La crispation des autorités américaines autour de Huawei, et en particulier autour de la 5G, polarise la
planète entière. De nombreux pays refusent de voir le groupe chinois participer en tant qu’équipementier au déploiement de leur réseau. D'autres hésitent encore, tout en craignant une dépendance au fournisseur chinois.
planète entière. De nombreux pays refusent de voir le groupe chinois participer en tant qu’équipementier au déploiement de leur réseau. D'autres hésitent encore, tout en craignant une dépendance au fournisseur chinois.
Dans le sillage des États-Unis qui, par le décret présidentiel, ont interdit à Huawei l’accès au territoire américain, de nombreux pays boycottent déjà le groupe chinois. C'est le cas notamment de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Le Japon devrait suivre le mouvement sous peu, poussé par Washington. Après de longues hésitations, soucieuse de rassurer ses alliés, l’Italie pourrait également rejoindre le camp des opposants. En Pologne, en Norvège et en République tchèque le pouvoir exécutif s’est ouvertement inquiété des risques liés à Huawei.
Au Royaume-Uni, Theresa May a donné en avril son feu vert à Huawei pour participer de manière limitée au déploiement du réseau 5G. L’entreprise chinoise ne serait pas au cœur du réseau, mais interviendrait sur des infrastructures moins sensibles, comme les antennes des opérateurs télécom. Toutefois, ces mêmes opérateurs, comme EE (anciennement Everything Everywhere) et Vodafone ont suspendu leurs achats de téléphones du géant chinois. EE, qui vient de lancer son réseau ultrarapide, propose à ses clients des mobiles compatibles avec la 5G, mais pas ceux de Huawei. La décision finale du gouvernement britannique devrait être connue dans les semaines qui viennent.
Les soutiens
Dans le camp adverse, l'Allemagne et la Belgique n'ont rien trouvé contre le Chinois. L’équipementier ne sera pas exclu du réseau allemand 5G, malgré le mécontentement des États-Unis, qui menacent de réduire ou de cesser leur coopération en matière de renseignement avec Berlin. Le gouvernement d’Angela Merkel refuse d’être pris en étau dans le conflit entre ces deux géants. La Chine est le premier partenaire économique de l’Allemagne. Quant au Brésil, où Huawei produit deux de ses modèles de smartphones haut de gamme, le gouvernement de Jair Bolsonaro « voit d’un très bon œil » l’entreprise de Shenzhen. De son côté, la Malaisie a indiqué qu'elle allait continuer d'utiliser « autant que possible » ses équipements.
L’Europe en ordre dispersé
En Europe, l’Institut Montaigne penche du côté de ceux qui voudraient plus de régulation dans le déploiement de la 5G. Pour ce centre de réflexion, « l’impossibilité pour Huawei de démontrer l’absence de liens étroits et ineffaçables avec le parti État chinois rendent nécessaire d’écarter cette entreprise des infrastructures à risque ». Suivant ce principe de précaution, l’Institut rappelle que « des solutions industrielles européennes existent en Europe » notamment avec le suédois Ericsson et le finlandais Nokia. Dans la guerre entre les deux géants, il faut « considérer la 5G comme une infrastructure critique au service de la souveraineté européenne ».
Quant à la France, elle demeure hésitante. Le projet de loi anti-Huawei, qui devrait être voté à la fin du mois de juin, fait polémique parmi les opérateurs. Ils veulent rester libres dans leur choix d'équipementiers télécoms, qu’ils soient européens ou chinois.
L’Afrique, terre promise
Banni des États-Unis, suspecté en Europe, Huawei progresse en Afrique. Quelque 660 millions d’Africains devraient posséder un smartphone en 2020. Présent déjà dans une quarantaine des pays, c’est en Égypte que le groupe de Shenzhen va déployer son réseau 5G lors de la Coupe d'Afrique des nations (CAN). En plus de cela, l'entreprise chinoise envisage d'y installer une plateforme de données. Elle a signé un partenariat avec le principal opérateur téléphonique local.
Par Agnieszka Kumor
RFI
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