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Cameroun - Opinion - Dr Denis A. FORETIA: Seul un Gouvernement de transition, sans Paul Biya, peut sauver le Cameroun - Only a transitional government, without Biya, can save Cameroon

" La crise anglophone, qui a secouĂ© le pays au cours des six derniers mois, n’est pas encore rĂ©solue. Cet Ă©pisode reprĂ©sente l’un des dĂ©fis auxquels est confrontĂ© notre camion. En projetant sur la place publique des divergences fondamentales liĂ©es Ă  l’histoire, le problĂšme anglophone n’est rien d’autre que la face visible des maux qui menacent l’unitĂ© du pays."

Seul un Gouvernement de transition, sans Paul Biya, peut sauver le Cameroun

Par Denis Foretia, MD.MPH.MBA.,

Le Cameroun, mon pays, est sur le point de commettre un suicide.  Comparons ce pays Ă  un gros camion qui effectue un trajet sur une route avec des pneus crevĂ©s, un rĂ©servoir presque vide et un moteur sur le point de couler. Le conducteur ignore tous les signaux d’alerte et de dĂ©tresse qui s’affichent sur le tableau de bord.
 La crise anglophone, qui a secouĂ© le pays au cours des six derniers mois, n’est pas encore rĂ©solue. Cet Ă©pisode reprĂ©sente l’un des dĂ©fis auxquels est confrontĂ© notre camion. En projetant sur la place publique des divergences fondamentales liĂ©es Ă  l’histoire, le problĂšme anglophone n’est rien d’autre que la face visible des maux qui menacent l’unitĂ© du pays.
 Bien avant les soulĂšvements de la communautĂ© anglophone, la situation du pays n’était pas enviable. Les Camerounais n'ont pas confiance au PrĂ©sident Paul Biya et Ă  son gouvernement. Ce manque de confiance affecte le systĂšme judiciaire. En consĂ©quence, les citoyens ordinaires, abandonnĂ©s Ă  eux-mĂȘmes,  recourent aux modes alternatifs de rĂ©solution des litiges. Pour ce peuple dĂ©sabusĂ© qui n’a plus confiance en son pouvoir judiciaire, la justice populaire devient la norme et la voie de recours ultimes.
 La colĂšre des camerounais est Ă©galement perceptible sur le champ politique. Et pour cause, le parti au pouvoir a verrouillĂ© le  systĂšme Ă  telle enseigne que personne ne croit en un changement par la voie des urnes. Dans le contexte actuel, mĂȘme Barack Obama perdrait une Ă©lection prĂ©sidentielle face Ă  Paul Biya, qui est ĂągĂ© de 84 ans. Un fait tout Ă  fait paradoxal: le Cameroun est un pays oĂč les jeunes de 18 ans peuvent ĂȘtre recrutĂ©s dans les forces de dĂ©fense comme soldats, aller en guerre pour dĂ©fendre le drapeau national, mais sont contraints, de par la Loi, d’attendre jusqu'Ă  l’ñge de 20 ans pour pouvoir voter.
 Les crises actuelles ont exacerbĂ© une situation Ă©conomique dĂ©jĂ  prĂ©caire. Le cours du pĂ©trole et d’autres produits de base sont en chute libre et on ne s’attend pas Ă  ce que la situation change de si tĂŽt. Le pays ne peut augmenter ses rĂ©serves de devises Ă  travers les exportations. En effet, sa monnaie - le Franc CFA - est trĂšs forte et sa politique monĂ©taire est pratiquement dictĂ©e par le gouvernement français. La suspension de l’Internet dans les RĂ©gions anglophones a considĂ©rablement rĂ©duit les investissements directs Ă©trangers ; des dĂ©cisions d'investissement ont Ă©tĂ© reportĂ©es ou annulĂ©es, compte tenu du risque politique–pays Ă©levĂ©. Le Cameroun, en somme, traverse une crise perpĂ©tuelle.
 Certains pays aux indicateurs semblables ont connu des soulĂšvements populaires et violents. En temps de crise, l'altruisme doit ĂȘtre de mise. Lorsque les choses s'effondrent et que le piston central ne contrĂŽle plus la pĂ©riphĂ©rie, nous devons tous agir dans l’intĂ©rĂȘt collectif du pays. Dans un avenir proche, seul un gouvernement de transition pourrait empĂȘcher une rĂ©bellion et jeter les bases d'une vĂ©ritable cohĂ©sion sociale.

Quel genre de gouvernement de transition ?
 Le pays fait face Ă  un dilemme: continuer sur le chemin actuel et imploser, ou construire un Cameroun nouveau, pluraliste et dĂ©mocratique qui valorise la sĂ©curitĂ©, le talent et l’expertise de ses citoyens. Pour ceux d'entre-nous qui veulent que le Cameroun surmonte les crises sans basculer dans la violence, il est impĂ©ratif de mener des actions de plaidoyer en faveur d’un vĂ©ritable gouvernement de transition.
 Un tel gouvernement de transition devrait avoir un mandat de trois Ă  quatre ans. Il devrait ĂȘtre dirigĂ© par des technocrates expĂ©rimentĂ©s, reconnus pour leur probitĂ© morale et ayant des repĂšres vĂ©rifiables en matiĂšre de leadership. En outre, ce gouvernement ne devrait pas comporter des personnalitĂ©s issues des formations politiques. Sa mission premiĂšre serait de garantir la protection des libertĂ©s d'expression et de la presse. Sa responsabilitĂ© seconde serait l’instauration d’un systĂšme judiciaire indĂ©pendant. Dans ce contexte, les magistrats et les forces de l’ordre doivent veiller au strict respect des rĂšgles de droit car la loi s’impose Ă  tous et nul n’est au-dessus de celle-ci. Lors du processus d’adoption de la nouvelle Constitution, l’ordonnancement juridique actuel devrait rester en vigueur. En dĂ©finitive, la pĂ©riode de transition constitue le moment opportun de renforcement des liens de confiance entre les citoyens et les institutions nationales.
 L’on ne saurait organiser des Ă©lections sans avoir dĂ©battu et trouver un consensus au sujet de la question centrale de la « forme de l’Etat»,  une FĂ©dĂ©ration ou une ConfĂ©dĂ©ration. Une ConfĂ©rence Constitutionnelle regroupant les forces vives de la nation est le cadre par excellence pour de tels Ă©changes. En l’espĂšce, les dĂ©bats devraient mĂȘme s’étendre au-delĂ  d’un tel forum. IndĂ©pendamment de leurs origines - Anglophones, Francophones, Nord, Sud et Ouest -, les camerounais doivent communiquer, se parler et vivre ensemble. C'est la meilleure maniĂšre de bĂątir un pays unifiĂ©. Une vĂ©ritable plateforme de dialogue national peut contrecarrer les  vellĂ©itĂ©s d’auto-dĂ©termination de la majoritĂ© de camerounais anglophones, et ce en dĂ©pit de leur droit lĂ©gal en la matiĂšre.
 Le gouvernement de transition ne devrait pas ĂȘtre dirigĂ© par le PrĂ©sident de la RĂ©publique actuel. Il a apportĂ© une contribution notable au cours de ses 55 ans de haute administration publique, plus particuliĂšrement en tant que Chef de l’Etat. Personne n'est plus important que l'avenir du Cameroun et des 25 millions de ses citoyens. En outre, le PrĂ©sident Paul Biya devrait bĂ©nĂ©ficier d’une immunitĂ© afin d’ĂȘtre Ă  l’abri de toute poursuite judiciaire. A l’instar du PrĂ©sident Jerry J. Rawlings du Ghana, il doit rĂ©sider en toute quiĂ©tude et mener paisiblement ses activitĂ©s sur le territoire national. De mĂȘme, la transition devrait ĂȘtre dirigĂ©e par des civils et non par des militaires. Ses dirigeants auront besoin d’au moins trois ans pour mettre en place des institutions adĂ©quates.
 Un tel gouvernement subira des pressions de tous ordres du fait de la non-appartenance de son dirigeant aux partis politiques. Les ministres du gouvernement de transition ne devraient pas ĂȘtre autorisĂ©s Ă  faire partie du premier gouvernement de la DeuxiĂšme RĂ©publique. Bien entendu, aucun membre de ladite instance transitoire ne pourrait se prĂ©senter comme candidat Ă  la PrĂ©sidence de la RĂ©publique.

Le pouvoir actuel acceptera-t-il un gouvernement de transition ?
A l’évidence, le pouvoir actuel du Cameroun n'aurait d'autre alternative que d'accepter un gouvernement de transition. C'est la meilleure option. Le pays traverse une grave impasse politique. Des erreurs politiques, telle que la dĂ©cision de suspendre l'Internet dans les rĂ©gions anglophones, ont terni l’image du rĂ©gime. L’emprisonnement, par le gouvernement, des dirigeants jusque-lĂ  arrĂȘtĂ©s, est contre-productif et aggrave la situation.
Les anglophones revendiquent purement leur droit Ă  l’auto-dĂ©termination. En l’état actuel, l’absence d’une vĂ©ritable solution politique est dĂ©plorable. En dĂ©pit de la  rĂ©cente connexion Ă  Internet, les anglophones continueront des protestations en vue d’obtenir la libĂ©ration des dirigeants du Consortium qui ont Ă©tĂ© injustement arrĂȘtĂ©s. Ils pourront publier des vidĂ©os sur les atrocitĂ©s commises par les forces de sĂ©curitĂ© dans la RĂ©gion. La rĂ©duction des investissements Ă©trangers dans l’économie nationale et la baisse drastique des recettes publiques,  facteurs susceptibles de fragiliser le gouvernement, sont assez d’agrĂ©gats qui peuvent compromettre la stabilitĂ© macroĂ©conomique Ă  court terme. Nous avons relevĂ© que le gouvernement ne disposait pas de ressources financiĂšres nĂ©cessaires pour dĂ©sintĂ©resser les enseignants du sous-systĂšme francophone qui sont descendus dans la rue. Quoi qu'il en soit, les options ne lui sont pas favorables. Seule une solution politique peut sortir vĂ©ritablement le pays de l’abĂźme. Lorsque les populations dĂ©cident de descendre dans les rues pour manifester leurs frustrations, aucune loi antiterroriste, mĂȘme dans les RĂ©gions francophones, ne pourra les arrĂȘter. Il est donc de l’intĂ©rĂȘt du gouvernement de nĂ©gocier franchement pour une nouvelle rĂšglementation. Chaque Camerounais, en particulier les partis politiques, doit exiger cela.

Les EnchĂšres sont trop Ă©levĂ©es
La non-mise en Ɠuvre des idĂ©es sus Ă©voquĂ©es peut conduire Ă  un soulĂšvement populaire. Le peuple camerounais peut dĂ©verser ses frustrations Ă  travers un mouvement de masse sur la voie publique. Il est de notre devoir de tout mettre en Ɠuvre pour empĂȘcher un tel scĂ©nario. Pour ce faire, nous devons construire un systĂšme juste, transparent et digne de confiance. Comme le soulignait le Dr. Martin Luther King Jr, «les personnes opprimĂ©es ne peuvent pas rester opprimĂ©es Ă  jamais. Leurs cris de libertĂ© finiront par se manifester." Saisissons la prĂ©sente opportunitĂ© pour bĂątir un pays de libertĂ© pour tous les camerounais, un pays oĂč la libertĂ©, sous toutes ses formes,  va envahir les cƓurs et transformer les communautĂ©s en oasis d’espoir et de prospĂ©ritĂ©. Tel est notre dĂ©fi. Pouvons-nous le relever ?

***
Dr Denis Foretia est chirurgien et co-directeur de Denis & Lenora Foretia Foundation. Il est Ă©galement Chercheur et Analyste Principal auprĂšs du Nkafu Policy Institute.


Only a transitional government, without Biya, can save Cameroon.

By Denis A. Foretia, MD.MPH.MBA.,
My country, Cameroon, is in the process of committing suicide. Compare the country to a large truck racing down a highway-running on flat tires, the gas gauge a hairline away from Empty, with an engine about to seize.  The driver ignorant of the whys and wherefores of making the repairs.
The Anglophone crisis that has engulfed the country for the past six months, with no end in sight, has dealt the final blow to this truck. It has brought, front and center, fundamental and historical conflicts; it has accentuated the various malaises threatening to tear the country apart.
Long before the current Anglophone uprising, the country was already in severe decay. Cameroonians have no trust in President Paul Biya and his government. This lack of trust permeates all levels of the legal system, leaving ordinary citizens essentially hopeless. With no trust in the legal system, mob justice is now increasingly becoming the norm. The anger of Cameroonians is palpable in the political space. The ruling party has loaded the system to the point where nobody expects political changes to come through the ballot box. In fact, if Barack Obama were a presidential candidate against 84-year-old Paul Biya, he would lose spectacularly under the current rules. After all, this is a country where 18-year-olds can fight and die as soldiers but they must wait until they are 20 to vote.
The current crises are further exacerbated by an already dismal economic outlook. The price of oil and other commodities are not expected to rebound anytime soon.  The country cannot increase its foreign reserves through exports as its currency, the Franc CFA, is too strong and its monetary policy is practically dictated by the French government. The interruption of internet services in the Anglophone regions has ensured that foreign direct investments will decrease significantly as investment decisions are postponed or cancelled entirely given the increased political risk in the country. The country, to be clear, is in perpetual crisis.
Many countries that have found themselves in a similar situation have seen violent popular uprisings. Times like these require a great degree of selflessness. When things fall apart and the center can no longer hold power, we are all called upon to act in the best interest of the country. Only a transitional government can prevent a rebellion in the very near future, and lead to the creation of a genuine foundation for social cohesion.

What kind of transitional government?

The country faces a very stark choice: continue on the current path and implode or build a new, pluralistic and democratic Cameroon in which every Cameroonian will be safe, comfortable and valued. For those of us who want Cameroon to survive these crises without plunging into violence, we must strongly fight for a real transitional government.
Such a transitional government should have a mandate for three to four years and must be led by technocrats trusted for their leadership, strong moral compass and experience. It must not have any politicians. The first and most pressing objective must be to ensure freedom of speech and freedom of the press. The second priority must be to enforce an equitable justice system. No one should be above the law and the law must be fairly applied. Magistrates and the police must uphold the law stricto sensu, strictly speaking. While a new National Constitution must be deliberated, it would be extremely important to respect the current legal frameworks. The transitional period must be the time to build trust in the country’s institutions.
There can be no elections until the central question of “the type of government” has been properly debated and resolved. A federation or a confederation. This discussion must occur in a representative Constitutional Convention but it should not and cannot end there. Cameroonians must talk and listen to each other. Anglophones and Francophones. Those from the north, south, east or west. This is the only way to build a country of unity. A genuine national discussion may convince a majority of Anglophones not to pursue separation, despite their legal right to do so.  
This transitional government CANNOT and MUST NOT be led by the current President of the Republic. He has played his own role in his 55 years in senior civil service and through his presidency. No one individual is more important than the future of Cameroon and 25 million Cameroonians. At the same time, President Biya must be granted immunity from any kind of prosecution or legal action. He must be allowed to live freely in the country, like President JJ Rawlings of Ghana. Additionally, the transition CANNOT be led by the military. It must be civilian in nature. It must not be hurried. A minimum of three years will be required to put the proper institutions in place.
Such a government will remain under intense public and political pressure because the transitional president will not be from any of the main political parties. Ministers of the transitional government should also not be allowed to join the first government of the Second Republic. Obviously, no one in transitional government can be allowed to become a presidential candidate.

Will the current government accept a transitional government?
The reality is that the current Cameroon government would have no choice but to accept a transitional government. It is their best option. The country is at a total political impasse. Political miscalculations, especially the decision to cut the internet in the Anglophone regions, has plunged the regime further down the drain. It can choose to convict the arrested leaders but that would only accelerate their downfall and put the country at a tipping point.  Anglophones are increasingly calling for outright separation. Without a genuine political solution, the situation will only worsen. Despite the recent reconnection of the internet, Anglophones will continue their protest for the release of the leaders of the Consortium who were unjustly arrested. They would be able to publish videos of atrocities committed by security forces in the region. Foreign investments in the country will further decrease, public revenue will drop drastically and there will not be enough resources to meet short-term liabilities which will hasten the downfall of the government. We see that the government does not have the resources to pay teachers in the francophone sub-system who were recently protesting. Either way the options are not good for the government. Only a genuine political solution can take us out of this mess.
When people decide to take to the streets to vent their frustrations, even in the French-speaking regions, no anti-terrorism law will be able to stop them. It is therefore in the best interest of this government to negotiate frankly for a new dispensation. Every Cameroonian, especially political parties, must demand this.

The Stakes are Too High
If we do not consider and implement the above, the Cameroonian people may be forced to take their frustrations to the streets in a violent popular uprising. We must do everything to prevent this response. We must build a system that is trustworthy, fair and approachable.
As Dr. Martin Luther King Jr eloquently said “oppressed people cannot remain oppressed forever. The yearning for freedom eventually manifests itself.” Let us use this opportunity to build a country where freedom, in all its forms, will fill every Cameroonian heart and transform communities into oases of hope and prosperity. This is our challenge. Can we deliver?

***
Dr. Denis Foretia is a surgeon and the Co-Chair of the Denis & Lenora Foretia Foundation. He is also a Senior Fellow at the Nkafu Policy Institute
Par Denis Foretia, MD.MPH.MBA | Cameroon-info.net

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