
Il nous faut beaucoup de modestie pour résoudre le problème du NOSO, car à la vérité, si ce
En effet, sous quelque forme qu’on présente ce problème, quel que soit l’angle abordé, les choses ne se présentent pas du tout comme le Gouvernement et les soutiens à sa position l’avaient espéré.
SUR LE PLAN MILITAIRE, il n’y avait aucun absolument aucun doute dans l’esprit de ces gens qu’une simple escouade de gendarmes allait mettre fin à ce mouvement de désobéissance qu’ils assimilaient à une simple saute d’humeur. Des termes fanfarons émaillaient alors les discours triomphants : « Aka ! C’est une minorité qu’on va réduire à néant en quelques jours! On va les mater ! ».
On y croyait sincèrement et il y avait de quoi ! Notre armée est une entité très professionnelle qui a fait ses preuves en maintes circonstances, quelquefois même contre des ennemis potentiellement supérieurs comme l’armée nigériane ou l’innommable Boko Haram Que pouvait faire une minorité à mains nues ?
Grave erreur d’analyse ! car justement, le Sécession anglophone n’est pas un problème militaire ! C’est un séparatisme, autrement dit, une situation où un segment de la nation éprouve un malaise de vivre avec les autres et décide de partir. C’est une pulsion intime, viscérale contre laquelle aucune contrainte extérieure ne peut rien. On la réduit en négociant un nouveau rapport de cohabitation et non dans la brutalité et la récitation des lois, fussent-elles celles de la République.
De ce point de vue, la voie militaire n’a pas été un choix judicieux. Car loin d’affaiblir le mouvement, elle n’a fait que l’exacerber : sitôt que l’Armée démantelait un groupe séparatiste et éliminait un Chef, d’autres groupes apparaissaient, plus haineux encore, plus déterminés et plus vindicatifs.
On l’a d’ailleurs vu hier encore, juste après le passage du Premier Ministre et une grand-messe à la paix: les séparatistes ont tué deux militaires en plein Bamenda, comme s’ils se moquaient des efforts du Gouvernement. Et s’ils le font en plein Bamenda, qu’en est-il de l’arrière-pays, plus difficile à sécuriser encore ?
SUR LE PLAN ADMINISTRATIF ET SECURITAIRE : il y a à peine 2 ans, le moindre sous-préfet édictait des instructions et la population suivait humblement, sans rechigner. Il était alors inimaginable que des gens puissent révoquer un tel ordre qui paraissait immuable, définitivement établi sur l’airain. Mais les choses ont dramatiquement évolué et rien n’échappe plus à la transgression !
Personne n’est en sécurité et même le Ministre de la Défense a été attaqué à deux reprises avec ses Généraux ! Incroyable ! Les Gouverneurs, représentants du Chef de l’Etat, ne peuvent maintenant se déplacer que sous une véritable armada militaire, ayant d’ailleurs échappé à maintes reprises aux attaques sécessionnistes. Ne parlons pas de tout le reste des représentants de l’Etat dont les enlèvements sont devenus une source de financement des Séparatistes.
En dehors des grandes villes bunkérisées où les responsables de l’Etat grelottent de terreur, c’est l’ordre des Sécessionnistes qui règnent dans les régions rurales. Ce sont les Sécessionnistes qui prélèvent les impôts, qui contrôlent les routes et imposent des péages, et qui régissent l’activité quotidienne des populations à travers leurs Villes Mortes contre lesquelles, désespérément, les autorités se battent. Sans grand résultat !
Impuissant, l’Etat est obligé de recourir à quelques actes de bravade pour faire illusion, comme ces appels surréalistes des agents en fuite pour rejoindre leur poste, ou cette sommation adressée aux Chefs traditionnels à défiler pour le 20 Mai…
SUR LE PLAN ECONOMIQUE, il apparait assez clair que le Gouvernement n’a pas su poser le problème anglophone sous cet angle, ce qui est une grave faute stratégique. Car, l’action classique d’une guérilla sécessionniste, comme d’ailleurs de tout mouvement de libération, n’est pas d’attaquer l’armée nationale qu’elle ne peut pas battre de toute façon, mais de saigner l’Etat à blanc par un effet en ciseaux.
D’un côté, la sécession détruit le système productif sur lequel l’Etat compte pour avoir des ressources. Il s’agit alors de démanteler l’infrastructure économique pour réduire, voire annihiler les recettes de l’Etat dans la zone. De l’autre côté, il s’agit de dériver les quelques recettes obtenues ailleurs vers de lourdes dépenses de sécurité et de reconstruction de manière à ce que l’Etat ne puisse plus rien faire d’autre !
Et de ce point de vue, il faut bien convenir malgré nous que la Sécession réalise son programme diabolique. Ils ont anéanti la CDC, second employeur au Cameroun après l’Etat ainsi que d’autres entreprises majeures, et déstabilisé les réseaux de distribution des grands biens de consommation (boisson, ciments, etc.). La Sécession a ainsi infligé de très lourdes lésions sur le système productif du Cameroun et considérablement contrarié nos capacités à poursuivre les projets d’émergence dont personne ne parle plus d’ailleurs.
SUR LE PLAN FINANCIER : la Sécession saigne la trésorerie de l’Etat à blanc. Sitôt payés les salaires, tout l‘argent va au front anglophone et il n’existe pratiquement plus rien pour les missions régaliennes de l’Etat. Les travaux sont arrêtés partout, toutes les infrastructures se dégradent de manière irréversible comme on le voit avec les routes de Yaoundé! On ne peut plus rien faire d’autre que la guerre et cela ne va pas s’arrêter ! Les dettes accumulées doivent être payées, pendant qu‘il faut sauver le patrimoine productif, alors même que les ressources s’écroulent.
SUR LE PLAN POLITIQUE, contrairement à la guerre de Bakassi, aux exactions de Boko Haram, aux coupeurs de routes et aux débordements de rebelles centrafricains où tous les Camerounais s’étaient alignés derrière le Gouvernement, la guerre dans le NOSO ne suscite aucune adhésion, en dehors de quelques va-en-guerre. Bien plus, ses choix font l’objet de plus en plus de reproches. Le Gouvernement a beau évoqué la nécessité de préserver l’intégrité du territoire, ce que personne ne conteste, on l’accuse d’avoir fabriqué la Sécession par la rigidité cadavérique de son idéologie unitaire, le recours aux principes aériens et l’absence de toute sincérité ;
SUR LE PLAN DIPLOMATIQUE : les espérances que les partisans de la souveraineté avaient sur le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures du Cameroun ont été totalement déçues. Des puissances majeures telles que les USA, l’Union Européenne ou la Grande-Bretagne se sont clairement mêlées de nos affaires, et pas nécessairement en faveur du Gouvernement, bien au contraire ! Ces puissances nous ont conduits à l’ONU, et même si cela reste informel, il est certain que la situation va évoluer. Nous sommes maintenant contraints de rechercher des soutiens en Chine et en Russie, mais le fait même qu’on en arrive là est la preuve que la crise s’est internationalisée et que nous avons perdu tout contrôle.
SUR LE PLAN DE L’IMAGE, même si les deux protagonistes ont perdu, c’est le Gouvernement qui a le plus perdu parce que c’est précisément lui qui avait le plus à perdre. La moindre bavure des Forces de défens et de sécurité est ainsi montée en épingle, quand les atrocités de la Sécession comme le démembrement vivant ou l’enterrement vivant des soldats passent pour des faits divers, à peine mentionnés.
Des ONG s’acharnent comme des hyènes sur le Cameroun, créant du régime de Biya l’image d’une dictature périmée, bornée et sanguinaire
Des ONG s’acharnent comme des hyènes sur le Cameroun, créant du régime de Biya l’image d’une dictature périmée, bornée et sanguinaire
SUR LE PLAN DES POSTURES, c’est le Gouvernement qui a cédé en revenant sur sa position radicale au sujet de la forme de l’Etat, au moment même où les Chefs de la Sécession, y lisant un signe de faiblesse, accroissent leur intransigeance.
Bref, quel que soit l’angle par lequel on le prend, c’est le Gouvernement qui est mal en point. Bien entendu, comme tout boxeur qui encaisse durement un uppercut, il avale la salive, dandine et sort les yeux pour prouver son courage. Mais sans faire grande illusion.
Et il faut le dire sans fioriture : dans cette histoire, c’est l’Etat qui est en position de faiblesse ! Il a clairement mal joué. Il s’est mépris sur la profondeur de la haine accumulée contre l’Etat unitaire et ses « unité nationale administrative », il s’est illusionné sur les assurances données par la haute élite bureaucratique anglophone qui a perdu toute attache avec la base, il s’est totalement trompé sur la nature de la Sécession.
Et c’est pour n’avoir pas tenu compte des avis éclairés des vrais patriotes qu’on en est là !
Il ne faut pas se bercer d’illusions : si le Gouvernement ne réoriente pas fondamentalement sa stratégie, il connaîtra une lourde défaite ! Il ne connaîtra pas une défaite militaire, la Sécession n’ayant pas les moyens de battre l’Armée Nationale. Cette défaite sera économique avec l’effondrement du PIB et des recettes extérieures qui vont multiplier le chômage et la misère dans une Economie déjà mal en point.
Elle sera financière, quand le Gouvernement n’aura plus les moyens de poursuivre la guerre tout en assumant ses autres missions, et qu’il sera contraint d’expliquer aux Camerounais qu’il ne peut plus payer les salaires parce que la crise anglophone absorbe toutes les ressources.
Elle sera financière, quand le Gouvernement n’aura plus les moyens de poursuivre la guerre tout en assumant ses autres missions, et qu’il sera contraint d’expliquer aux Camerounais qu’il ne peut plus payer les salaires parce que la crise anglophone absorbe toutes les ressources.
Elle sera diplomatique, car la recherche des appuis extérieurs contre d’autres appuis extérieurs préfigure d’un rapport de force d’équilibre qui ne peut plus être totalement en faveur de la position du Gouvernement.
Mais la défaite n’est pas encore consommée et il y a des motifs d’espérance. Le Dialogue annoncé ouvre une lueur d’espoir, à condition que le Gouvernement soit sincère et renforce considérablement le seul camp qui peut faire contrepoids aux Sécessionnistes, à savoir les Fédéralistes.
La première mesure à prendre est de débarrasser le Cameroun de tous les responsables qui ont aggravé la crise, à travers des fanfaronnades, des insultes et des provocations. Il s’agira de nommer un Gouvernement d’Union Nationale avec des Fédéralistes reconnus du RDPC, mais aussi des figures marquantes du SDF.
Si le Président de la République qui vient d’être élu dispose de la légitimité de piloter ces réformes, tout son entourage de Théoriciens de l’Etat unitaire doit disparaitre du paysage politique du Cameroun ! Ce sont des gens qui nous ont créé trop de problèmes et qui vont continuer à en créer, ne serait-ce que par leur présence qui conforte l’image d’un régime entêté et obtus !
Un remaniement ministériel s’impose donc, comme s’impose la nécessité de proclamer en anticipation l’Etat Fédéral.
Parce que si le Cameroun attend, se reposant sur des assurances fallacieuses de ses va-t-en-guerre, cela va se passer mal pour nous tous. Car il y aura effectivement un dialogue. Un dialogue qui ne portera pas sur la Sécession que personne ne peut accepter, mais sur une Confédération en deux Etats. Pire qu’en 1961.
Et la Défaite du gouvernement sera définitivement consommée !
Exactement comme Dieudonné ESSOMBA l’avait prévu il y a 3 ans !
Dieudonné ESSOMBA
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