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Chronique de L’Économiste Dieudonné ESSOMBA: L’EXCUSITE, SYNDROME DE L’EXCUSE

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L’EXCUSITE, SYNDROME DE L’EXCUSE
Le Cameroun est devenu le siège d’une étrange maladie, l’ «excusite » qui est le syndrome consistant à se donner des excuses en trouvant des responsabilités ailleurs, mais jamais dans sa responsabilité personnelle.
Quel que soit le résultat, ce n’est jamais de la faute des gens qui nous commandent ! C’est toujours la faute aux autres : c’est toujours la faute de la population, des partis d’opposition, des étrangers, des ONG, de la conjoncture, des ennemis intérieurs tapis dans l’ombre, etc.
Bref, rien de ce qui arrive au Cameroun n’a jamais été le fait de ceux qui le dirigent et qui prennent pourtant des décisions, mais c’est toujours la faute des autres.
Aujourd’hui, le Cameroun est dans un tel rationnement de l’emploi que les gens sont prêts à s’entrégorger sur les maigres places disponibles. C’est le cas de l’ENAM.
Le succès des enfants des élites à l’ENAM, qu’il soit loyal ou non, n’est pas un problème en soi. Ce qu’on reproche, c’est le fait que les parents aient hérité d’un système qui fournissait l’emploi à tout le monde et l’aient saccagé.
Dans les années 70, l’ENAM était toujours courue, mais elle n’était pas un abcès de fixation.
On avait l’ESIJY qui formait les journalistes recrutés dans les médias d’Etat ou dans la Fonction Publique.
Il y avait le CUSS et les Ecoles d’infirmiers et d’aides-soignants qui formaient le personnel soignant qui était tous intégrés.
Il y avait l’Ecole Normale Supérieure et les Ecoles normales d’instituteurs qui formaient des enseignants qui étaient assurés de leur poste de travail.
Il y avait l’Ecole Polytechnique, l’Ecole des Sciences Agroalimentaires et des Formations BTS, BAC techniques et CAP qui avaient un emploi dans un secteur privé dynamique et régulé, avec des salaires dignes.
Il y avait l’IRIC qui formait les diplomates tous assurés d’un emploi.
Sans compter la foule d’autres écoles qui bénéficiaient des conditions analogues.
Et par dessus tout, tout le MONDE AVAIT UNE BOURSE D’ETUDES ! Même si elle ne valait pas celle de l’ENAM, elle permettait aux étudiants de vivre sans développer de grandes envies pour l’ENAM.
Tous ces facteurs faisaient que seuls, ceux qui étaient vraiment attirés par des carrières offertes par l’ENAM y allaient, la majorité suivant leur vocation ailleurs.
Or, aujourd’hui, toutes ces formations aboutissent à un cul-de-sac. L’ingénieur ou le médecin formé est obligé soit de vivre misérablement de petits métiers informels, soit d’aller se faire vendre en Lybie comme esclave, soit d’aller se tuer dans la Méditerranée !
C’est cela qui a développé cet abcès de fixation sur l’ENAM, où les gens n’y vont plus par vocation, mais pour un emploi garanti.
Et c’est cela qu’on reproche aux dirigeants actuels : ils ont vécu à cette époque, ils en ont profité, ils en ont hérité. Mais ils ont saccagé le système pour ne laisser que les misérables strapontins de l’ENAM ! Comment alors s’étonner que les gens se plaignent d’eaux d’avoir confisqué l’ENAM ?
Quand une élite intelligente veut confisquer des places de prestige, elle s’arrange à donner des places moins prestigieuses aux autres, afin de limiter la contestation ! Elle ne détruit pas le système, pour confisquer les quelques places qui restent, au risque de susciter une démarche révolutionnaire contre elle !
LE PROBLEME DE FOND
L’emploi est le moyen par lequel tous les citoyens participent à la production collective, qu’ils en jouissent et bénéficient de la science développée par l’humanité. Et c’est d’abord à travers le revenu que lui procure son emploi que le ménage a accès à la santé, à l’éducation, au logement, à un niveau de vie décent.
Cette caractéristique de l’emploi, en tant qu’intégrateur de tous les citoyens pose ainsi l’exclusion à ce statut comme une violation d’un droit imprescriptible imposé par la nature même de l’homme comme élément de la société. Puisque l’emploi est le médiateur majeur qui insère chaque être humain dans l’Humanité et qui fonde de ce fait son humanité, il est naturel que l’homme vive dans un environnement où il peut trouver un emploi en fonction de ses convenances et de ses aptitudes.
Une telle situation est le plein-emploi. Par plein-emploi, on n’entend pas seulement le fait que chaque citoyen trouve une occupation, mais que dans cette occupation, il puisse exprimer le maximum de ses aptitudes et jouisse du fruit correspondant légitimement à son travail.
Le plein-emploi apparaît ainsi comme la raison même de l’Etat sur le plan économique. En effet, en monopolisant la force publique, l’exclusivité de la loi et le prélèvement autoritaire des ressources de tous les acteurs nationaux, l’Etat se met dans l’obligation d’utiliser tout ce pouvoir pour créer des conditions propices à l’emploi de tous.
L’organisation sociale est en effet le fait de l’Etat. Si le système productif est communiste, c’est l’Etat ; s’il est ultralibéral, c’est toujours l’Etat ; lorsqu’il y a un capitalisme d’Etat, c’est toujours l’Etat ; lorsqu’il s’agit d’un libéralisme absolu, c’est encore l’Etat ; le libre-échange, l’ouverture des frontières, la fermeture des frontières, c’est toujours l’Etat. Faire des orientations économiques, signer les accords ou les rejeter, réaliser telle infrastructure au lieu de telle autre, c’est toujours l’Etat.
Assurer le plein emploi ne saurait donc être, au regard de tels pouvoirs, une sorte de faveur insigne que ferait l’Etat aux citoyens, une obligation à laquelle il pourrait déroger. Il s’agit d’une exigence absolue, la contrepartie légitime de la puissance publique sans laquelle l’Etat se réduirait à un monstre parasitaire sans utilité. Le pouvoir de faire la loi l’oblige à structurer l’économie de manière à réaliser ce plein-emploi et un Etat qui ne le réalise pas ne peut bénéficier d’aucune excuse. Il ne saurait s’abriter derrière des concepts philosophiques et des mythes idéologiques pour se dispenser de cette exigence qui constitue l’essence même de son pouvoir.
Et l’humanité elle-même ne l’a pas autorisé. Aucun dirigeant au monde ne s’est abrité derrière la malchance ou les facteurs extérieurs pour justifier ses échecs. Car, quand bien même ce serait effectivement le cas, il existe un principe anthropologique cardinal : « pour un dirigeant, la malchance est un crime ! »
Il n’existe aucune excuse pour un dirigeant en cas d’échec et à ce niveau, l’incompétence et la malchance sont une seule et même chose. Et c’est pour cette raison que dans les pays évolués, un dirigeant est chassé pendant les élections dès lors qu’il accumule le chômage, indépendamment des raisons objectives. Et dans les sociétés anciennes, on tuait les Rois en cas de sécheresse, de famine ou d’épidémie, car ces Rois étaient accusés d’avoir apporté la malchance dans le Royaume !
Le fait d’être un dirigeant sous lequel il arrive malheur sur malheur signifie qu’on est maudit ! Il s’agit donc clairement d’assumer les échecs, au lieu de chercher des coupables grotesques, comme cette étrange théorie qui soutient qu’il y a manque d’emplois au Cameroun parce que la population camerounaise a augmenté !
Ce sont les Camerounaises qui sont maintenant accusées de faire des enfants !
Dieudonné ESSOMBA


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