Donald Trump devrait être inculpé mercredi dans le cadre de la procédure de destitution. Une
procédure rare qui ne l'inquiète pas.Le moment est historique. Après Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998 (Richard Nixon avait démissionné avant le vote en 1974), Donald Trump devrait devenir cette semaine, et sauf surprise, le troisième président américain à être formellement "impeaché" (inculpé). Pourtant, contrairement à 1974 ou 1998, le soufflet semble être retombé, avant même le vote formel de la chambre des Représentants prévu théoriquement mercredi. Le JDD vous explique pourquoi.
1 - Parce que Trump a fait exploser les normes
C'est un moment toujours solennel et grave dans la démocratie américaine. Mercredi, les députés de la Chambres des représentants (à majorité démocrate) devraient voter en faveur de l'inculpation de Donald Trump pour abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès. Selon les termes de la Constitution, tout président américain peut être destitué en cas de "trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs."
L'ex-magnat de l'immobilier avait déjà fait face à des accusations d'agressions sexuelles de dizaines de femmes. Il a affronté une enquête de près de deux ans du procureur spécial Robert Mueller sur des soupçons de collusion avec Moscou. Il a aussi mis en cause pour des allégations de conflit d'intérêts entre la fonction présidentielle et ses affaires. Il a surmonté toutes ces accusations. "Il a déjà dépassé toutes les limites et les codes depuis le début de sa présidence", rappelle le chercheur à l'Iris Jean-Eric Branaa, interrogé par le JDD. Dès lors, la procédure d'impeachment semble moins spectaculaire contre un président hors-norme.
Contrairement à Bill Clinton qui s'est âprement battu pour son acquittement au Sénat à la fin des années 1990, et Richard Nixon, qui a démissionné en 1974 afin d'éviter une destitution certaine dans l'affaire du Watergate, Donald Trump a aussi su bien mieux gérer cette première phase de combat de l'impeachement. En effet, le président américain adore combattre ses adversaires politiques et se retrouver sur le ring. Ce que lui permet la période . "Dans une période de grande tension, ce moment est fait pour une personne comme lui", commente Rich Hanley, professeur de communication à l'université Quinnipiac, interrogé par l'AFP.
2 - Parce que les démocrates ont fait une erreur stratégique
Fallait-il tout miser sur l'affaire ukrainienne? Début septembre, les démocrates décident de lancer la procédure d'impeachment contre Donald Trump, en s'appuyant sur les révélations d'un lanceur d'alerte de la CIA. Une erreur, selon le chercheur à l'Iris Jean-Eric Branaa : "Les démocrates ont fait une erreur terrible en pensant qu'ils tenaient la bonne affaire et que l'histoire serait facile à raconter au peuple américain. Ce qu'ils avaient oublié, c'est qu'il n'existe pas de preuve formelle de le corruption de Donald Trump dans cette affaire ukrainienne. Il y a que des interprétations ou des supputations."
Le président américain a su lui parfaitement utiliser cette procédure. L'homme d'affaires a enchaîné les meetings afin d'exacerber le sentiment d'injustice auprès de sa base, dénonçant en boucle une "chasse aux sorcières". "Nixon et Clinton s'étaient largement mis en retrait. Trump a plongé dans la mêlée de façon répétée", analyse Allan Lichtman, professeur d'histoire à l'American University, cité par l'AFP. "Il assume totalement."
Conséquence : Donald Trump résiste bien dans les enquêtes d'opinion. Selon un sondage de l'université Quinnipiac, sa cote de popularité a atteint lundi un plus haut depuis le début de son mandat, à 43% d'opinions favorables. Cette procédure de destitution est "une chose très triste pour notre pays", a-t-il déclaré la semaine dernière. "Mais il semble que cela soit très bon pour moi politiquement."
3 - Parce que la campagne électorale débute bientôt officiellement
La procédure de destitution contre Donald Trump a été lancé au milieu d'une année électorale. Les primaires démocrates commencent en février 2020. L'élection générale aura lieu en novembre 2020. Théoriquement, la procédure devrait être terminée en janvier sans trop de dommages pour lui. "Les Républicains essayent de se débarrasser très vite de cette affaire là pour pouvoir commencer leur campagne électorale, estime Jean-Eric Branaa. Paradoxalement, Donald Trump essaye, lui, de freiner la procédure. Plus cela dure, plus on parle de lui à la télévision sans évoquer ses adversaires démocrates."
Le président américain sait aussi qu'il n'a rien à craindre. Sauf énorme surprise, le parti républicain qui contrôle la chambre haute devrait l'acquitter sans problème lors du procès au Sénat. "La vraie raison pour laquelle les républicains doivent défendre Donald Trump est que tout ce qui leur reste, c'est Donald Trump", estime le professeur Lichtman.
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