Au cours de leur assemblée générale qui s’est déroulée le 16 mai 2018 à Douala au
Cameroun, les actionnaires de la Société Anonyme des Brasseries du Cameroun (SABC), une entreprise opérant en Afrique centrale mais qui est cotée sur l’Euronext Paris, ont validé la résolution qui leur donne droit à dividende global de 13,021 milliards de FCFA (19,8 millions d’euros) pour le compte de l’exercice 2017.Même si on est loin du pic de 30,04 milliards de FCFA de dividendes distribué en 2012, ce niveau de rémunération représente une hausse de 278,4% comparé au modeste versement de 3,4 milliards de FCFA que s’étaient partagé ces investisseurs de la plus importante société privée d’Afrique centrale, pour le compte de l’exercice 2016.
Le nouveau directeur général, Emmanuel de Tailly, avait alors sollicité la solidarité de ses actionnaires afin de permettre à la société d’investir 45 milliards sans avoir recours à l’endettement. L’objectif étant de faire face à un ensemble de défis, relatifs à l’évolution du marché, aux capacités de production, aux risques de dévaluation du CFA zone CEMAC et à sa rentabilité plombée par un environnement fiscal jugé « handicapant ».
Plusieurs vents contraires ont en effet secoué le brasseur, depuis 2011, lorsque l’entreprise a connu son meilleur taux de rentabilité nette (poids du bénéfice net sur le chiffre d’affaires) qui était de 15,9%. En 2015, le gouvernement qui est pourtant actionnaire de cette entreprise via la Société nationale des Investissement, a introduit les droits d’accises spécifiques, dans une logique d’augmentation de la pression fiscale. Or dans le même temps, le pouvoir d’achat fragile des consommateurs n’a pas permis de répercuter sur les prix, la totalité de cette charge fiscale dont le montant cumulé sur la période de 2015 à 2017 a été de 620 milliards FCFA.
Un environnement fiscal jugé « handicapant »
Aussi, même si les dépenses de charges fiscales ont globalement connu une légère baisse d’environ 6,4% en 2017 à la faveur de loi de finance 2017 (valorisation des matières premières locales, mais taxe sur les emballages en plastique), leur poids sur le chiffre d’affaires hors taxe s’est situé dans une moyenne de 64 % au cours des trois dernières années, contre une moyenne de 45 % entre 2011 et 2014. Or, dans le même temps, l’entreprise a continué d’investir dans l’outil de production, le respect des normes et standards de qualité que lui exigent ses partenaires internationaux ainsi que dans les conditions salariales et les avantages sociaux de ses travailleurs.
A côté du poids de la fiscalité, SABC a aussi fait face en 2017 à une dégradation du marché, marquée par la crise dans la région de la CEMAC et une atteinte de ses parts de marché dans les zones devenues difficiles à exploiter de l’extrême nord et de la partie anglophone. Il faut aussi y ajouter, les volumes non négligeables de bières importées qui ne respectent pas les critères d’une concurrence loyale. Malgré un tel contexte, le brasseur est parvenu en 2017, à améliorer son résultat d’exploitation de 56% et son résultat net de 36%, tout en réduisant son endettement de moitié.
La marge de manœuvre demeure cependant étroite pour le staff dirigeant de la SABC. Il lui faudra, pour continuer à satisfaire ses actionnaires, concilier avec plusieurs intérêts différents. Une forte volonté d’investir dans la valeur ajoutée locale, notamment sur les chaînes de valeur agricoles et le réseau de distribution, mais aussi un marché fortement concurrentiel et impacté par des importations frauduleuses et des perturbations sécuritaires, qui réduisent l’espace d’exploitation.
Idriss Linge
Investir au Cameroun
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