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Gabon:Redoutant un empoisonnement, Jean Ping ne répondra pas à la convocation du juge

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Dans un interview accordé au quotidien français Libération, l’ancien candidat à la présidentielle du
27 août 216, qui se proclame toujours vainqueur de ce scrutin, a affirmé que la convocation du juge du premier juge d’instruction près le tribunal de première instance de Libreville n’est que le prétexte d’un coup monté pour le forcer à capituler. Nous publions ci-dessous l’intégralité de l’entretien.

L’ancien candidat à la présidentielle, qui se proclame toujours vainqueur du scrutin de 2016, affirme à Libération que cette convocation n’est que le prétexte d’un coup monté.
Un cran de plus dans le bras de fer : que se passera-t-il ce mercredi alors que  Jean Ping est convoqué par la justice à Libreville, capitale du Gabon ? Une convocation inattendue qui intervient dans un climat délétère, alors que ce pays d’Afrique centrale n’est jamais sorti de la crise politique née des élections présidentielles contestées d’août 2016, dont les irrégularités avaient été dénoncées par les observateurs de l’Union européenne avec une vigueur inhabituelle. Depuis, les deux challengers alors en lice, Jean Ping et Ali Bongo, se sont tous deux proclamés vainqueurs. Une situation bloquée, émaillée de violences et qui se cristallise autour de ces deux hommes qui se connaissent bien : Jean Ping a longtemps été le compagnon de la sœur d’Ali Bongo, l’héritier de la dynastie qui règne sur le pays depuis un demi-siècle. Ex-membre du sérail, devenu opposant, Jean Ping, dont le QG a été violemment bombardé par les forces du régime au lendemain des élections, s’affirme aujourd’hui en danger. Il a répondu par téléphone aux questions de Libération, depuis son domicile sous surveillance constante des forces de police, à Libreville.
Vous avez été convoqué par une juge dans le cadre d’une enquête sur un autre opposant emprisonné. Ce samedi, vous avez également été interdit de sortie du territoire et empêché de prendre un vol pour Paris. Avez-vous l’impression qu’après 18 mois d’impasse, le régime d’Ali Bongo a choisi le durcissement ?
Je pense surtout que ce pouvoir est aux abois et qu’il a monté cette affaire de convocation judiciaire pour essayer de me forcer à capituler. Je sais pertinemment quel est leur projet : me convoquer chez le juge, puis m’interpeller. Et ensuite, peut-être m’inoculer un poison dont les effets se feront sentir plus tard.
Vous accusez directement le régime en place? Ce n’est pas une peur exagérée ?
Mais je connais bien ce régime ! Dans le passé, c’est déjà arrivé. Aujourd’hui, Ali joue sa dernière carte, il pense qu’en liquidant le véritable vainqueur des élections de 2016, il va mettre un terme à la crise. Tout le monde sait que j’ai gagné les présidentielles avec plus de 60% des voix, 300 de mes compatriotes ont déjà été tués depuis le scrutin. Je mesure mes mots, je suis persuadé que le régime veut désormais m’éliminer. Et c’est pour cette raison que je ne vais pas chez le juge. J’envoie simplement mes avocats, pour plaider le droit dans cette affaire montée de toutes pièces : un partisan de l’opposition, Pascal Oyougou, arrêté en septembre, m’accablerait soudain de tous les maux ? Ah bon ? Il est prison, n’a jamais été entendu par un juge… Et là, il m’accuse? Mais de quoi ? Et si c’est avéré, que faut-il en conclure ? Qu’il a été torturé ? Qu’on lui a fait des promesses ? Tout ça ne tient pas debout… En réalité, Ali pensait que je finirais par accepter un compromis, qu’après toutes ces violences, il m’offrirait un poste et tout recommencerait comme avant. Et comme cette fois ça ne marche pas, le régime se durcit.
Après 18 mois de confrontation, dans quel climat vit aujourd’hui le Gabon selon vous ?
C’est une dictature. Avec des provocations constantes. Des interdictions aussi. Nous n’avons plus le droit de nous réunir, de manifester. Certains opposants, comme le député Bertrand Zibi sont en prison sans procès depuis le bombardement de mon QG en août 2016. Il tient le coup, même s’il est maltraité. Dans la rue, la gendarmerie est omniprésente. Le régime tient encore les forces de sécurité, la garde républicaine. Mais le peuple est en colère, et il le manifeste comme il peut. Il y a des grèves dans tous les secteurs : chez les magistrats depuis mi-décembre, à l’université… Personne n’investit plus dans ce pays et l’économie est désormais à l’arrêt. Les entreprises ferment, les pétroliers s’en vont : Shell est parti, Total a décidé également de revendre ses concessions. Même les députés, ceux du régime, ne sont plus payés depuis près de trois mois !
Ils ont pourtant voté mercredi une nouvelle Constitution ?
Certes, un Parlement aux ordres a voté une Constitution qui consacre la monarchisation du pouvoir…
Mais n’avez-vous pas l’impression d’avoir épuisé toutes les voies, alors que la communauté internationale se montre plus discrète ? Ali Bongo a d’ailleurs été invité au One Planet summit le mois dernier à Paris…
Ali Bongo est le représentant de l’Union africaine pour le changement climatique, c’est compliqué de ne pas l’inviter. Mais à Paris, vous avez vu comment la diaspora gabonaise est active, mobilisée, inventive même ? Encore le week-end dernier, elle a occupé un hôtel particulier de la famille Bongo à Paris… Et je ne pense pas que la communauté internationale laissera les Gabonais se faire massacrer à nouveau. Ici, de nombreux ambassadeurs sont des soutiens indispensables, ils ont notamment tenté jusqu’au bout de faire fléchir le régime samedi, lorsque j’ai voulu prendre le vol pour Paris. En réalité si la tension monte d’un cran, c’est parce que le régime n’a plus d’issue. Ils sont dans une logique de terre brûlée. Mais ne présagez pas de l’avenir : Qui aurait pu prévoir la chute de Mugabe au Zimbabwe ? Ou celle de Kadhafi en Libye ? Toutes les dictatures se croient toujours très fortes, paradoxalement surtout quand elles touchent à leur fin.
Avec liberation.fr

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