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Dans le plus grand bidonville du Liberia, George Weah incarne le « dernier espoir »

L’ancien footballeur et candidat à la présidentielle, George Weah, à Monrovia, le 26 décembre.
Né dans un bidonville de Monrovia, l’ancien footballeur devenu candidat à l’élection présidentielle a promis « le changement » aux plus défavorisés.

Samuel est né dans le ghetto. Face à lui, son fils Tomas, 8 ans, joue une partie de football improvisée avec d’autres gamins, pieds nus enfoncés dans le sable. Autour, les ordures jonchent les ruelles boueuses de West Point, un bidonville construit sur une péninsule au bord de l’Atlantique, à l’ouest de Monrovia. « Le foot est très important pour nous. Mais nous n’avons pas de terrain, ni aucune infrastructure de manière générale pour que les enfants puissent jouer », déplore le père.

Depuis que Tomas est né, Samuel, 31 ans, ne parvient pas à lui offrir un destin différent du sien : « Je ne suis pas allé à l’école. J’aimerais que mon fils, lui, puisse faire des études brillantes, pour sortir de ce trou. » Mais le système éducatif au Liberia, qui a fait le pari de la privatisation en 2016, est coûteux et jugé désastreux par des experts. « George Weah a promis qu’il allait investir dans l’éducation. Tout cela va changer ! », espère Samuel. En ce jour de vote, mardi 26 décembre, c’est dans la case « Weah » qu’il a apposé son empreinte digitale, comme la plupart des habitants de West Point.

Ne pas les « abandonner »

Dans ce bidonville, le plus grand du pays, miné par les problèmes de pauvreté, de chômage et de criminalité, l’ancien footballeur international semble redonner espoir à la population. Lui-même enfant d’un bidonville de Monrovia, devenu une légende du football dans les années 1990, George Weah a promis pendant sa campagne de ne pas les « abandonner ».
Arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle, le 10 octobre, l’actuel sénateur dispute la succession de la présidente Ellen Johnson Sirleaf face au vice-président Joseph Boakai. Et c’est à West Point, son fief où il revient taper dans un ballon de temps en temps, que ses supporteurs attendent le plus de lui.
Car s’ils ont survécu à la guerre civile (1989-2003) et à l’épidémie d’Ebola (2014-2016), les habitants de West Point doivent toujours affronter la misère au quotidien. Sur quatre kilomètres carrés, environ soixante-quinze mille personnes vivent entassés dans des logements et des échoppes faits de matériaux récupérés. Ils sont pêcheurs, commerçants, petits trafiquants ou grands bandits. On y trouve aussi d’anciens soldats qui, victimes du chômage, cumulent désormais les petits boulots.

« Lui, il nous comprend »

Dans ce ghetto harassé par la pauvreté, tout ce qui est élémentaire relève du combat : l’eau potable, l’électricité, les toilettes, l’assainissement. Chaque tempête y fait même planer la menace de la montée des eaux. A plusieurs reprises, le quartier, situé au bord de l’océan, a risqué d’être emporté par la mer.
Dans ces conditions, la population place tous ses espoirs dans George Weah. « Lui, il nous comprend », assure une vieille dame à la sortie d’un des bureaux de vote disséminés un peu partout dans le bidonville. Agée de 87 ans, elle n’a pas oublié « le cauchemar Ebola ». Durant l’épidémie, beaucoup se sont sentis trahis et stigmatisés par les autorités lorsqu’elles ont placé West Point en quarantaine, entraînant une flambée de violences à l’été 2014 et causant la mort d’un adolescent.
Durant sa campagne, dont le mot d’ordre a été « le changement », George Weah n’a eu cesse de s’adresser à cet électorat, faisant de l’éducation et de l’accès à l’électricité et à l’eau ses grandes priorités.

Reste que s’il est élu, la tâche sera rude. Dans la capitale, une seule centrale électrique est en état de fonctionner. Et les défis seront nombreux pour tenter de sortir ce pays plongé dans le marasme économique et rongé par la corruption. « De toute façon, on sait qu’il ne pourra pas faire de miracles », concède Samuel avec lucidité. Avant de reprendre : « On espère juste que, s’il est élu président, George Weah n’oubliera pas d’où il vient. »
Par Ghalia Kadiri (Monrovia, envoyée spéciale)
Source: lemonde.fr

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