
Pour la réconciliation et le retour définitif de la paix en Côte d’Ivoire, où une crise postélectorale a
occasionné plus de 3.000 morts en 2010-2011, le retour des exilés et la libération des prisonniers politiques sont indispensables. C’est ce qu’a affirmé dans un entretien à Sputnik Khaza Kakry, un cadre du FPI, le parti de Laurent Gbagbo.
occasionné plus de 3.000 morts en 2010-2011, le retour des exilés et la libération des prisonniers politiques sont indispensables. C’est ce qu’a affirmé dans un entretien à Sputnik Khaza Kakry, un cadre du FPI, le parti de Laurent Gbagbo.
La situation sociopolitique en Côte d’Ivoire est «alarmante et explosive».
Pour bien comprendre l’analyse que Jean Blaise Ayemené, alias Khaza Kakry a livrée à Sputnik, un retour en arrière s’impose. La Côte d’Ivoire est en effet encore marquée par la crise postélectorale de 2010-2011 et ses plus de 3.000 morts, selon le décompte officiel. Outre les victimes, cette crise a occasionné le départ en exil de milliers de personnes et l’emprisonnement de centaines d’autres, proches pour la plupart du Président sortant Laurent Gbagbo.
© Photo. Khaza Kakry
Khaza Kakry, cadre du FPI, président du REZOPANACOM
Khaza Kakry: «En effet, je suis en exil au Ghana, où je suis revenu après un passage au Benin. Comme vous pouvez l’imaginer, j’ai quitté mon pays pour sauver ma vie, car, en 2011-2012, il ne faisait pas bien d’être un pro-Gbagbo actif et demeurer en Côte d’Ivoire. Soit tu allais en prison, si tu avais la chance d’échapper à la mort, soit tu devenais un clandestin dans ton propre pays. Je profite donc de l’occasion que vous m’offrez pour saluer les autorités et peuples de tous les pays, en l’occurrence le Ghana et le Benin, qui ont ouvert leurs territoires aux dizaines de milliers d’Ivoiriens qui fuyaient la guerre et la mort.»
Sputnik: Combien de personnes sont en exil, comme vous?
Khaza Kakry: «Les Ivoiriens en exil dans la sous-région ouest-africaine peuvent tourner, approximativement, autour de 10.000 à 15.000 personnes.»
Sputnik: Actuellement, l’opposition ivoirienne réclame avec force le retour de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, ainsi que le retour des exilés et la libération complète des prisonniers politiques. Ce sont là, d’après vous, des préalables indispensables pour la réconciliation en Côte d’Ivoire?
Khaza Kakry: «Comme le mot préalable gêne certains et leur donne l’impression que nous sommes rigides sur certains points, alors pour vous répondre, je préfère dire que les éléments visibles de la persistance de la division et de la fracture sociale sont le fait d’avoir encore des dizaines de milliers d’exilés et de nombreux prisonniers politiques, parmi lesquels le Président Laurent Gbagbo et son ex-ministre Blé Goudé.
Vous conviendrez avec moi qu’on ne peut être en prison ou avoir ses proches en prison, être en exil ou avoir ses proches en exil, et être en paix dans une bonne disposition d’esprit. Ces facteurs sont donc parmi les éléments principaux de la réconciliation nationale, sinon les principaux. Libérons donc les prisonniers politiques, faisons rentrer en sécurité les exilés, et nous aurons fait un bond qualitatif sur le chemin de la réconciliation.»
Sputnik: Que pensez-vous de la situation sociopolitique qui prévaut en Côte d’Ivoire?
Khaza Kakry: «C’est une situation des plus alarmantes, explosives. La rigidité avec laquelle le régime d’Alassane Ouattara gère le pays, la paupérisation grandissante, le bâillonnement des libertés, l’absence d’ouverture sur les questions électorales, notamment la question de la CEI [Commission Électorale Indépendante], ne sont pas des facteurs qui favorisent la paix sociale. La Côte d’Ivoire traverse une zone de turbulence que nous devons régler au plus vite, au risque de retomber dans une crise plus grave que celles que nous avons connues jusqu’à présent.
Il nous faut, gouvernement, opposition, leaders religieux, société civile, tous nous retrouver dans un véritable dialogue autour de la paix et de la réconciliation nationale. Le gouvernement a le devoir de faire preuve de beaucoup de flexibilité et d’ouverture pour assurer, rassurer et apaiser. Nous ne voulons plus de guerre, nous devons donc travailler pour atteindre un niveau satisfaisant de paix et réconciliation. Objectif qui est malheureusement loin d’être atteint pour le moment.»
Notre structure est composée d’hommes et de femmes formidables, qui se battent de façon bénévole contre les puissants réseaux mafieux de ce monde. Nous sommes des panafricains au sens pur du terme et nous jouons humblement notre partition aux côtés de plusieurs organisations. Nous travaillons donc à la désaliénation de l’homme noir, à la lutte contre la propagande impérialiste, à l’unité africaine, au développement de nos États et à l’affirmation de l’homme noir, non pas comme une race supérieure, mais comme un Homme ayant les mêmes droits et devoirs que tout Homme sur Terre.»
Sputnik: Le REZOPANACOM a par le passé plusieurs fois fait état de menaces dont ses membres auraient été l’objet. Est-ce toujours le cas?
Khaza Kakry: «Oui, c’est permanent. Mais on n’en parle pas toujours pour ne pas nous laisser distraire par la peur. Nous restons concentrés sur notre objectif, qui est de participer aux côtés des forces du progrès à établir ou rétablir des États libres, souverains et démocratiques.»
Nous savons que l’objectif est de nous réduire au silence en nous empêchant d’ouvrir le placard insalubre du gouvernement, ce placard rempli d’immondices économiques, politiques et sociales. Mais c’est peine perdue. Les médias publics étant sous contrôle du régime, la presse privée et celle proche de l’opposition étant mises en coupe réglée, la seule véritable voix dont le contrôle échappe à ces gens, ce sont nos écrits sur les réseaux sociaux. C’est notre liberté d’expression sur les réseaux sociaux qui est visée et pour rien au monde, nous ne laisserons Monsieur Adou Richard restreindre ces droits, nos droits.»
Par sputnik
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