Qui sera le candidat du Social Democratic Front (SDF) pour les présidentielles de 2018 au Cameroun
? Si aucun prétendant n'a officiellement déclaré ses intentions, une véritable guerre se joue en coulisses.C’est le combat d’un appareil partisan et d’un jeune loup qui mise sur sa popularité médiatique. À huit mois de la présidentielle camerounaise, le Social Democratic Front (SDF) n’a pas encore choisi celui qui, sous ses couleurs, affrontera le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir). Le chairman John Fru Ndi, 76 ans ? Ou l’ambitieux vice-président Joshua Osih, 49 ans ? Officiellement, aucun n’est en lice. Mais, en coulisse, les joutes font rage.
Député du Littoral et figure avenante du SDF, Osih a laissé entendre, tout au long de 2016, qu’il se sentait taillé pour le poste. Cela n’a pas duré. Rappelé à l’ordre, il est rentré dans le rang. Du moins en apparence. Car ses soutiens n’ont pas abandonné l’idée de pousser Fru Ndi à la retraite. Leur proposition : faire de ce dernier un président d’honneur, bénéficiant d’un statut et d’un salaire à vie, ce qui laisserait le champ libre à son cadet.
En catimini
C’était mal connaître le chairman. Entouré de ses lieutenants, Joseph Mbah Ndam, vice-président de l’Assemblée nationale, Joseph Banadzem, président du groupe parlementaire, Jean Tsomelou, secrétaire général du parti, Awudu Mbaya Cyprian, questeur à l’Assemblée, Fru Ndi attendait son heure.
Et celle-ci a fini par arriver : le 21 janvier, il a été réélu délégué régional du SDF dans le Nord-Ouest. Une étape qui ne laisse aucun doute sur la suite : sauf séisme politique, il sera réélu à la tête du parti lors du congrès des 22, 23 et 24 février.
Qui sera le candidat du SDF, le rusé chairman ou le fringant jeune loup ?
Se dirige-t‑il vers une candidature à la présidentielle ? Peu osent aujourd’hui croire le contraire. Le 13 janvier, lors d’un conseil national exécutif qui s’est tenu à son domicile, John Fru Ndi a surpris son monde en évoquant sa fatigue et en citant ses enfants, « qui voudraient [qu’il se] repose ».
Certains quadragénaires s’en sont félicités en catimini tandis que la vieille garde fronçait les sourcils. Mais il s’est bien gardé de clarifier sa pensée. « C’était une manœuvre. Il voulait surtout obliger ses détracteurs à sortir du bois, et il y est parvenu : ses propos ont fuité dans certains journaux, qui ont conclu à sa retraite », croit savoir un participant.
Parachutés
Joshua Osih s’est gardé de tout commentaire. Si, pour lui, la partie se complique avec la réélection probable de Fru Ndi à la tête du SDF, il peut se rassurer en se disant que la désignation du candidat à la présidentielle n’est pas pour demain. Elle se fera dans le cadre d’un congrès extraordinaire, avec consultation des militants.
Bilingue, populaire, proche des fils du chairman et de jeunes cadres socialistes de Douala, Osih a encore quelques atouts dans sa manche. Il en aura fort besoin. Depuis 1992, Fru Ndi et Joseph Mbah Ndam, son bras droit à l’Assemblée, ont bâti le noyau du parti autour de Bamenda et de la région du Nord-Ouest, dont n’est pas originaire leur cadet, né, lui, à Kumba, dans le Sud-Ouest.
De plus, les militants ont tendance à favoriser ceux qui ont participé aux luttes sociales des années 1990, en tête desquels John Fru Ndi, au détriment des plus jeunes, qu’ils considèrent parfois comme des parachutés. Enfin, la candidature du chairman n’inquiète pas outre mesure le palais d’Etoudi : Paul Biya ne verrait pas d’un mauvais œil son rival affronter Akere Muna, un autre enfant d’un Nord-Ouest anglophone et frondeur depuis octobre 2016.
Source: Jeune Afrique
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