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La qualité des politiciens d'un pays dépend de l'éducation du peuple lui-même. L'exemple de la Suisse ! de Jean-Paul Pougala

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La qualité des politiciens d'un pays dépend de l'éducation du peuple lui-même. L'exemple de la
Suisse !
de Jean-Paul Pougala
Chaque fois que je publie un texte montrant les limites de notre système politique et économique en Afrique, il y a toujours des gens qui vont intervenir avec une phrase qui devient comme un refrain :
"Si nous avions des politiciens courageux, honnêtes et non corrompus, les choses iraient mieux en Afrique"
Non, je ne crois sincèrement pas qu'un pays prospère dépend des politiciens sincères et honnêtes. En regardant l'exemple de la Suisse, je reste très convaincu que c'est le contraire qui est valable et que c'est le peuple honnête qui exprime des politiciens honnêtes. C'est un peuple travailleur qui va générer des politiciens travailleurs.
Cet après-midi du mercredi 28 Juin 2017, je me suis venu ici à Bernes qui est la capitale de la Suisse (et non Genève comme les gens pensent par erreur). Je voulais rencontrer mon député et savoir comment les choses marchent récemment.
Ces photos que j'ai réalisées montrent ce que devrait être le siège des institutions : la vraie maison du peuple.
En effet, devant le parlement de la Confédération Helvétique, j'ai vu les familles avec les enfants partis de toute la Suisse pour m'ont-ils dit : "rendre visite à leurs politiciens". J'y ai vu des enfants jouer avec les jets d'eau du parlement, j'ai rencontré des personnes très sereines et fières de leur pays. J'ai même vu une dame qui n'avait pas trouvé mieux que de mettre sa serviette par terre devant le parlement pour faire dormir son gamin d'environ 5 ans.
Parce qu'ici, personne ne lui demanderait de s'en aller. Il n'y a ni vigile, encore moins la police pour filtrer l'entrée. Sinon, quel palais du peuple ce serait ? Et donc , personne à l'horizon pour demander à cette dame de faire dormir son fils ailleurs.
Dans la cour du Parlement, j'ai pu jouer aux échecs, qu'on a mis là pour accueillir le peuple de passage.
J'ai fini par voir mon député dans une atmosphère festive. Les Suisses sont vraiment cool ! Je me suis écrié.
Mais comment cela est-il possible ici et non ailleurs en France, en Allemagne, aux Royaume Uni ou au Cameroun d'où je viens ?
Pourquoi les suisses sont-ils si honnêtes et expriment aussi des dirigeants autant honnêtes ? C'est la réponse à ces 2 questions que je suis venu chercher ici.
J'ai eu un début de réponse juste devant le parlement, par la présence d'un immeuble somptueux en réfection : le siège de la Banque Centrale Suisse. Les Suisses ont compris très tôt qu'il n'y a pas de liberté sans le contrôle de la monnaie. Voilà pourquoi pour eux, le siège de la Banque Centrale ne pouvait pas être ailleurs que devant le siège des confédéraux qui prennent les décisions.
En plus, ici la démocratie est participative : tous les partis politiques sont au pouvoir, chacun en fonction de son poids électoral. Il n'existe donc pas de parti d'opposition en Suisse.
Pour finir, ici, la politique n'est pas une profession. Vous servez votre pays pour 5 ans et passez la main aux autres. Il n'y a donc pas le temps pour devenir un corrompu. Il n'y pas de voiture de fonction, pas de garde du corps. Chaque politicien doit gouter sur sa propre peau, le degré de l'insécurité dans le pays. Et donc d'agir en conséquence. Ceci est impensable dans la France ou l'Italie voisines.
Pour finir, avec tout ça, je n'ai toujours pas répondu à mes 2 questions que j'ai apportées avec moi : pourquoi un peuple si honnête ? et pourquoi une administration si honnête ?
Et si tout cela n'était au final qu'une question d'argent ?
Ici, le salaire médian (50% de ceux qui gagnent plus et 50% de ceux qui gagnent moins) est de 5100 euros (3.345.090 FCFA) alors que les fonctionnaires suisses sont les administrateurs publics les mieux payés au monde, avec un salaire moyen de 7300 euros bruts soit 4.788.070 FCFA
Avec cela il est facile de comprendre que si chaque fonctionnaire camerounais devait toucher en moyenne autour de 5 millions de FCFA chaque mois de salaire, il y a longtemps qu'on ne parlerait plus de corruption.
Je ne veux nullement justifier les comportements déviants de nos fonctionnaires corrompus, puisque moi-même j'en suis victime au quotidien. Mais je veux juste comprendre comme économiste comment sortir de cette galère. Et je n'ai pas trouvé mieux que de venir ici à Berne. Alors que le FMi et la Banque Mondiale avaient contraint dans les années 90 à diviser le salaire des fonctionnaires camerounais par 2 laissant intact le niveau des prix de tous les produits et services, il était évident que cela devait déclencher la vague de corruption que nous connaissons aujourd'hui. Et ce n'est pas la Banque Mondiale qu'il faut blâmer, mais nous mêmes qui ne produisons pas suffisamment de richesses et devons recourir à la mendicité internationale même pour faire fonctionner nos institutions. Ce qui n'est pas le cas des suisses qui ne dépendent de personnes, puisqu'ils travaillent très dur pour mériter leurs salaires et tenir leur pays hors d'atteinte des prédateurs internationaux.
Tout cela n'est-ce pas le mérite des bons politiciens ? Pas du tout !
Dimanche 18 Mai 2014, les suisses sont appelés à un référendum pour proposant d'augmenter le salaire minimum actuel (SMIC) de 3.300 € (2.164.470 FCFA) qui fait de la Suisse le pays avec les plus haut salaire au monde à 4000 € (2.623.600 FCFA). Résultat de ce référendum voulu par les partis politiques : 76% des Suisses ont dit NON aux politiciens donnant raison aux Patrons Suisses qui avaient demandé à la population de ne pas voter OUI.
Dans quel pays du monde vous verrez des populations voter à une telle majorité de 76% pour refuser que les Patrons leur augmentent les salaires ?
C'est la preuve qu'un pays pour bien fonctionner n'a pas forcément besoin de bons politiciens, mais d'un peuple bien éduqué et conscient des enjeux pour ne pas être manipulé. Dans ces conditions, un pays peut bien avoir les plus cancres politiciens du monde et continuer à bien fonctionner.
L'argument des Patrons suisses était qu'ils ont réussi à instaurer un modèle qui marche bien et dans lequel ils ont le taux de chômage le plus bas de toute l'Europe, autour de 3%. Et les populations ont dit NON aux politiciens pour donner raison aux employeurs, considérés ailleurs en France ou en Allemagne comme des ennemis du peuple à abattre.
Quelle leçon pour l'Afrique ?
Dans ce pays, on parle 4 langues officielles. Personne n'imaginerait ici comme au Cameroun que les Italophones vont créer des problèmes d'autonomie pour se rapprocher plus d'Italie. Ici ceux qui parlent français ne veulent pas qu'on les appelle les francophones comme on le fait fièrement en Afrique, mais des Romands. Ils sont fiers d'eux-mêmes et la diversité linguistique est plutôt vécue comme une chance, comme une richesse et non un objet de division.
Au moment où j'écris ces lignes, les bouquets de télévisions françaises offrent même gratuitement toutes les chaines arabes, asiatique que personne ou presque ne regarde en France, mais évitent soigneusement d'incorporer les chaines de télévision Suisse. Il ne faut pas que les populations françaises découvrent au quotidien qu'il existe un autre modèle où le peuple n'est pas pris en otage, mais peut imposer sa vision dans les choix des hommes politiques.
Pour information, vu de Suisse, le parlement français ne sert strictement à rien. Affirmer cela, semble une boutade. Mais aucun député français ne peut proposer de lois. Les députés en France ont deux fonctions : 1) se limiter à analyser et voter les lois proposées par l'exécutif et 2) contrôler l'action du gouvernement.
Et avec les Macron Boys et Macron Girls, qui ne pensaient jamais de faire la politique, pensez-vous que les nouveaux députés français pourront retoucher quoi que ce soit venant de leur champion Macron ?
Le pire dans tout ça est que c'est cette mafia politique érigée en "Bonne Gouvernance" qu'on a exportée en Afrique. Et le cirque fonctionne plutôt bien labas. Chacun monte au créneau pour crier très fort et répéter la partition que le système a écrit pour lui depuis Paris ou depuis Londres.
Et c'est bien parce que j'aime ce modèle Suisse que j'ai juré ne jamais faire de la politique au Cameroun ou en Italie malgré les multiples sollicitations dans mon pays d'origine comme dans celui d'adoption.
Je préfère me concentrer dans ce que je retiens prioritaire : conscientiser au maximum les peuples africains afin qu'ils soient aussi bien formés et éduqués que les suisses pour être ensuite capables de prétendre de leurs politiciens des résultats à la hauteur de leurs ambitions.
Mais comment éduquer un peuple sans commencer par lui enseigner la valeur du travail ? S
i les patrons suisses sont si contents d'offrir à leurs employés les salaires les plus élevés au monde, c'est parce que cela ne pénalise en rien la rentabilité des entreprises suisses. Au contraire, les employés suisses sont aussi réputés les plus travailleurs au monde avec une des meilleurs qualifications en absolu dans les domaines aussi pointus comme l'horlogerie. Et c'est ce qui rend compétitives les entreprises de ce pays malgré le niveau de salaire élevé.
L'Afrique ne peut pas se permettre une telle liberté de salaire sans au préalable produire suffisamment de richesses. Et dans ce pays, l'agriculture est au coeur de la souveraineté de la Nation. Les suisses sont convaincus que si tu ne peux pas te nourrir toi-même, tôt ou tard, tu deviendras esclave de celui qui te donne à manger.
Voilà pourquoi, même si ici le prix du kg de viande est le plus cher de la planète, pour rien au monde, ils ne veulent en importer de moins cher des voisins. Comme quoi pour construire la prospérité de tout pays, il faut commencer par chausser les bottes. Et c'est à cette éducation que je me suis engagé avec mes formations pour les futurs industriels africains dont la dernière s'est terminée à Paris dimanche 25 Juin 2017 dernier et la prochaine à Yaoundé au mois d'Août prochains. La chose n'est pas aussi facile comme je l'avais imaginée, mais on progresse année après année dans l'endurance et les difficultés. Et les résultats même maigres, sont plus que satisfaisants.
Peut-être que je ne pourrais pas remporter mon paris d'enseigner la valeur du travail dur depuis la terre aux africains, mais l'exemple de la Suisse en matière de démocratie participative m'inspire beaucoup dans ma contribution à la construction d'une autre société plus juste pour l'Afrique de demain, basée sur la priorité des créations de richesses comme préalable à toute politique. Et nous avons suffisamment de bonnes terres pour y arriver.
Mon vibrant souhait est que demain ce soit ces jeunes qui ont su se retrousser les manches pour créer de la richesse depuis la plantations, qui accèdent aux fonctions politiques avec des thèmes de campagne électorale, finalement centrés sur les bilans de chacun dans sa propre vie antérieure, avant de prétendre faire des miracles pour le peuple.
Mon modèle est calqué de celui suisse où la politique ne doit plus devenir une profession ou le lot de consolation des plus médiocres d'entre nous qui n'ont pas pu exceller ailleurs. Je veux opposer en campagne électorale, mes jeunes qui pourront vanter le bilan leurs actions de Patrons, de donner du travail à 100 personnes grâce auquel de nombreuses familles vivent, à un autre qui viendrait juste brandir ses diplômes de docteur en doctorat de la science politique. Je suis convaincu qu'il n'y aurait pas match, mais un vrai K.O. entre mon jeune avec sa mitrailleuse et l'Agrégé, spécialiste du bavardage avec sa flèche poétique.
Jean-Paul Pougala
Berne, le 29 Juin 2017


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