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LE CAMEROUN SUR LA DEPENDANCE. LA DEPENDANCE FINANCIERE. LA DEPENDANCE ECONOMIQUE. LA DEPENDANCE TECHNOLOGIQUE. LA DEPENDANCE MONETAIRE PAR Dieudonné ESSOMBA

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SUR LA DEPENDANCE
La dépendance de nos pays a des aspects multiformes, dont la faible visibilité peut entraîner la
focalisation sur des aspects périphériques, voire sur des simples épiphénomènes, inspirant des solutions mal éclairées qui peuvent aggraver le problème au lieu de l’améliorer.
Il en est ainsi du problème du CFA et de ce que cette monnaie incarne dans l’esprit de quelques-uns : le symbole de dépendance.
Il faut le dire d’emblée, le CFA n’est qu’un aspect, d’ailleurs très mineur, de notre dépendance qui a 4 aspects : financière, économique, technologique et monétaire.
1. LA DEPENDANCE FINANCIERE, qui se traduit par l’hégémonie des capitaux étrangers dans tous les secteurs névralgiques. Au Cameroun par exemple, les étrangers contrôlent 56% du secteur productif, car c’est eux qui contrôlent les agroindustries (SOSUCAM, HEVECAM, SOCAPALM), l’industrie (Brasseries), le transport (Chemin de fer, transport maritime), les télécommunications (MTN, Orange, NEXTEL), les travaux publics (RAZEL, Arabs Contractors, les Chinois), l’électricité (ENEO), l’eau (CDE), les Hôtels (HILTON, Mont-Febe), etc.
Notons, en rappel, que l’Etat contrôlent environ 31%, localisés dans des secteurs peu rentables, et le privé national, environ 14% seulement pour de petites activités de bout de filière (petit commerce, artisanat, petite agriculture, etc.)
Cela peut vous paraître étrange, mais sachez qu’un seul Boeing achète tous les taxis du Cameroun et, une seule centrale achète tous les auberges du Cameroun que les nationaux affublent pompeusement du nom d’hôtel.
Or, cette dépendance financière reste valable partout, que le pays dispose d’une monnaie ou non.
2. LA DEPENDANCE ECONOMIQUE, liée au fait que nos économies occupent les extrémités des filières de production, se limitant soit à l’origine des matières premières, soit à la commercialisation et la consommation. Elles ne participent pratiquement pas à la transformation qui régit le milieu des filières et qui génère la plus grande valeur ajoutée. Les biens que nous consommons viennent des matières premières que nous avons exportées et qui nous reviennent sous la forme d’une petite poignée de biens qui en sont issus.
Nous sommes de simples appendices des économies centrales qui les utilisent comme des variables d’ajustement.
Et cette dépendance économique reste valable, qu’on ait une monnaie souveraine ou non.
3. LA DEPENDANCE TECHNOLOGIQUE : même si nous avions une économie capable de traiter nos propres matières premières au profit de notre propre marché, cela ne nous sauverait pas pour autant de la dépendance, car nous serons toujours obligés de nous appuyer sur leurs équipements, même pour produire pour nous-mêmes. Prenons un pays comme le Nigeria qui a pratiquement 200 Millions d’habitants. C’est un marché conséquent qui peut d’ailleurs s’étendre avec les pays environnants à 300 Millions. Ce gigantesque marché est capable d’entretenir des activités industrielles de grande taille, mais pour les installer et les entretenir, on n’aura pas d’autre choix que d’acheter la technologie lourde.
4. LA DEPENDANCE MONETAIRE
Contrairement à ce qu’on croit, la dépendance monétaire n’est pas liée à notre utilisation de la monnaie étrangère, mais à la nature même de nos économies.
En effet, la monnaie a trois missions instrumentales qui lui imposent une très grande stabilité : la mission d’étalon de mesure (un étalon ne change pas du jour au lendemain), la mission d’échange (qui doit être fiable) et la mission d’épargne (on n’épargne plus si la valeur de l’épargne se dégrade à vue d’œil.
Les pays développés stabilisent leur monnaie par leur système qui produit l’essentiel des biens manufacturés qu’ils consomment et les matières premières qu’ils contrôlent à travers leurs multinationales, les rapports coloniaux qu’ils ont pu établir et leur statut de débouchés exclusifs.
C’est tout le contraire d’un pays technologiquement dépendant. Ses approvisionnements extérieurs l’obligent à stabiliser sa monnaie en l’alignant sur une monnaie étrangère, généralement celle de son partenaire privilégié. Et dans les faits, sa monnaie n’est qu’une variante locale de la monnaie internationale dont il reprendra généralement le nom en lui accolant sa propre nationalité : livre égyptienne, dollar zimbabwéen, peso cubain, franc congolais, etc. Un indice que la monnaie nationale n’est qu’un sous-multiple de la monnaie étrangère, et aussi un engagement à ne pas s’en décrocher.
Mais dans une Economie moderne et ouverte, la Monnaie dispose aussi d’un rôle stratégique qui autorise des politiques monétaires, en particulier dans son volet crédit et change extérieur. Ce rôle lui impose une autre exigence opposée à la stabilité : c’est sa flexibilité par rapport aux monnaies étrangères, c’est-à-dire, la possibilité de modifier son taux de change. Celle-ci s’imposera chaque fois que le pays accumule des déficits extérieurs, source d’un endettement extérieur cumulatif. D’où le recours à la dévaluation pour limiter la saigné.
Stabilité et Flexibilité apparaissent ainsi comme deux exigences impérieuses, mais antagoniques qui s’imposent à toute monnaie nationale, et cet antagonisme va soumettre la gouvernance à très rude épreuve. La contradiction se résout si une dévaluation de faible ampleur permet aux entreprises locales de rattraper leur déficit de compétitivité. Le pays peut alors gérer son développement à travers des opérations permanentes de dépréciation-appréciation qui stabilisent son équilibre extérieur en évitant d’importantes fluctuations des prix.
Mais il s’agit là d’une circonstance exceptionnelle qui ne concerne que les pays dont l’économie est déjà assez diversifiée pour réagir à de légers mouvements de change de la monnaie nationale. Les autres n’ont pas cette possibilité et connaîtront deux destins :
-soit, ils tentent désespérément de combattre les déficits courants à travers une spirale de dévaluations qui entraînent le délitement de la monnaie ;
-soit ils prennent acte de l’inanité des politiques monétaires et pratiquent l’austérité, ce qui est exactement la situation imposée par le CFA.
De cette situation découle le fait qu’un pays technologiquement dépendant ne peut avoir de monnaie souveraine, mais est obligé d’utiliser une monnaie étrangère suivant 3 modalités différentes :
1. L’ALIGNEMENT ou gestion de change fixe : c’est la forme la plus souple, et qui est adoptée par la majorité des monnaies dites souveraines dans les pays sous-développés (Naira, Cédi, etc.). Ici, le pays utilise une monnaie locale, mais s’arrange à ce que le taux de change soit fixe. Ce pivot (peg en anglais) ne signifie pas l’abandon de la souveraineté monétaire, mais y impose une limitation drastique pour des besoins de crédibilité de la monnaie pour les échanges internationaux.
2. l’ARRIMAGE où la monnaie nationale n’est qu’une version d’une devise extérieure. Dans ce cas, la Banque Centrale joue un simple rôle de Caisse d’émission (currency-board), transformant les devises en monnaie nationale. Cette formule fut adoptée par la France et l’Angleterre dans leurs colonies, mais après l’indépendance, seule la France l’a conservée en l’actualisant dans la Zone CFA.
Les autres pays qui fonctionnent avec le currency-bord sont :
Arrimage sur l’Euro : La Couronne d’Estonie (1992), Le lev de la Bulgarie (1998), Le Marka de Bosnie et Le Litas de Lituanie
Arrimage sur le Dollar : la Lituanie (1997), l’Argentine (1991), Hong Kong, les Bermudes, les Îles Caïmans, Djibouti, Le dollar des caraïbes de l'est (Antigua-et-Barbuda, Dominique, Grenade, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les Grenadines)
Arrimage sur la Livre Sterling : Îles Malouines (ou Iles Falkland), Île Sainte-Hélène, Gibraltar
Arrimage sur le dollar de Singapour : Dollar de Brunei
Arrimage sur le dollar de de Hong Kong : le Pataca de Macao,
3. L’IDENTITE : ici, le pays renonce purement et simplement à la circulation d'une monnaie nationale. Il n'y a plus d'émission. La seule monnaie qui circule est celle d'un pays étranger, en général celle du pays avec lequel les relations commerciales sont les plus intenses. On peut citer :
-le Monténégro après le remplacement de la monnaie locale par des pièces et billets en Deutsch Mark puis Euros ;
-L'Équateur qui utilise le dollar américain à la place de son ancienne monnaie, le Sucre.

Qu’arriverait-il donc si nous sortons du CFA ? Le mieux qu’on puisse avoir est l’arrimage, ce qui nous mettrait dans la position du Kenya, du Ghana, de Madagascar, du Zimbabwe, etc.
AUTREMENT DIT, nous ne sortons ni de la dépendance financière, ni de la dépendance économique, ni de la dépendance technologique, ni même de la dépendance monétaire, même si nous avons juste changé d’habit.
En définitive, autant la sortie du CFA que le fait d’y rester ne nous apporte absolument rien. C’est une fausse solution, attrayante par son caractère militant, mais qui n’a aucun fondement scientifique.
En réalité, la très grosse erreur de ceux qui nous demandent de rester dans le CFA, de ceux qui nous demandent d’en sortir, et de tous ceux qui nous parlent de compétitivité, d’investissement et de coopération, c’est de croire qu’on peut entrer par effraction dans le système dominant.
C’est impossible ! Nous ne nous en sortirons JAMAIS en voulant nous infiltrer dans ce système. La bonne solution et la seule solution est la mise en place d’un nouveau système productif qui fonctionne à côté du système actuel dominant. Il ne s’agit pas de se couper du reste du monde, mais d’ouvrir la porte à concurrence de la place que nous réserve le système dominant, puis de valoriser nos capacités surnuméraires dans une économie locale.
C’est exactement ce que réalise la monnaie binaire.
Dieudonné ESSOMBA
Président de l’Ecole Africaine de l’Economie Contemporaine
(Institut TCHUNDJANG PUEMI)

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