Au Soudan, le Premier ministre de transition Abdalla Hamdok s'est rendu ce lundi au Darfour. Une région en conflit avec le pouvoir central de Khartoum depuis seize ans. Abdalla Hamdok a rencontré des déplacés.
Une visite hautement symbolique, car le Darfour comme d’autres provinces s’est toujours senti marginalisée par le pouvoir de Khartoum. C’est bien pour cela que plusieurs mouvements rebelles ont pris les armes contre le régime de l’ex-président Omar el-Béchir. C’est un signal fort envoyé de la part de ce nouveau Premier ministre.
Abdalla Hamdok s’est rendu, ce lundi, dans plusieurs camps de déplacés dans la ville d'el-Fasher, capitale du Darfour du Nord. Selon l’ONU, la région compte 2,5 millions de déplacés en raison de la guerre. Des victimes qui demandent qu’on leur rende justice pour les crimes commis durant le conflit par les Janjawid, une milice armée, recrutée par Khartoum pour réprimer la rébellion au Darfour et dont certains leaders sont accusés de crime de guerre.
« Pas de justice, pas de paix au Darfour »
Le Premier ministre a semble-t-il entendu ces demandes. « Je connais vos revendications », a répondu Abdalla Hamdok. « Nous travaillerons tous ensemble pour satisfaire vos demandes et assurer un retour à une vie normale », a-t-il ajouté, alors que la foule scandait « pas de justice, pas de paix au Darfour ». Des déplacés par la guerre qui veulent rentrer chez eux et qui veulent que ceux responsables d’exactions soient traduits en justice. En ligne de mire, l’ex-président Omar el-Béchir, ainsi que certains leaders des Janjawid.
Un certain espoir
Pour Hussein Harran, leader étudiant du Darfour, le simple fait que le Premier ministre se soit déplacé dans cette région est en soit un signe de sérieux.
« C’est très positif, dit-il, cela veut dire qu’il est sérieux, qu’il veut la paix au Darfour. Dans ses discours, il a toujours dit que la paix était la priorité dans ce pays. Certaines personnes ne sont pas de cet avis et ont manifesté lors de sa venue. Ces gens veulent qu’Omar el-Béchir soit envoyé à la CPI, ils veulent la justice avant la paix. Mais nous pensons qu’il faut d’abord la paix, et la justice viendra. »
Pour Mohamad Abduma, président de la Ligue des droits de l’homme du Darfour, la visite d’Abdalla Hamdok est un signe positif.
« Il faut qu’il voit les problèmes des gens du Darfour, des déplacés et la souffrance de ceux qui vivent dans les camps. Il a pu entendre que ces gens veulent rentrer chez eux, mais ne peuvent pas. Cette visite est une très bonne chose, il a pu entendre tout cela directement de la bouche des habitants du Darfour. »
Même s’il y a eu ces derniers mois un accord entre l’opposition et les militaires pour un gouvernement civil, une transition, le problème de ces régions en conflit, que ce soit le Darfour, mais aussi le Kordofan du Sud ou encore le Nil Bleu, n’a pas encore été réglé. Ces mouvements rebelles existent toujours et demandent que leurs revendications soient adressées avant qu’ils ne déposent les armes. D’où l’importance et l’urgence pour ce nouveau Premier ministre de faire savoir qu’il a entendu leur demande et qu’il va s’y atteler.
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