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CAMEROUN: A PROPOS DES TRAITRES par Patrice Nganang

A PROPOS DES TRAITRES

par Patrice Nganang
Biya a une seule arme qui fonctionne toujours avec l'opposition, et elle date de 1956: c'est la triangulation. La triangulation c'est quoi? C'est trouver une personne tres proche de la personne maitresse, du leader quoi, son bras droit et l'acheter. La personne travaillera plus que tout le monde, sera toujours la a 6h du matin, car en fait la personne est payee, deviendra tres populaire autant avec le leader qu'avec les gens autour du leader, et au dernier moment, au tout dernier moment, la personne-la soudain disparaitra - comme pour aller chier, quoi. Et reviendra seulement quand Biya sera deja declare vainqueur, pour recommencer avec le bruit, le bruit et le bruit. Exemple: durant l'election de 2011, j'etais toujours tres actifs, et travaillais quasiment en tandem avec un jeune qui s'appelle Patrick M'balla(Photo). Oui, Patrick M'balla. Il avait alors un groupe FB qui s'appellait 'Le groupe de campagne de l'opposition camerounaise', groupe tres populaire ou tout ce qui etait opposition publiait. On se parlait constamment au telephone pour harmoniser nos positions, pour 'aller au front', comme on disait, pour en quelque sorte nous syncher. Et sur le terrain evidemment il y'avait des gens, mais regardons seulement ce que Patrick M'balla fait aujourd'hui pour comprendre ce que la triangulation veut dire. Il est clair en effet que sa presence comme 'opposant', avait pour but une seule chose: trianguler l'opposition, en occupant l'espace central d'expression de celle-ci. Le triangulateur est ce que, dans le langage camerounais, on appelle tout simplement un traitre.
Je n'ai jamais compris ce que ca rapporte a des jeunes camerounais d'etre des traitres. Je suis de la generation des annees de braise, Parlementaire. La traitrise, je l'ai vue - Ngoufack est le traitre de notre generation. Les morts qu'il a causes aussi. Trente ans apres, sa traitrise ne lui a rien donne de bon, rien du tout. Et ceux qu'il trahissait, quant a eux, ont bien fait leur vie, et s'en sont plutot bien sortis. Aujourd'hui encore nous sommes mis devant le meme dillemme - la traitrise, c'est-a-dire en fait, la triangulation. Quiconque a mon age, a traverse ce pays durant certains de ses moments les plus difficiles donc, reconnait la triagulation quad elle se presente. Ma reaction n'est jamais de l'ecarter, bien au contraire. Je l'embrasse. J'embrasse le traitre. Je le laisse travailler. Mieux: je le fais travailler. Je tire de ce fait les lecons de ma generation, et surtout des Parlementaires qui disaient ceci aux espions: 'fais ton travail.' Et a tout le monde: 'laissez-les faire leur travail.' Cela est si evident pour moi que je n'aurais aucun probleme a recruter un espion, car, parce qu'il est paye pour faire son travail de traitrise, et surtout, parce qu'il a tout interet a se faire aimer par le leader et par le peuple, il travaillera plus que tout le monde. Un sur-energie qui est si epuisant, et qui me fait toujours rire, car l'espion en general n'a rien d'autre a mettre sur la table que son propre echec. C'est-a-dire que dans le systeme du pouvoir, il demeure bien trop souvent au bas de l'echellon du mangement qui lui fait accepter ses trente pieces de Judas. Et c'est cela qui me fait rire au fond.
Car la verite est celle-ci: un leader sait toujours clairement ce qu'il veut, et pour ce qui me concerne, je le sais depuis que j'ai quatorze (14!) ans! Ma devise etait alors: et s'il n'en faut qu'un, je serai celui-la. De Victor Hugo. Je savais que Biya est un criminel qui doit etre chasse, et meme s'il mourrait au pouvoir, le peuple ira chier sur sa tombe. Cela je le sais encore, et c'est ainsi que ca va se passer, chose que les espions, les traitres, les triangulateurs ne peuvent et ne pourront pas changer. J'ai grandi a Yaounde, la ville de la triangulation, et de l'espionnage le plus sophistique dans toute l'Afrique, mais aussi la ville la plus pauvre de toute cette Afrique-la. La ville donc, qui n'a aucune industrie, qui n'a aucune manufacture sauf la Brasserie, la ville en fait, qui ne vit que des fonctionnaires, dont le salaire c'est 80,000Fcfa. Il est essentiel de se rendre compte de la pauvrete de cette ville et du Yaoundeen, du Yaounde on dirait d'ailleurs. Pauvrete extraordinaire, car j'ai aussi vecu dans de nombreuses villes africaines, et occidentales. La tratrise ne produit rien, encore moins la richesse du traitre. Voila ce dont je me suis rendu compte durant ma vie. Mais aussi, ce que j'ai vu, c'est que les traitres n'ont jamais pu m'empecher de faire ce que je voulais faire - a Yaounde, avec Generation Change, des ponts ont ete construits, et ils sont utilises, des batiments ont ete construits, et ils sont utilises, des gens se sont mobilises, et le travail a ete fait, bien que dans mon equipe, et je le sais, il y'avait de nombreux triangulateurs, de nombreux traitres donc. Le travail a ete fait, et c'est la seule chose qui compte. Il y'a donc tache a faire devant nous, et elle sera faite, car nous avons pris le pouvoir.

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