La percée des Smartphones et ses applications affriolantes a induit de nombreuses transformations dans la vie sexuelle des populations. A Cotonou, métropole économique du Bénin, le business du sexe vit de beaux jours grâces à l’application whattsApp et fait des heureux chez une nouvelle race de proxénètes. Voici comment !
Samedi 27 juillet, 16 heures. La plus fréquentée des plages de Cotonou, celles de Fidjrossè reçoit son animation habituelle. Difficile de se faire un passage entre véhicules, motos et piétons, pressés de rejoindre chacun un emplacement de fête. La plage est bombée comme à ses habitudes. Les cabanes et paillotes débordent. La musique perce les tympans et s’y ajoute le bruit des moteurs en déplacement. En somme, un vacarme assourdissant mais auquel la plupart des riverains et usagers de la plage sont habitués. Pour les néophytes, cela apparait comme une ambiance de rêve. Mais celle-ci ne reflète que la partie visible de l’iceberg. La plage de Fidjrossè et son prolongement, celle de Togbin sont devenus ces derniers mois la plateforme d’un autre business : celui du sexe. La particularité, ici, c’est que les acteurs de ce business l’entretiennent via les applications Android, whatsApp assez souvent. «Cela les conforme, entretient le lien du virtuel et permet une confidentialité qui ne dit pas son nom», laisse entendre Général C.S.
Aucun sacrifice n’est de trop pour le maquereau, même si pour cela il faut propulser de nombreuses jeunes filles, souvent innocentes mais vivant dans la précarité, dans le vice et la prostitution.
Rendu célèbre par ses nombreux pseudonymes, l’homme qui nous aide à percer les mystères de cette «affaire» ne révèlera pour rien sa réelle identité. La plupart de ceux qui traitent avec lui ne le connaissent non plus que par ses pseudonymes et ses numéros de téléphone. «L’essentiel c’est le business. Ils ne travaillent pas à l’état civil», coupe l’homme, la trentaine révolue, grand de taille. Ses deux téléphones Android soigneusement rangés dans les poches de son Jeans, notre interlocuteur est passé sur la plage s’assurer que tout est en ordre pour la soirée qu’il projette. «Ses bons clients» comme il les appelle doivent s’amuser dans la soirée. Et pour ce faire, tout doit être en ordre. Ce premier passage sur la plage, il en profite pour déposer les premiers achats : cigarettes, boisons, liqueurs, plats, verres, préservatifs… Fatigué des nombreux allers-retours, il profite du temps pour prendre une bière, fumer deux cigarettes et régler les notes des trois paillotes Vip qu’il loue pour la soirée. Le temps de la détente, nous échangeons avec le businessman sur les contours de cette affaire singulière qu’il entretient depuis plusieurs mois et qui lui permet de subvenir aux besoins de son garçon, de sa femme et de sa mère vivant tous à Lomé. Pour eux, aucun sacrifice n’est de trop, semble-t-il dire. Même si pour cela il faut propulser de nombreuses jeunes filles souvent innocentes, mais vivant dans la précarité, dans le vice et la prostitution.
80% au téléphone et 20% de contact physique
Ces derniers jours, notre interlocuteur semble particulièrement en joie. Depuis deux semaines que durent nos échanges et contacts, lui qui est décrit comme souvent «désagréable» est plutôt très abordable. La raison c’est que la période des vacances lui marche à merveille. Le nombre de «ses filles» a flambé. Dans le même temps, son business «marche à merveille». Et pour ce samedi, il compte faire une belle affaire. C’est pourquoi les coups de fil s’enchainent à l’infini et les messages pleuvent sur son portable. C’est d’ailleurs là, la particularité de ses affaires : «80% au téléphone et 20% de contact physique», rit-il. Une précaution que lui impose le caractère hautement illicite de l’activité menée. S’il faut utiliser les bons mots, notre interlocuteur devrait être qualifié de proxénète. Mais peu importe pour lui, tant qu’il n’est pas inquiété. Difficilement mis en relation et en confiance par un de ses «fidèles clients», ce n’est pas sans peine que le jeune affairiste a accepté notre compagnie. Mais la confiance n’a pas été établie à cent pour cent. Pour certains appels, il nous éloigne volontiers pour se sentir à son aise.
Le recrutement ? Il se fait souvent au détour des échanges et des rencontres, ou via des points focaux qui véhiculent l’information en toute discrétion, surtout dans les universités et les collèges. De bouche à oreille, la masse de ces filles qui se livrent volontiers au business du sexe via whatsApp s’agrandit de jour en jour.
En réalité, notre interlocuteur dont les pseudonymes varient d’un individu à un autre est un ADMIN comme on les appelle à Cotonou. L’appellation sort de l’ordinaire sans rien avoir de concret en terme de contenu. Il n’est en réalité que «administrateur» de groupe WhatsApp. Ces fora de discussion qui se créent avec des dizaines de membres grâce à cette application. Des groupes du genre, il en a une trentaine environ sur son téléphone. Des groupes de sexe où le business de la satisfaction de la libido coule à flot. Chacun des groupes à sa spécificité. Selon ses explications, il y en a qui rassemblent uniquement des filles, d’autres des hommes, d’autres des personnes des deux sexes ou encore des groupes spécifiques pour les lesbiennes et des bisexuelles. Y sont membres, des étudiantes, des élèves, des apprenties artisanes, quelques fonctionnaires, des chômeurs, des serveuses de bar, des filles de joie…
Le recrutement ? Il se fait souvent au détour des échanges et des rencontres, ou via des points focaux qui véhiculent l’information en toute discrétion, surtout dans les universités et les collèges. De bouche à oreille, la masse de ces filles qui se livrent volontiers au business du sexe via whatsApp s’agrandit de jour en jour. Notre interlocuteur lui en est devenu un spécialiste et se fait solliciter par son «numéro de service». Mille et une stratégies sont utilisées. Souvent, les photographies des filles (en partie voilées) et celles de leurs parties intimes sont exposées, publiées à grand renfort publicitaire auprès des «consommateurs» avec la tarification qui va avec. Ceux-ci font leurs choix, négocient le prix correspondant. Le schéma paraît banal à première vue. Mais ne l’est pas en réalité. Car, la plupart de ces filles, en tout cas celles du Général C.S., ont souvent leur particularité dans la pratique sexuelle qui va au-delà des habitudes et relève du fantasme des hommes.
Le proxénète en action. Photo Josué Fortuné Mehouênou.
Pour ce samedi, il s’agit d’une partie de sexe en commun pour laquelle une dizaine d’hommes dont deux employés de banque ont payé cinq jours à l’avance par transfert d’argent sur mobile et ont confirmé leur présence. Huit filles seront à leur service et le manager de l’opération se plaît à faire défiler leurs photographies à notre vue. De jeunes filles, entre 20 et 30 ans, toutes belles les unes autant que les autres. La partie se jouera à partir de 19 heures et ne prendra fin qu’au petit matin. Mais il a fallu attendre 20 heures pour que les premiers arrivants se pointent. Mais le groupe ne tardera pas à se former. Les filles annoncées sont de la partie, tout comme les clients. Général C.S. nous fait passer pour son assistant. Présentation autour des verres de liqueurs, échanges à bâtons rompus… Préoccupation diverses, même si des sujets relatifs au sexe reviennent souvent au cœur de la discussion. Un moment, Général C.S. rappelle les règles du jeu et réitère son vœu de voir les «choses» se dérouler dans le respect mutuel. Dans un français approximatif, il insiste particulièrement sur le respect des filles. «Elles sont de futurs cadres. Nous avons peut-être des futurs ministres et chefs d’entreprises parmi elles», indique-t-il. «Ce sont aussi de futures mères de familles. Elles pourraient devenir des épouses de gens de votre famille», poursuit le maître des lieux, repris par des applaudissements d’appréciation. Général C.S. se perd dans son latin et poursuit en langue Mina (langue parlée au Togo et dans certaines régions du Bénin).
Business rentable
La partie de fête qui doit précéder l’objectif même de la soirée se poursuit jusqu’à une heure avancée de nuit. Ce n’est finalement que vers 23 heures que place est faite aux «choses sérieuses». Inutile de les raconter. Mais ceux qui ont payé 30.000F Cfa chacun (soit environ 50 Euros) doivent prendre leur plaisir. Des soirées du genre, Général C.S. en organise chaque week-end. Parfois même en semaine. Certaines sont payées à 50.000 Francs Cfa. Elles sont souvent l’opportunité pour les participants de concrétiser leur fantasme comme par exemple faire l’amour à plusieurs, faire l’amour avec deux filles… Selon ses explications, on opte pour la plage pour les gens moyens, des auberges de fortune pour les moins fortunés et des appartements climatisés pour les grosses bourses. «Chaque exigence à son coût», nuance-t-il. La partie de ce samedi est organisée à XX Beach, situé le long du littoral. Notre interlocuteur soutient que c’est une pratique assez connue. Mais comment se fait-il que la police qui fait souvent des descentes pour la plage à partir d’une certaine heure n’en sait rien ? A cette interrogation, il rit de tout son être. Un rire moqueur qui en dit long sur une vraisemblable complicité.
Certaines filles offrent des services sexuels rémunérés via transfert d’argent parfois sans aucun contact physique. Il s’agit dans ce cas, et bien souvent, d’échanges de photographies et de vidéos contre rémunération, ou même de pratiques sexuelles sur diverses applications téléphoniques
Selon nos informations, les ADMIN lorsqu’ils opèrent sur la plage indiquent le lieu et l’heure de leur rendez-vous, soudoient et épargnent ainsi les visites inopportunes. Dans ce business du sexe, beaucoup se font leur beurre entre les pourboires perçus sur les filles, les cadeaux des clients satisfaits, mais d’abord et avant tout sur l’activité elle-même. Une chose est certaine, c’est tout sauf une perte. Les gains hebdomadaires qui reviennent à notre interlocuteur par exemple vont souvent au-delà de 100.000F Cfa par semaine, informe-t-il. Dans notre quête d’informations sur le sujet, bien d’autres options et pratiques nous ont été révélées. C’est ainsi par exemple que nous avons compris que certaines filles offrent des services sexuels rémunérés via transfert d’argent parfois sans aucun contact physique. Il s’agit dans ce cas, et bien souvent, d’échanges de photographies et de vidéos contre rémunération, ou même de pratiques sexuelles sur diverses applications téléphoniques, à l’instar d’Imo ou les appels facebook. Une certitude, les technologiques et les facilités offertes par les Smartphones ont induit un changement qualitatif dans la vie des populations de la ville Cotonou et celles des autres grandes villes en général, avec une part importante pour le sexe et aussi pour le business qui va avec.
Source: thisisafrica.me
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