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Crise Anglophone au Cameroun: Témoignage d'un francophone qui vient de quitter Kumba pour sauvé sa vie

Témoignage: « Tout le monde à Kumba sait que je suis francophone. Même si mes enfants y sont
tous nés et bilingues. La semaine dernière, un gars toque à la porte bruyamment et avec insistance. J’hésite à ouvrir à une heure si avancée de la nuit. Je lorgne par une lucarne et entrevoit un jeune visiblement du coin, le visage noyé dans les fumées d’une cigarette étrange qu’il tient sur les lèvres. Il a l’air ivre. Son accoutrement rappelle celui des délinquants de Kumba Fiango. Mais il m’interpelle par mon nom et m’ordonne d’ouvrir la porte sans crainte car il a un message pour moi. Sur son instance, je mets les enfants à l’abri dans les chambres et m’exécute. Il entre gaillardement dans mon salon, et d’un air de nouveau maître des lieux il me parle calmement « Mister B. Je suis envoyé par le Ambazonian Defense Force ». Nous savons qui tu es. Mais tu peux continuer à rester ici si tu nous soutiens. Tu dois choisir entre nous soutenir financièrement ou spirituellement » - je lui rétorque que je n’ai aucune compétence spirituelle qui puisse les aider. Il me demande donc de fouiller ma maison et de lui ramener quelque chose pour le « struggle ». Le ton est calme mais intimidant. L’homme est dans un aura qui n’est pas le sien mais qui transpire la mort. Je reviens de ma chambre avec quelques billets de banque que je lui tend. Il me demande de les jeter au sol, comme on procède pour payer la consultation chez les guérisseurs traditionnels. Il les ramasse ensuite et les enfouis dans la poche arrière de son jean troué. Il tire encore sur ce qui lui sert de cigarette et en répand la fumée nauséabonde dans mon salon. J’entends ma fille tousser depuis sa cachette. Il me dit que ceux qui croient en la « struggle » auront la vie sauve. Il ressort comme s’il quittait son lit. Je ferme doucement la porte après lui, les images de quelques victimes tragiques défilent rapidement dans mon esprit. Je me dirige machinalement vers ma chambre et secoue ma femme. « Lève-toi; fasions nos bagages! Il nous faut partir d’ici demain matin sinon, nous finirons morts. Je suis arrivé à Douala hier avec toute ma famille, juste avec le strict minimum. Cette crise va durer des années. Quand c’était juste des revendications, tout le monde les supportait. Mais aujourd’hui, tous les jeunes voyous ont trouvé le moyen de l’argent facile. Pour te régler ton compte, il suffit que ton ennemi répande la rumeur que tu parles en mal des ambazoniens. Le lendemain on te retrouve mort. C’est pire que la dictature». Propos recueillis par Djiderin Tieword.

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