a confirmé avoir abordé avec le responsable américain «toutes les questions importantes au Cameroun», notamment la crise anglophone, sans toutefois pouvoir en révéler en détail le teneur.
«Je suis heureux que nous ayons pu exposer notre point de vue (au sujet de la crise anglophone) et espère que nous serons entendus quant aux solutions proposées pour sortir de cette crise», a-t-il répondu à une question de Sputnik France pendant la conférence de presse.Reste maintenant le plus «gros morceau» de cette tournée de Maurice Kamto dans les capitales occidentales: convaincre les autorités françaises de modérer leur soutien à Paul Biya. Compte tenu des intérêts français au Cameroun, Paris a toujours défendu la ligne officielle prise par Yaoundé, y compris au plus fort de la crise anglophone.
«Les autorités françaises n’ont pas, jusqu’ici, pris suffisamment au sérieux la situation qui prévaut actuellement au Cameroun. Pourtant, elles sont très impliquées en République centrafricaine (RCA) qui est notre voisine. Mais les enjeux au Cameroun sont autrement plus importants compte tenu de la taille du pays et de sa population», a regretté l’opposant camerounais.Depuis l’éclatement de la crise anglophone en 2016, «plus de 3.000 morts» ainsi que des centaines de milliers de déplacés et de réfugiés sont à déplorer, a encore fait valoir Maurice Kamto qui espère être reçu «en haut lieu» lors de son passage en France. Du jamais-vu dans ce pays auparavant car «le Cameroun a toujours été une terre d’accueil pour les réfugiés, jamais un pourvoyeur!», s’est-il insurgé.
Par Sputnik
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