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Cameroun:Chronique de Dieudonné ESSOMBA "Il faut aller à la Fédération et vite." La fédération est une décentralisation dont les droits des Régions sont « propres et irréfragables ».

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IL FAUT ALLER A LA FEDERATION
Certains pseudo-patriotes me regardent avec les yeux luisants de haine, quand je leur dis que l’Etat unitaire est terminé, me qualifiant de « faux prophète » et de « faux économistes ». D’autres vont même jusqu’à me traiter de soutien à la Sécession, faisant un clin d’œil aux services de sécurité et regrettant les temps criminels où d’affreux sbires venaient nuitamment enlever les gens qui ne pensaient pas comme eux pour aller les assassiner.
Mais de telles attitudes me font le même effet qu’un piaillement de moineau. Celui qui dit ou croit que le problème anglophone peut se résoudre sans au moins une fédération au Cameroun est un fou.
Dans ce genre d’histoire, il ne s’agit pas de voir qui a raison ou tort, si les arguments des Anglophones sont fondés ou non. Il s’agit d’évaluer si on peut les maintenir de force dans un Etat unitaire, ce qui est impossible pour 3 raisons :
-ils représentent 20% de la population, soit un Camerounais sur 5. Pour comprendre ce que cela signifie, prenez un groupe de 5 individus dont l’une ne veut plus être avec les autres. Il faudrait donc consacrer une personne pour le garder et l’obliger à rester avec le groupe, ce qui ne laisse désormais que 3 personnes pour travailler à la place de 5. Ce qui est impossible notamment pour un pays encore arriéré comme le Cameroun.
-les Anglophones constituaient une entité protoétatique quand ils se sont associés aux Francophones, sous l’égide de l’ONU et des grandes puissances, et l’union s’est faite sur la base de la Fédération. Or, dans tous les pays du monde où une fédération a été supprimée, cela s’est toujours mal achevé, soit par une guerre suivie du retour à la fédération, soit la séparation. Il n’existe aucune exception à cette règle.
-les Anglophones et les Francophones se distinguent par leur langue coloniale, ce qui donne un clivage pertinent dans les référents des Etats modernes. C’est la colonisation qui a créé les Etats africains, et c’est la colonisation qui les détermine. La différence entre les langues coloniales à l’intérieur d’un même pays est un motif intrinsèque de séparation qu’on ne peut gérer que dans un Etat Fédéral.
Chacune de ces 3 raisons était suffisante pour déduire que l’Etat unitaire était peut-être une opération désirable mais c’était un mauvais projet. On ne peut donc pas réduire la Sécession anglophone par les armes, la seule possibilité restant la Fédération que les vrais patriotes désirent tous, ou la séparation qui aura lieu si le Gouvernement s’entête à refuser la fédération.
Il ne sert absolument à rien à perdre du temps, il faut aller à la Fédération, pendant qu’il est encore temps, car ce mouvement ne va pas s’éteindre, non seulement parce que de tels mouvements ne n’éteignent jamais, ensuite parce que celui-ci est parti trop loin et que le Gouvernement a commis trop d’erreurs. Le temps joue en leur faveur.
Il est encore temps de sauver le Cameroun, parce que la Sécession armée est encore jeune et se cherche encore. Elle n’a pas encore rôdé ses mécanismes d’approvisionnement en armes, ses stratégies de combat et ne dispose pas encore d’une expérience de la guérilla. En outre, des personnalités anglophones telles que les Chefs traditionnels, la haute élite publique et libérale, les agents publics et le personnel politique qui se considèrent comme Camerounais jouissent encore d’une certaine audience, même si celle-ci s’érode au fil du temps, au profit des Sécessionnistes qui jouissent de plus en plus de sympathie pour la jeunesse massivement en chômage, parce qu’eux, ils ne bavardent pas, mais agissent les armes à la main.
D’ici 5 ans ou 10 ans, le Cameroun va perdre ces avantages et la Pieuvre aura disséminé son emprise sur le tout le territoire anglophone, avec des bunkers dans les mangroves ou les grottes des montagnes, des guerriers endurcis, un réseau d’espions, une meilleure organisation de leurs flux d’approvisionnement en armes, de meilleures techniques de mobilisation et des sources de financement solides.
Le discours qui les traite de terroristes n’a de sens que pour la République, mais pour eux, ils sont une armée de libération nationale, visant à déloger une force d’occupation de leur pays. Et ils y croient, exactement comme l’UPC au Cameroun, la SWAOPO en Namibie, l’ANC en Afrique du Sud, ou des mouvements sécessionnistes sud-soudanais et érythréens qu’on traitait aussi de terroristes et qui ont gagné.
Il faut donc abandonner cette logique puérile et sanglante de la répression qui ne conduira absolument à rien et profiter des avantages que nous avons maintenant en proclamant la Fédération. Celle-ci ne va pas supprimer les mouvements sécessionnistes, mais elle permettra de les confiner à un niveau peu nuisible. D’une part, en asséchant une grande partie de leurs partisans, d’autre part en leur opposant une police et une administration locales, plus facilement acceptées par les populations.
Quant à la décentralisation administrative que le Gouvernement offre aux Camerounais, elle ne passera pas. Discréditée, pilotée par des gens qui n’ont aucun intérêt à son succès, envisagée dans une logique d’un Etat unitaire hégémoniste, elle ne satisfera personne.
Il faut aller directement à la Fédération. La fédération est une décentralisation dont les droits des Régions sont « propres et irréfragables ». Autrement dit, on ne peut jamais revenir là-dessus et ils sont inscrits dans la Constitution. Dans la simple décentralisation, les droits des régions sont « attribués » par l’Etat centrale, à travers la loi et celui-ci peut les reprendre.
C’est d’ailleurs cela la seule différence entre les deux concepts.
On voit mal comment les Anglophones qui sont venus sous la forme d’un Etat fédéré qui a été supprimé vont accepter une décentralisation administrative qui n’a pu être appliquée pendant 27 ans après la tripartie et 22 ans après son adoption par la constitution. On, ne voit surtout pas des Sécessionnistes armés baisser leurs armes pour si peu, surtout quand on n’a aucun moyen de les réduire.
Il faut aller à la Fédération et vite.
Dieudonné ESSOMBA

 Montage de Business Plan

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