En refusant tout débat sur sa situation personnelle et les éventuels conflits d’intérêts y attachés, la présidente de la Cour constitutionnelle à vie a marqué son opposition à toute discussion «sans tabou», ruinant ainsi les espoirs de réformes de fond.
Acculée, poussée dans ses derniers retranchements, la présidente de la Cour constitutionnelle à vie feint l’indifférence et l’incompréhension. Depuis maintenant un quart de siècle, et pire encore depuis 2009, l’opinion publique lui reproche de dicter sa loi au lieu de dire le droit. On la soupçonne d’agir en défense d’intérêts particuliers. On la suspecte de faire et défaire les responsables politiques. Surtout, on l’accuse de s’être arrogé la souveraineté du peuple et le pouvoir de désigner le président de la République.
Face à ce tombereau de récriminations, elle s’est récemment confondue en dénégations et justifications (lire «Allez vous plaindre ailleurs» ). Du haut de la tribune du Dialogue politique, elle a usé de tous les artifices rhétoriques possibles et imaginables : argument d’autorité, effet petits ruisseaux, effet cerceau, syndrome de Popeye, effet cigogne, tout y passé. Comme toujours, elle s’est défendue de toute de responsabilité, rejetant l’ensemble des dysfonctionnements sur d’autres maillons de la chaîne électorale. Naturellement, elle a omis de se prononcer sur la responsabilité supposée d’autres institutions dans son interprétation de la loi et les décisions subséquentes.
Victimisation
Insultante, révoltante et tout de même pitoyable, cette ligne de défense n’est pas nouvelle. Elle en dit long sur le sens des responsabilités du juge constitutionnel. Elle souligne une bien singulière compréhension du fonctionnement de la justice. La prétention à vouloir faire la leçon sur «l’apport de chaque gabonais (…) dans le processus de désignation des représentants du peuple» suscite une hilarité maussade. L’assertion selon laquelle «la Cour constitutionnelle […] ne prend part ni à l’établissement de la liste électorale, ni à l’organisation proprement dite des opérations de vote, encore moins à la centralisation des résultats électoraux» procède d’une omission volontaire. L’affirmation selon laquelle «la Cour constitutionnelle ne fait pas l’élection, elle ne choisit ni n’intronise aucun candidat. Elle ne fait que dire le droit et tirer les conséquences de sa violation en matière électorale, comme elle le fait en toute autre matière» relève d’une falsification des faits.
Droite dans ses bottes, Marie-Madeleine Mborantsuo n’a, en aucune manière, répondu aux accusations formulées depuis 1993. Elle n’a convaincu ni de sa bonne foi ni de son engagement au service de la République. Bien au contraire, elle a donné l’impression de faire dans la victimisation. Ce faisant, elle a laissé transparaitre le refoulement d’un sentiment traumatique. Jouant les puits de science, elle a essayé de renvoyer ses contempteurs à la Béotie. S’attribuant le monopole de la science juridique, elle s’est décrite comme victime de l’ignorance des autres. Se posant en érudit de la procédure, elle a décrit leurs réserves comme la résultante d’une méconnaissance du fonctionnement des institutions. Incidemment, elle a incité à l’analyse de son vécu et à l’examen des états de service de son institution. Au final, elle a compliqué l’établissement de relations apaisées entre la Cour constitutionnelle et les usagers.
Ni sympathie ni confiance
Refusant d’affronter le présent et imaginer le futur, la présidente de la Cour constitutionnelle a préféré regarder dans le rétroviseur. Proscrivant l’examen de la portée de ses décisions, elle a pointé un doigt accusateur vers d’autres institutions. S’interdisant toute spéculation sur le devenir du pays, elle a joué les Ponce Pilate. Marie-Madeleine Mborantsuo n’a pas seulement voulu s’absoudre de toute responsabilité. Elle s’est surtout évertuée à singulariser son institution et à en complexifier le mandat. Y est-elle parvenue ?
On peut sérieusement en douter. A la fin des fins, elle est apparue peu concernée par l’avenir, le bien commun et l’intérêt général. En conséquence, sa ligne de défense ne changera rien à la perception de l’opinion. Ni réaliste ni fiable encore moins clair ou sincère, son propos ne suscitera ni sympathie ni confiance. L’exercice d’autocélébration livré, dès le lendemain, par le président de la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) est, au demeurant, une pierre lancée dans le jardin du juge constitutionnel (lire «Aboghé Ella milite pour plus de prérogatives»).
A l’évidence, la polémique sur le rôle de la Cour constitutionnelle dans la désignation des responsables politiques, notamment le président de la République, est loin de son épilogue. Elle pourrait même avoir été relancée. Invitée à «tirer toutes les conséquences de sa prise de position politique» suite à une interview parue chez nos confrères de Jeune Afrique en septembre dernier (lire «Mborantsuo, accusée de parti pris»), la présidente de cette juridiction ne peut faire comme si elle ne s’est pas trop souvent livrée à des appréciations d’ordre politique (lire «Mborantsuo sereine, malgré les pressions»). Eu égard à ses liens familiaux, elle ne peut nier la légitimité de la suspicion à son endroit, sauf à faire dans la mauvaise foi.
Vu la sévérité du jugement des observateurs à son encontre (lire «L’an XXV de Mborantsuo»), on est tenté de l’inviter à plus de réserve et de retenue.Pourtant, en dénonçant les «a priori, (…) fantasmes les plus incroyables (et) (…) clichés», Marie-Madeleine Mborantsuo a fermé la porte à tout examen conscience. Au-delà, elle s’est refusée à tout débat sur sa situation personnelle et les éventuels conflits d’intérêts y attachés. D’une certaine façon, elle a marqué son opposition à toute discussion «sans tabou». Pour les chantres du Dialogue politique, son attitude doit avoir valeur d’aveu. Sauf à évoluer dans le monde des Bisounours ou à miser sur d’éventuels désaccords entre ses alliés objectifs de la majorité et elle, ils peuvent, d’ores et déjà, faire le deuil des réformes en profondeur.
avec gabonreview
gabonlibre.com
Face à ce tombereau de récriminations, elle s’est récemment confondue en dénégations et justifications (lire «Allez vous plaindre ailleurs» ). Du haut de la tribune du Dialogue politique, elle a usé de tous les artifices rhétoriques possibles et imaginables : argument d’autorité, effet petits ruisseaux, effet cerceau, syndrome de Popeye, effet cigogne, tout y passé. Comme toujours, elle s’est défendue de toute de responsabilité, rejetant l’ensemble des dysfonctionnements sur d’autres maillons de la chaîne électorale. Naturellement, elle a omis de se prononcer sur la responsabilité supposée d’autres institutions dans son interprétation de la loi et les décisions subséquentes.
Victimisation
Insultante, révoltante et tout de même pitoyable, cette ligne de défense n’est pas nouvelle. Elle en dit long sur le sens des responsabilités du juge constitutionnel. Elle souligne une bien singulière compréhension du fonctionnement de la justice. La prétention à vouloir faire la leçon sur «l’apport de chaque gabonais (…) dans le processus de désignation des représentants du peuple» suscite une hilarité maussade. L’assertion selon laquelle «la Cour constitutionnelle […] ne prend part ni à l’établissement de la liste électorale, ni à l’organisation proprement dite des opérations de vote, encore moins à la centralisation des résultats électoraux» procède d’une omission volontaire. L’affirmation selon laquelle «la Cour constitutionnelle ne fait pas l’élection, elle ne choisit ni n’intronise aucun candidat. Elle ne fait que dire le droit et tirer les conséquences de sa violation en matière électorale, comme elle le fait en toute autre matière» relève d’une falsification des faits.
Droite dans ses bottes, Marie-Madeleine Mborantsuo n’a, en aucune manière, répondu aux accusations formulées depuis 1993. Elle n’a convaincu ni de sa bonne foi ni de son engagement au service de la République. Bien au contraire, elle a donné l’impression de faire dans la victimisation. Ce faisant, elle a laissé transparaitre le refoulement d’un sentiment traumatique. Jouant les puits de science, elle a essayé de renvoyer ses contempteurs à la Béotie. S’attribuant le monopole de la science juridique, elle s’est décrite comme victime de l’ignorance des autres. Se posant en érudit de la procédure, elle a décrit leurs réserves comme la résultante d’une méconnaissance du fonctionnement des institutions. Incidemment, elle a incité à l’analyse de son vécu et à l’examen des états de service de son institution. Au final, elle a compliqué l’établissement de relations apaisées entre la Cour constitutionnelle et les usagers.
Ni sympathie ni confiance
Refusant d’affronter le présent et imaginer le futur, la présidente de la Cour constitutionnelle a préféré regarder dans le rétroviseur. Proscrivant l’examen de la portée de ses décisions, elle a pointé un doigt accusateur vers d’autres institutions. S’interdisant toute spéculation sur le devenir du pays, elle a joué les Ponce Pilate. Marie-Madeleine Mborantsuo n’a pas seulement voulu s’absoudre de toute responsabilité. Elle s’est surtout évertuée à singulariser son institution et à en complexifier le mandat. Y est-elle parvenue ?
On peut sérieusement en douter. A la fin des fins, elle est apparue peu concernée par l’avenir, le bien commun et l’intérêt général. En conséquence, sa ligne de défense ne changera rien à la perception de l’opinion. Ni réaliste ni fiable encore moins clair ou sincère, son propos ne suscitera ni sympathie ni confiance. L’exercice d’autocélébration livré, dès le lendemain, par le président de la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) est, au demeurant, une pierre lancée dans le jardin du juge constitutionnel (lire «Aboghé Ella milite pour plus de prérogatives»).
A l’évidence, la polémique sur le rôle de la Cour constitutionnelle dans la désignation des responsables politiques, notamment le président de la République, est loin de son épilogue. Elle pourrait même avoir été relancée. Invitée à «tirer toutes les conséquences de sa prise de position politique» suite à une interview parue chez nos confrères de Jeune Afrique en septembre dernier (lire «Mborantsuo, accusée de parti pris»), la présidente de cette juridiction ne peut faire comme si elle ne s’est pas trop souvent livrée à des appréciations d’ordre politique (lire «Mborantsuo sereine, malgré les pressions»). Eu égard à ses liens familiaux, elle ne peut nier la légitimité de la suspicion à son endroit, sauf à faire dans la mauvaise foi.
Vu la sévérité du jugement des observateurs à son encontre (lire «L’an XXV de Mborantsuo»), on est tenté de l’inviter à plus de réserve et de retenue.Pourtant, en dénonçant les «a priori, (…) fantasmes les plus incroyables (et) (…) clichés», Marie-Madeleine Mborantsuo a fermé la porte à tout examen conscience. Au-delà, elle s’est refusée à tout débat sur sa situation personnelle et les éventuels conflits d’intérêts y attachés. D’une certaine façon, elle a marqué son opposition à toute discussion «sans tabou». Pour les chantres du Dialogue politique, son attitude doit avoir valeur d’aveu. Sauf à évoluer dans le monde des Bisounours ou à miser sur d’éventuels désaccords entre ses alliés objectifs de la majorité et elle, ils peuvent, d’ores et déjà, faire le deuil des réformes en profondeur.
avec gabonreview
gabonlibre.com
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