NGANANG DEVANT LE CONGRÈS AMÉRICAIN : TRAITRE OU HÉRAUT ?
Il est venu chez les siens, et les siens l’ont exilé pourrais-je dire du professeur Patrice Nganang, paraphrasant cette célèbre phrase du « prologue de Saint Jean ». Car un prophète n’est véritablement méprisé que dans sa patrie. Le problème ici c’est que, ce « prophète » est plus que jamais controversé, depuis son affiliation à la cause anglophone ; les Ambazoniens viennent de le nommer général à titre honorifique. Ai-je besoin de rappeler sa double nationalité camerounaise et américaine ?
Depuis l’annonce de son entretien devant le Congrès des États-Unis d’Amérique, une certaine opinion exclusivement francophone, n’a de cesse grosso modo, de le dépeindre partout comme un traitre, à la « nation » camerounaise. Et pour cause, après ses entretiens et ses observations directs au Nord-Ouest et au Sud-Ouest Cameroun, il édifiera cet illustre Congrès sur ce que l’on appelle désormais ici « crise anglophone », « génocide anglophone » ou « guerre civile », selon les sensibilités des uns et des autres.
Selon cette même opinion, « le linge sale se lave en famille ». Alors Nganang profitant de son moment de gloriole, du buzz dont il est l’objet aujourd’hui, se rend inéluctablement coupable du crime de haute trahison, car il s’en va débiter son baratin sur les droits de l’homme en hochant gravement la tête, comme s’il avait cure des malheurs des Camerounais.
Cette opinion qui le qualifie mêmement de cheval de Troie américain, craint leur ingérence, à leur seul profit. Elle n’hésite pas à prétendre nous mettre en garde. À Nganang, elle prédit la perte définitive de l’estime de ses pairs (au premier chef Mathias Éric Owona Nguini je présume. Ce va-t’en guerre et ses pairs neutres ont eux-mêmes quelle estime ?) ; et la légitimité de se proclamer patriote d’un pays qu’il va traîner dans la boue.
Au peuple camerounais, elle le met en garde, en prenant l’exemple de la Lybie après Kadhafi (ils oublient le Rwanda où personne n’ait intervenu : le résultat est une page très triste de son histoire. S’il ne dépendait que d’eux, ces néo-patriotes auraient voulu que les Anglophones se laissassent massacrer sans riposter). Pourtant, le pourrissement politico-économique actuel, est la conséquence du cynisme et de l’égoïsme des dirigeants du régime, qui veulent nous faire croire que, si nous chassons le papy-tyran, le déluge occidental s’abattra fatalement sur nous après lui. Le papy-dictateur est donc présenté par eux comme une espèce de digue protectrice, servant de bouclier contre le débordement des flots en furie, poussé par Trump.
Camerounais(e)s, la vérité est que, sentant le pouvoir leur échapper, ils planifient systématiquement l’incompétence du futur Président issu de la volonté du vrai Peuple. Quand il sera aux commandes, ils auront déjà fui le pays, protégés par leur double nationalité. Dans le chaos qui se présentera et qu’ils auront voulu, l’on culpabilisera en regrettant la dictature biyaïenne. Alors ces architectes apocalyptiques, reviendront au Cameroun en Messie-Sauveur. Voilà leur plan b qu’ils espèrent, si le papy-président est chassé demain. Quelle mesquinerie ! Tout cela c’est une fausse victimisation doublée d’un répugnant transfert de culpabilité. En somme, une projection de soi sur autrui ; car lorsqu’on veut noyer son chien, ne l’accuse-t-on pas d’avoir la rage ?
L’appel subit d’une certaine opinion francophone au patriotisme, qui est lancé depuis le début de la crise anglophone, témoigne que ce régime luciférien est aux abois. Nous devons lui porter le coup de grâce. Le vrai patriotisme, c’est d’abord pour le partage équitable du pouvoir et des richesses nationales et non pour la préservation des seuls intérêts égotistes d’une oligarchie. Où est ce sentiment patriotique lors de la publication des résultats de l’ENAM et autres concours administratifs ? Où est ce sentiment patriotique quand les crimes rituels font rages, quand les bébés sont volés dans les hôpitaux publics, ou quand les enfants disparaissent chaque semaine sans la moindre compassion nationale, comme c’est le cas ailleurs ? Cessez cette hypocrisie ! Où est le sentiment patriotique quand les moribonds dirigeants s’en vont bénéficier de meilleurs soins de santé à l’Étranger ou lorsque leurs enfants y vont faire leurs études ? Améliorer efficacement le système éducatif et le système de santé pour tous, c’est aussi cela le vrai patriotisme.
Quand il fallait dialoguer entre nous, n’ont-ils pas dit qu’ils ne négocient pas avec les « terroristes » et que force reviendra à la Loi ? Loi, qu’ils sont les premiers à cocufier. Ce ne sont pas les mêmes qui ont déchu Nganang de sa nationalité camerounaise, et qui viennent parler aujourd’hui de traitrise ? Jusqu’au sommet de l’État, ils sont pléthoriques, à bénéficier d’une double nationalité ainsi que leur famille. Sont-ils plus patriotiques que Nganang ? Pour votre gouverne, l’humanisme, la liberté, la justice, etc. ne connaissent pas de nationalité. Partout où ces valeurs sont hypothéquées, il est du devoir de tout être humain d’où qu’il vienne, de les restaurer, peu importent les moyens utilisés. C’est de l’assistance à personne en danger.
Il y a belle lurette que ce pays est dans le sang et la merde : Nganang n’y est pour rien. Depuis la mort du premier Anglophone exécuté par les sbires, nous avons perdu l’hypothétique paix dont se targuait ce régime. Nous sacrifierons s’il le faut, la tranquillité qu’il nous reste par endroits, pour le règne d’un État de droit, dont les nombreuses violations nous révoltent. Après la pluie, même torrentielle, c’est toujours le beau temps. Faire un procès à Nganang parce qu’il livrera au Congrès américain des secrets de Polichinelle sur les crimes de guerre, c’est faire un procès à la Démocratie, aux Droits Humains universellement reconnus. Il ne fallait pas les jeter en pâture, si vous ne vouliez pas de « l’ingérence » américaine.
Si au Cameroun la Presse, l’opposition et la Société civile n’étaient pas muselées, camisolées, castrées et parfois fusillées ou empoisonnées, si nous avions des institutions libres et fortes, respectant les valeurs démocratiques, si notre armée était républicaine, Nganang n’aurait pas eu besoin de mendier l’aide internationale.
Où devait-il donc s’exprimer ? Devant le Sénat camerounais là-bas où l’on a entendu un Sénateur recommander à son fils militaire de tuer 30 Anglophones ? Peut-être devant l’Assemblée Nationale, où tout débat sur les massacres des sbires en zone anglophone est proscrit ? Vous n’êtes pas encore aux abois. Avez-vous oublié le rôle de l’écrivain dans la société ? Quand tout semble ténèbres au milieu d’une mer agitée, l’écrivain demeure le phare salutaire qui montre la voie. Par effet pervers, l’ouvrage de Patrice Nganang LA RÉVOLTE ANGLOPHONE que vous venez d’interdire de vente au Cameroun, sera un best-seller loin devant Le Code Biya.
Les mêmes qui ont participé à tailler la Constitution sur mesure, formater l’appareil électoral et rédiger le code électoral en leur faveur, viennent ensuite inviter le Peuple aux urnes : c’est un marché de dupes. Nous n’allons plus faire semblant d’être un État démocratique. Il faut se retrouver dans la sphère domestique avec les fonctionnaires, pour palper les frustrations de la grande majorité d’entre eux, sujets au mutisme imposé par le « droit de réserve ». Les mêmes seront prompts bientôt à déserter leurs bureaux, pour aller faire publiquement la campagne de celui-là qu’ils maudissent en privé. Un comportement digne des personnes souffrant des troubles bipolaires ou du syndrome de Stockholm. Soyons vrais et cohérents en faisant ce que nous disons et en disant ce que nous pensons.
Tara Nganang, quand tu seras devant le Congrès américain, dis leur bien qu’ici nous sommes entre le marteau et l’enclume : une justice de façade et une armée criminelle. Rappelle-leur que Laurent Esso a envoyé les Services Secrets aux trousses des activistes qui luttent pour les Droits Humains ici et à l’extérieur. Dis leur aussi que, s’ils se décident à parachuter les armes, qu’ils n’oublient pas d’y introduire la notice en français, car beaucoup de Francophones sont prêts à lutter aux côtés de leurs frères Anglophones.
Tara Nganang, mon dernier conseil est celui que m’avait donné une fois mon feu père : « peu importe l’adversaire, peu importe l’adversité, même seul envers et contre tous, parle toujours comme un homme libre ». Ce 7 juin, face aux Congrès des États Unis d’Amérique, pour l’écrivain de renom que tu es, fais tienne cette célèbre citation d’Aimé Césaire dans Cahier d’un retour au pays natal, « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir » depuis 36 ans déjà…
Depuis l’annonce de son entretien devant le Congrès des États-Unis d’Amérique, une certaine opinion exclusivement francophone, n’a de cesse grosso modo, de le dépeindre partout comme un traitre, à la « nation » camerounaise. Et pour cause, après ses entretiens et ses observations directs au Nord-Ouest et au Sud-Ouest Cameroun, il édifiera cet illustre Congrès sur ce que l’on appelle désormais ici « crise anglophone », « génocide anglophone » ou « guerre civile », selon les sensibilités des uns et des autres.
Selon cette même opinion, « le linge sale se lave en famille ». Alors Nganang profitant de son moment de gloriole, du buzz dont il est l’objet aujourd’hui, se rend inéluctablement coupable du crime de haute trahison, car il s’en va débiter son baratin sur les droits de l’homme en hochant gravement la tête, comme s’il avait cure des malheurs des Camerounais.
Cette opinion qui le qualifie mêmement de cheval de Troie américain, craint leur ingérence, à leur seul profit. Elle n’hésite pas à prétendre nous mettre en garde. À Nganang, elle prédit la perte définitive de l’estime de ses pairs (au premier chef Mathias Éric Owona Nguini je présume. Ce va-t’en guerre et ses pairs neutres ont eux-mêmes quelle estime ?) ; et la légitimité de se proclamer patriote d’un pays qu’il va traîner dans la boue.
Au peuple camerounais, elle le met en garde, en prenant l’exemple de la Lybie après Kadhafi (ils oublient le Rwanda où personne n’ait intervenu : le résultat est une page très triste de son histoire. S’il ne dépendait que d’eux, ces néo-patriotes auraient voulu que les Anglophones se laissassent massacrer sans riposter). Pourtant, le pourrissement politico-économique actuel, est la conséquence du cynisme et de l’égoïsme des dirigeants du régime, qui veulent nous faire croire que, si nous chassons le papy-tyran, le déluge occidental s’abattra fatalement sur nous après lui. Le papy-dictateur est donc présenté par eux comme une espèce de digue protectrice, servant de bouclier contre le débordement des flots en furie, poussé par Trump.
Camerounais(e)s, la vérité est que, sentant le pouvoir leur échapper, ils planifient systématiquement l’incompétence du futur Président issu de la volonté du vrai Peuple. Quand il sera aux commandes, ils auront déjà fui le pays, protégés par leur double nationalité. Dans le chaos qui se présentera et qu’ils auront voulu, l’on culpabilisera en regrettant la dictature biyaïenne. Alors ces architectes apocalyptiques, reviendront au Cameroun en Messie-Sauveur. Voilà leur plan b qu’ils espèrent, si le papy-président est chassé demain. Quelle mesquinerie ! Tout cela c’est une fausse victimisation doublée d’un répugnant transfert de culpabilité. En somme, une projection de soi sur autrui ; car lorsqu’on veut noyer son chien, ne l’accuse-t-on pas d’avoir la rage ?
L’appel subit d’une certaine opinion francophone au patriotisme, qui est lancé depuis le début de la crise anglophone, témoigne que ce régime luciférien est aux abois. Nous devons lui porter le coup de grâce. Le vrai patriotisme, c’est d’abord pour le partage équitable du pouvoir et des richesses nationales et non pour la préservation des seuls intérêts égotistes d’une oligarchie. Où est ce sentiment patriotique lors de la publication des résultats de l’ENAM et autres concours administratifs ? Où est ce sentiment patriotique quand les crimes rituels font rages, quand les bébés sont volés dans les hôpitaux publics, ou quand les enfants disparaissent chaque semaine sans la moindre compassion nationale, comme c’est le cas ailleurs ? Cessez cette hypocrisie ! Où est le sentiment patriotique quand les moribonds dirigeants s’en vont bénéficier de meilleurs soins de santé à l’Étranger ou lorsque leurs enfants y vont faire leurs études ? Améliorer efficacement le système éducatif et le système de santé pour tous, c’est aussi cela le vrai patriotisme.
Quand il fallait dialoguer entre nous, n’ont-ils pas dit qu’ils ne négocient pas avec les « terroristes » et que force reviendra à la Loi ? Loi, qu’ils sont les premiers à cocufier. Ce ne sont pas les mêmes qui ont déchu Nganang de sa nationalité camerounaise, et qui viennent parler aujourd’hui de traitrise ? Jusqu’au sommet de l’État, ils sont pléthoriques, à bénéficier d’une double nationalité ainsi que leur famille. Sont-ils plus patriotiques que Nganang ? Pour votre gouverne, l’humanisme, la liberté, la justice, etc. ne connaissent pas de nationalité. Partout où ces valeurs sont hypothéquées, il est du devoir de tout être humain d’où qu’il vienne, de les restaurer, peu importent les moyens utilisés. C’est de l’assistance à personne en danger.
Il y a belle lurette que ce pays est dans le sang et la merde : Nganang n’y est pour rien. Depuis la mort du premier Anglophone exécuté par les sbires, nous avons perdu l’hypothétique paix dont se targuait ce régime. Nous sacrifierons s’il le faut, la tranquillité qu’il nous reste par endroits, pour le règne d’un État de droit, dont les nombreuses violations nous révoltent. Après la pluie, même torrentielle, c’est toujours le beau temps. Faire un procès à Nganang parce qu’il livrera au Congrès américain des secrets de Polichinelle sur les crimes de guerre, c’est faire un procès à la Démocratie, aux Droits Humains universellement reconnus. Il ne fallait pas les jeter en pâture, si vous ne vouliez pas de « l’ingérence » américaine.
Si au Cameroun la Presse, l’opposition et la Société civile n’étaient pas muselées, camisolées, castrées et parfois fusillées ou empoisonnées, si nous avions des institutions libres et fortes, respectant les valeurs démocratiques, si notre armée était républicaine, Nganang n’aurait pas eu besoin de mendier l’aide internationale.
Où devait-il donc s’exprimer ? Devant le Sénat camerounais là-bas où l’on a entendu un Sénateur recommander à son fils militaire de tuer 30 Anglophones ? Peut-être devant l’Assemblée Nationale, où tout débat sur les massacres des sbires en zone anglophone est proscrit ? Vous n’êtes pas encore aux abois. Avez-vous oublié le rôle de l’écrivain dans la société ? Quand tout semble ténèbres au milieu d’une mer agitée, l’écrivain demeure le phare salutaire qui montre la voie. Par effet pervers, l’ouvrage de Patrice Nganang LA RÉVOLTE ANGLOPHONE que vous venez d’interdire de vente au Cameroun, sera un best-seller loin devant Le Code Biya.
Les mêmes qui ont participé à tailler la Constitution sur mesure, formater l’appareil électoral et rédiger le code électoral en leur faveur, viennent ensuite inviter le Peuple aux urnes : c’est un marché de dupes. Nous n’allons plus faire semblant d’être un État démocratique. Il faut se retrouver dans la sphère domestique avec les fonctionnaires, pour palper les frustrations de la grande majorité d’entre eux, sujets au mutisme imposé par le « droit de réserve ». Les mêmes seront prompts bientôt à déserter leurs bureaux, pour aller faire publiquement la campagne de celui-là qu’ils maudissent en privé. Un comportement digne des personnes souffrant des troubles bipolaires ou du syndrome de Stockholm. Soyons vrais et cohérents en faisant ce que nous disons et en disant ce que nous pensons.
Tara Nganang, quand tu seras devant le Congrès américain, dis leur bien qu’ici nous sommes entre le marteau et l’enclume : une justice de façade et une armée criminelle. Rappelle-leur que Laurent Esso a envoyé les Services Secrets aux trousses des activistes qui luttent pour les Droits Humains ici et à l’extérieur. Dis leur aussi que, s’ils se décident à parachuter les armes, qu’ils n’oublient pas d’y introduire la notice en français, car beaucoup de Francophones sont prêts à lutter aux côtés de leurs frères Anglophones.
Tara Nganang, mon dernier conseil est celui que m’avait donné une fois mon feu père : « peu importe l’adversaire, peu importe l’adversité, même seul envers et contre tous, parle toujours comme un homme libre ». Ce 7 juin, face aux Congrès des États Unis d’Amérique, pour l’écrivain de renom que tu es, fais tienne cette célèbre citation d’Aimé Césaire dans Cahier d’un retour au pays natal, « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir » depuis 36 ans déjà…
PAR NYËBË-EDOA
0 Response to "NGANANG DEVANT LE CONGRÈS AMÉRICAIN : TRAITRE OU HÉRAUT ? - PAR NYËBË-EDOA"
Post a Comment