A l’occasion d’une rencontre à Istanbul, les présidents russe et turc ont appelé mercredi à un cessez-le-feu à Tripoli alors que dans le même temps l’UE promettait à Fayez el-Sarraj le chef du gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale, d’intensifier ces efforts pour trouver une solution pacifique.
Un étrange ballet diplomatique s’est déroulé mercredi à Istanbul, Bruxelles et Rome. La déclaration la plus surprenante est venue d’Istanbul où Recep Tayyip Erdogan et Valdimir Poutine ont tous deux appelé à un cessez-le feu. Un arrêt des hostilités qui doit débuter le 12 janvier à minuit.
Cet appel est d’autant plus inattendu que les deux pays s’opposent en Libye. La Turquie défend le Gouvernement d’union nationale alors que la Russie appuie le maréchal Haftar. Dans leur déclaration commune, les présidents turc et russe ont également exprimé leur soutien à la tenue d’une conférence internationale en janvier à Berlin, conférence qui doit permettre de relancer le processus politique sous l’égide des Nations unies.
Bruxelles et Rome
Un rendez-vous auquel l’Union européenne a également apporté son plein soutien mercredi. Josep Borrel, le chef de la diplomatie de l’UE et Charles Michel, le président du Conseil européen, recevaient à Bruxelles Fayez el-Sarraj. Les deux hommes ont promis au chef du gouvernement libyen que l’UE intensifierait ses efforts pour trouver une issue pacifique au conflit. Selon le ministre allemand des Affaires étrangères, le chef du GNA aurait réaffirmé son soutien à une solution politique et au processus de Berlin.
Dans le même temps, le maréchal Haftar rencontrait à Rome Giuseppe Conte. Le chef du gouvernement italien a mis en garde contre « les risques pour la stabilité de la région tout entière » et « a appelé à l'abandon de l'option militaire ». Giuseppe Conte devait ensuite s'entretenir avec Fayez el-Sarraj mais ce dernier a finalement annulé sa venue. Le chef du gouvernement libyen aurait été « très irrité », selon plusieurs titres de la presse italienne, de voir son adversaire reçu en grandes pompes par son allié italien.
Réunion au Caire
Par ailleurs, les ministres des Affaires étrangères d’Égypte, de France, d’Italie, de Grèce et de Chypre ont tenu au Caire une réunion de coordination sur les tensions dans l’est de la Méditerranée et sur la situation en Libye après l’approbation par le Parlement turc d’y envoyer des militaires.
Les ministres des Affaires étrangères ont envoyé à la Turquie un message d’avertissement, demandant à Ankara de respecter la législation internationale en ce qui concerne le partage des eaux économiques de la Méditerranée. Un sujet que l’Égypte, la Grèce et surtout Chypre considèrent prioritaire au regard des prétentions turques sur des eaux, riches en champs gaziers, et que ces pays considèrent comme leur appartenant.
Ils ont aussi demandé à la Turquie de respecter les résolutions du Conseil de sécurité sur la Libye interdisant toute intervention militaire étrangère ou envoi d’armes. Un sujet qui préoccupe l’Italie, la France et surtout l’Égypte. Des terroristes islamistes venus de Libye ont perpétré plusieurs attentats dans l’ouest égyptien. Un phénomène en nette régression depuis la montée en puissance du maréchal Haftar.
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