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FCFA:ET SI ON SORTAIT DU COMPTE D’OPERATIONS ? Par l'economiste Dieudonné ESSOMBA. Voici ce qui nous attends. Explication...

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ET SI ON SORTAIT DU COMPTE D’OPERATIONS ?
La sortie de la France de la gestion du CFA, du fait de sa volonté propre ou de celle des pays
africains, signifierait évidemment la fin du Compte d’Opérations logé au trésor français, et en même temps la fin de la garantie de convertibilité du CFA. Cela ne signifie pas que le CFA est mort, mais simplement que la BEAC va désormais gérer nos devises et régler nos transactions extérieures : personne n’ira plus demander à la France de transformer les CFA en devises.
La nouvelle monnaie pourrait d’ailleurs porter un autre nom.
Du point de vue de la masse monétaire, cela n'aura aucun impact dans la Région, et les populations ne se rendront même pas compte que quelque chose s’est passée, de ce point de vue. Seulement, cette situation va déclencher une chaîne d’effets avec des impacts effrayants :
1. Tout d’abord, le retrait de la France enlève au CFA (ou ce qui le remplace) sa nature de devise, déclenchant par le fait même une course folle à sa conversion. Tout d’abord, les hommes d’affaires des pays voisins qui utilisaient cette monnaie comme épargne et comme instrument de transactions et qui voudront s’en débarrasser au plus vite pour des monnaies de plus haute qualité. Ensuite, par les opérateurs de la CEMAC eux-mêmes pour les mêmes raisons. Cette embolie va provoquer la vaporisation instantanée de sa valeur, et en moins de 24 heures, le CFA ne vaudra même plus la valeur de son papier ;
2. L’évaporation instantanée de l’épargne et l’abrogation de la valeur de la liquidité de la CEMAC aura pour conséquences immédiates l’étranglement de l’activité économique, l’appauvrissement instantanée des pays, la paralysie de l’Etat et certainement, un désordre politique généralisée ;
3. La Zone CEMAC finira très rapidement par exploser, à supposer qu’elle réussisse à survivre à ce choc, car très vite, elle sera confrontée au problème le plus redoutable qui frappe les monnaies uniques dans des pays indépendants : la gestion des déficits courants. En effet, quand des pays indépendants utilisent une monnaie unique, certains accumulent des excédents, d’autres accumulent des déficits qui peuvent les entraîner dans les crises contre lesquelles ils ne peuvent rien. Il en découle qu’une telle monnaie n’est viable qu’au sein d’une fédération politique qui va assurer d’autorité des transferts et réguler les équilibres à partir de l’aménagement du territoire.
Jusqu’à présent, la France prenait en charge ces déficits. Qui va désormais le faire ? La CEMAC n’étant pas une fédération et étant loin de l’être, la suppression du compte d’opérations entrainera immédiatement l’éclatement du CFA en monnaies souveraines.
4. Chaque pays ayant sa monnaie, la Cameroun aura la sienne, mais dans des conditions plus mauvaises que le Naira ou le Cédi aujourd’hui, car ceux-ci s’appuient précisément sur le CFA comme une soupape de sûreté. Autrement dit, non seulement, la disparation du CFA se traduira par la dégradation des nouvelles monnaies des pays CFA, mais elle dégradera aussi les monnaies voisines actuellement souveraines, amplifiant l’instabilité de tout le Golfe de Guinée.
Tout cela pour dire qu’on ne sort pas du CFA comme on sort d’une grange. Le système n’a pas été formaté pour céder aux caprices de quelques révolutionnaires du dimanche, ignorants et emportés.
Quand une bande d’écervelés hurlent à la souveraineté monétaire et demandent de sortir du CFA sans viatique, ils ne savent même pas de quoi ils parlent.
J’ai demandé qu’il faut binariser le CFA, parce que c’est la seule voie intelligente et utile pour en sortir. Il s’agit de mettre en place tout d’abord une Monnaie Majeure, qui est une devise pure, et dont le pouvoir d’achat est généralisé (biens importés et biens locaux), et de lui accoler une Monnaie mineure au pouvoir d’achat limité. En raison de son arrimage garantie à l’Euro et de l’existence d’un dispositif fonctionnel, il est plus intelligent et plus économique de faire jouer au CFA le rôle de Monnaie Majeure.
Le travail à faire sera alors de limiter progressivement l’usage du CFA au strict minimum, au bénéfice de la Monnaie Locale, le but étant de porter le volume du CFA à un montant correspondant exactement aux réserves en devises.
A partir de ce moment, on peut sortir du CFA, assuré que le système aura assez de ressources pour répondre à toute panique.
Le système que je propose est, assez bizarrement, et sans que cela soit aussi explicite, le même que le Maroc applique. En effet, le Maroc dispose de son Dirham, mais le dollar et l’Euro ont cours normal et circulent librement comme monnaies de transaction. A l’intérieur, on change plus facilement l’Euro-Dollar en Dirham, mais l’inverse est plus difficile.
L’idée à la base consiste à faire jouer au CFA le rôle de l’Euro/dollar, une Monnaie Locale Camerounaise jouant le rôle du Dirham. Il devient alors facile de dire : « je ne veux plus de dollar ou d’Euro comme monnaie sur mon territoire, il faut les convertir d’abord en un Dirham Majeur totalement convertible ».
De même que nous dirons : « nous ne voulons plus de CFA sur notre territoire, il faut convertir toutes les devises d’abord en notre Monnaie Majeure ».
C’est cela la bonne démarche de sortie du CFA.
Nti Dieudonné ESSOMBA
Président de l’Ecole Africaine de l’Economie Contemporaine
(Institut TCHUNDJANG)

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