Quelquefois, laisser le temps au temps permet de clarifier des situations, d'extraire l'essence du
magma pour avoir le beau.
Il serait convenant de dire que dans mon cas, je ne soutiens jamais un homme mais un idéal, jamais un homme mais des principes.
J'ai entendu certains alléguer que je soutiendrais tel individu par rapport à tel autre. Il s'agit là d'une erreur monumentale d'interprétation de mes faits et de mes mots. Erreur d'autant plus fondamentale que j'ai toujours pensé qu'un être humain avait une durée de vie limitée dans l'espace temps, qu'on ne saurait lui adjoindre un idéal. Ce qui explique souvent que les supporters des uns et des autres se retrouvent démunis lorsque meurt leur héros, leur Dieu, celui qui à lui seul symbolise à leurs yeux alpha et oméga, le commencement et la fin de tout. " Au commencement était le verbe..." Le principe comme l'idéal sont d'abord des verbes, des dynamiques vivants avec une autonomie si puissante qu'ils peuvent produire des êtres exceptionnels, mais somme toute, rien que des humains.
D'où ma réticence à adjoindre mon soutien à un individu. Parce qu'un idéal m'a toujours parut supérieur à l'homme. Que l'on ne saurait l'accoler à une individualité aussi brillante soit-elle sans en sortir aigri, blessé, déçu... Que l'on se doit de le poursuivre au delà des hommes qui à des instants précis de notre existence ont semblé l'incarner.
Ainsi, lorsqu'il m'est arrivé de défendre la souveraineté d'une Nation-recemment certains pays d'Afrique - j'ai entendu quelques rares cris d'orfraies me reprochant de soutenir machin... La souveraineté d'un État ne se négocie pas. Elle n'est pas approximative... Elle est totale...Ou ne l'est pas.
Le cas de la Côte d'Ivoire m'a paru symptomatique du mal comprendre de certains. Doit-on fouler aux pieds la souveraineté d'un État sous prétexte d'une élection ? Ma réponse est non...Peu m'importe le vainqueur ou pas de cette élection.... Car en négociant cette souveraineté au gré des intérêts des uns et des autres, on en revient à la négation même de l'indépendance, cette indépendance si chèrement acquise et qui a coûté la vie à des millions de nos ancêtres. D'où ma posture.
La Libye dans le cas d'espèce est une caricature. Pas d'élection, puisque ce pays n'était pas à ma connaissance orchestré par un Chef d'Etat, mais dirigé par des chefs de Tribus et des comités populaires. Khadaffi était considéré par ses concitoyens comme un ambassadeur censé représenter leur pays à l'extérieur. En outre la bonne gestion du pays l'avait doté d'infrastructures de qualité, de routes, d'hôpitaux, de meilleures Universités d'Afrique etc... Comment justifier l'agression dans cette configuration si ce n'est par le désir d'une part de certains individus âpres au pouvoir prêts à brader leurs terres, leurs puits de pétrole, leur uranium pour quelques honneurs, et d'autre part, par la prédation des grands de notre si petit univers soucieux de s'approvisionner des matières premières à moindre coût?
Alors, je condamne, je condamne, ce qui ne m'empêche pas par ailleurs à constater que dans plusieurs pays d'Afrique, le processus de transition démocratique a quelques difficultés à démarrer. Certains chefs d'Etat au bout de vingt ans de voire trente ans de pouvoir tâtillonnent encore sur l'idée de s'en aller vers l'anonymat, vers une vie de simple citoyen. Ils ne songent pas à céder leur place. C'est à ne rien y comprendre. Et l'on a beau leur rappeler que pour le bien de leur peuple, il serait judicieux de s'éclipser... Eh, que non ! Ils s'entêtent, pensant connement qu'ils sont les plus intélligents, qu'ils sont indispensables, que sans eux tout irait à vaux-l'au ! Et ces poncifs pompeux et abjects, gonflés de narcissisme, d'égoïsme, méprisant pour le reste de leurs concitoyens, finissent par s'ancrer dans l'inconscient collectif. On entend çà et là : " Mais pourquoi partirait-il ?" et des " Qui va donc le remplacer ?" Je suis attérée face à ces discours d'une débilité absolue. Doit-on répéter inlassablement aux peuples que ce n'est pas un Chef d'Etat aussi lumineux soit-il qui dirige un pays ? Qu'un Chef d'Etat n'est qu'un symbole et que les pays sont en réalité dirigés par des gestionnaires, des administrateurs ? Que n'importe quel moins imbécile que la sous-moyenne des idiots pourrait devenir Président ? Souvenez-vous des jeunes Dauphins qui à la mort du Roi était proclamé Roi à cinq ans ! Dirigeaient-ils ? Eh bien, non !
J'ai tenu ce matin à écrire ce petit mot sans doute pour en appeler aux dirigeants africains d'avoir l'humilité et la sagesse de poser par eux-mêmes l'acte courageux qui consiste à ne pas se représenter pour un énième mandat. On sait que malgré des élections transparentes, le résultat du scrutin ne saurait leur être défavorable ! Parce qu'en vingt ou trente ans ils ont pu émailler leur société de telle façon qu'aucun opposant ne saurait gagner. Que les moyens étatiques à sa disposition ne peuvent que l'aider à gagner toujours et encore. David et Goliath des temps modernes... Sauf qu'aujourd'hui, les miracles de ce type n'existent plus. L'opposant n'aura plus pour lui que sa rancoeur. Il pourra comme certains appeler au boycott des élections, ce qui me fait toujours sourire, tant le boycott d'une élection ne lui ôte pas sa légitimité. Il pourra toujours se présenter et crier par la suite que les élections ont été truquées... Mais on sait bien que non... Juste, juste la machine à gagner installée en face et contre laquelle il ne peut que perdre.
Pour ces chefs d'Etats éternels, ces Présidents à vie dont certains trouvent le moyen sale d'installer leurs progénitures au pouvoir en mourrant, créant de facto des Royaumes, quoique défendant âprement la souveraineté des États, j'éprouverais quelques difficultés à les défendre contre les agressions extérieures qui pourraient prendre prétexte de leur soif inextinguible du pouvoir... Parce qu'il leurs appartient de ne point se mettre dans une situation délicate pour eux et pour leur peuple... Parce qu'il leurs appartient de protéger par leur abnégation la souveraineté de leur pays, la cohésion et la paix entre les diverses franges de leur communauté nationale. Parce qu'il leurs appartient de montrer par l'auto-retrait de la vie politique, qu'ils aiment leur terre...
30 septembre 2011
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