Dans une correspondance qui a fuité vendredi sur les réseaux sociaux, le procureur général de la
République sollicite de la Cour suprême de justice la fixation d’audience dans l’affaire dite des mercenaires qui l’oppose depuis 2016 à Moïse Katumbi. Ce document le désigne comme un citoyen « congolais ».Moïse Katumbi bientôt devant les juges ? En tout cas, Flory Kabange Numbi, le procureur général de la République, a saisi, le weekend dernier, la Cour suprême de justice dans ce sens. Selon la « requête aux fins de fixation d’audience », qui circule depuis ce vendredi 23 mars sur les réseaux sociaux – et dont l’authenticité a été confirmée à Jeune Afrique par le parquet -, il s’agit là du dernier rebondissement de l’affaire liée au recrutement de mercenaires étrangers.
Le 19 mai 2016, l’ancien gouverneur du Katanga était en effet inculpé d’« atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’État », avant d’être autorisé à quitter la RDC pour aller se faire soigner en Afrique du Sud. « Si la Cour suprême de justice a été saisie aujourd’hui, c’est sûrement parce que les magistrats instructeurs ont terminé leur travail », indique à Jeune Afrique une source judiciaire proche de Flory Kabange Numbi.
Kabila est passé à la vitesse supérieure pour exclure son principal rival du jeu politique », selon Olivier Kamitatu
Mais du côté de l’opposant, on dénonce un « acharnement ». Et pour cause ? « C’est à l’issue de la sortie de sa plateforme électorale, Ensemble pour le changement, que [le président] Joseph Kabila a voulu passer à la vitesse supérieure pour exclure son principal rival du jeu politique », estime Olivier Kamitatu, porte-parole de Moïse Katumbi. « C’est une affaire totalement grotesque, avec des accusations loufoques qui ne sont étayées par aucune preuve », poursuit l’ancien ministre.
Pourquoi devant la Cour suprême de justice
Selon la requête du procureur général de la République, Moïse Katumbi est accusé d’« avoir à Lubumbashi (…), sans préjudice de date précise mais au courant de la période allant de l’année 2014 à l’année 2016, période non couverte par la prescription de l’action publique, levé ou fait lever des troupes armées, engagé ou enrôlé, fait engager, enrôler des soldats et leur avoir fourni des armes et munitions sans ordre ni autorisation du gouvernement ».
Notre source au sein du parquet général de justice souligne que l’audience doit être fixée devant la Cour suprême de justice parce que Moïse Katumbi bénéficie « probablement » du privilège de juridiction, les préventions contre lui remontant en 2014 alors qu’il était encore gouverneur de la riche province du Katanga.
Katumbi, justiciable « congolais » ?
Poursuivi avec six autres accusés dont l’Américain Lewis Darryl, Moïse Katumbi est identifié dans le document du parquet général de la République comme un sujet « congolais ». Une précision importante, puisque la nationalité congolaise est exclusive.
Extrait de la copie de la requête du procureur général de la RDC
Or la ville italienne de San Vito dei Normanni avait confirmé à Jeune Afrique jeudi 22 mars que l’opposant avait détenu la nationalité italienne entre 2000 et 2017. « Il appartient à M. Katumbi, s’il sait qu’il est dans cette situation, d’enclencher la procédure prévue par la loi pour recouvrer la nationalité congolaise », avait déclaré à Jeune Afrique le ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba à ce sujet en juin 2017.
« Serait-il Congolais lorsqu’il faut le condamner et Italien lorsqu’il faut l’exclure du scrutin présidentiel ? », interroge Olivier Kamitatu, qui espère que ces écrits du procureur vont « clore définitivement le débat ».
« Il faut laisser la justice faire son travail », rétorque-t-on du côté du parquet général de la République, soulignant que « l’ensemble dossier est désormais entre les mains du greffe de la Cour suprême de justice ».
Source: Jeune Afrique
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